Er:YAG et effets photoacoustiques laser | 19 Le magazine 1 2016 La séance de maintenance comprend un nettoyage supra-gingival classique : détartrage, polissage, aéro- polissage et instrumentation à la curette convention- nelle. Cette première phase est suivie d’un nettoyage sous-gingival des zones à risque par irradiation laser Er:YAG. Nous recommandons deux passages de 20 à 30 secondes dans les poches. Un passage basse fré- quence (et haut niveau d’énergie), afin de générer une onde de choc forte pour décoller les matières orga- niques et déstabiliser les biofilms. Un passage haute fréquencequivaémulsionnerlesbiofilms,etavoirune action de rinçage de l’espace traité. Dans les péri-implantites L ‘approche thérapeutique ressemble à celle des parodontites car l’étiopathogénie des lésions péri- implantaires est similaire aux parodontites. Les im- plants de par leur forme et leur état de surface sont complexes à nettoyer avec une instrumentation conventionnelle, et sont souvent inaccessibles par des méthodes conventionnelles. Le laser Er:YAG est un outil propre et qui semble démontrer son effica- cité dans la décontamination des états de surfaces implantaires (Renvert 2008, 2011, Ishikawa 2009). Une irradiation directe ne montre pas d’altération de surface des implants et on observe in vitro une biocompatibilité des zones exposées (Park 2012, Matsuyama 2003, Galli 2011). L’indication des effets photoacoustiques se situe danslesprotocolesnon-chirurgicaux.C’est-à-diredans le traitement des mucosites, ou des péri-implantites débutantes. La prévention des péri-implantites étant encore le meilleur traitement aujourd’hui, nous re- commandons un nettoyage régulier laser assisté des zones péri-implantaires, comme dans les protocoles demaintenanceparodontale(Renvert2015).Lamain- tenance péri-implantaire est fondamentale pour la stabilité à long terme des reconstructions. Le laser Er:YAG est un outil simple et propre (ne laissant pas derésidudepoudre)quipermetderépondreaucahier des charges de celle-ci. La fréquence des visites sera adaptée au profil de chaque patient. En phase aiguë de mucosite ou en cas de péri-implantite, l’efficacité du laser Er:YAG sera basée sur la répétition des ap- plications. Nous recommandons dans ces cas une fréquence augmentée tous les 15–20 jours jusqu’à disparition des signes inflammatoires. Le laser Er:YAG, par ses effets photoacoustiques, contribue mécaniquement à rétablir l’homéostasie parodontale et péri-implantaire. Il n’a pas l’inconvé- nient des antibiotiques locaux qui montrent leurs limites et génèrent des phénomènes de résistance (Mombelli2001).Danslastratégiethérapeutiquenon- chirurgicale,nousindiquonsaupatientl’utilisationde phytothérapie à base d’huile essentielle de curcumin (Shusuke Izui 2016) et de tea tree (Soukoulis 2004) pour aider à réguler « à la maison » l’homéostasie paro- implantaire. Conclusions La littérature scientifique est en- corepauvreaujourd’huisurcesappli- cationsd’avant-garde.Lesprotocoles opératoires ne sont pas clairement définis et souvent mal adaptés au laser Er:YAG, donnant des résultats décevants dans les méta-analyses (Kotsakis 2104). Les études sont in- suffisantes et difficiles à comparer pour émettre des conclusions pro- bantes. Notre expérience clinique montre, en comparaison à l’instru- mentation conventionnelle, d’excel- lents résultats sur l’utilisation des effets photoacoustiques du laser Er:YAG, dans les traitements men- tionnés dans cette publication. Les études, majoritai- rement in vitro, publiées sur les propriétés du laser Er:YAG sont très encourageantes. Il faudrait mainte- nant, pour confirmer ces bonnes impressions, que des études multicentriques soient entreprises par des équipes universitaires, pour éviter les conflits d’intérêts. Le laser Er:YAG semble posséder tous les atouts pour permettre de réaliser des traitements mini-invasifs efficaces, qui s’inscrivent dans l’évolu- tion de la médecine en général depuis plus de 20 ans. Le laser Er:YAG est un outil microchirurgical d’avenir, mais déjà du présent en passe de devenir incontour- nable. Sa polyvalence devrait permettre à la chirurgie dentaire de franchir une étape de plus dans la voie de la philosophie des traitements mini-invasifs._ Note de la rédaction : une liste complète des références est disponibleauprèsdel'éditeur. Fig. 9 : Cicatrisation à une semaine postopératoire d’un traitement d’assainissement parodontal mini-invasif laser assisté. Fig. 10 : Presque 53 000 publications répertoriées en 2015 sur PubMed concernant le terme minimally invasive depuis 1992. Une croissance exponentielle de l’intérêt porté par ce sujet en médecine. La dentisterie n’échappe pas à ce mouvement : le laser Er:YAG lui permet de franchir une étape de plus dans cette voie. Fig. 10 Fig. 9 info Dr Fabrice Baudot Docteur en chirurgie dentaire, maîtrise de sciences biologiques et médicales, certificat d’études supérieures en parodontologie, diplôme universitaire de parodontologie et implantologie (Paris VII). Spécialisé en microchirurgie parodontale et implantologie. Dr Baudot et fondateur et administrateur de l’IMCP (Institut de microchirugie parodontale), un organisme de formation continue laser en parodontologie. Dr Baudot donne des conférences au niveau national et international. Le magazine 12016 Fig. 10 : Presque 53000