I roots _ réimplantation intentionnelle _Résumé La réimplantation intentionnelle est pratiquée depuis de nombreuses années pour traiter des dents dépulpées. Bien que le taux de réussite d’une réim- plantation intentionnelle soit nettement inférieur à celui d’un traitement endodontique classique ou chi- rurgical, cette technique devrait toujours être envisa- gée comme solution de remplacement d’une extrac- tiondentaire.Cetarticleprésenteuncasdetraitement d’unedeuxièmemolaireinférieure,parréimplantation intentionnelleetobturationàrétro.Aprèshuitans,les radiographies prises lors de la visite de contrôle n’ont indiquéaucunsignedemodificationspathologiques. _Introduction La réimplantation intentionnelle (RI) consiste à extraire une dent pour réaliser un traitement extra- buccalducanalradiculaire,etuncuretagesiunelésion apicale est présente, puis à réinsérer la dent dans son alvéole.1,2 En1982,Grossman3 adéfinicettetechnique commeétant«l’extractionintentionnelled’unedentet sa réinsertion dans l’alvéole, presque immédiatement après le scellement des foramens apicaux ». Toujours selon lui, c’est « l’acte qui consiste à extraire délibéré- ment une dent, et après examen, diagnostic, manipu- lationendodontiqueetrestauration,àréinsérerladent danssonalvéoleoriginale,afinderemédieràunéchec endodontiquecliniqueouradiographiqueapparent».4 S’il réussit, ce traitement en un temps permettra de conserverl’esthétiquedentairenaturelle.5 La méthode a été décrite pour la première fois il y a près de mille ans. Au onzième siècle après J.-C., Abulcasis a relaté une réimplantation et l’utilisation de ligatures, pour assurer la contention de la dent ré- implantée.6 D’autres comptes rendus ont suivis. Fau- chard en 1712,7 avec une RI réalisée 15 minutes après l’extraction, Berdmore en 1768 avec une RI de dents maturesetimmatures,8 Woofendaleen1783avecune RI de dents compromises.9 En 1778, Hunter pensait qu’un ébouillantage de la dent extraite avant la réim- plantation,pouvaitcontribueràéliminerlapathologie del’élément.10 En1890,Scheff11 s’estintéresséaurôleduligament alvéolo-dentaire (LAD) dans le pronostic d’une ré- implantation dentaire. En 1955, Hammer12 a décrit l’importance de laisser un LAD intact, sur des dents intentionnellementréimplantées.Ilpensaitqu’unLAD sain est indispensable pour le réattachement et la rétention des dents réimplantées. Selon ses déclara- tions « on pouvait s’attendre à une durée de rétention moyenne de 10 ans, lorsque la réimplantation était réalisée dans des conditions techniquement irrépro- chables ». En 1961, Loe et Waerhaug13 ont tenté une réimplantation immédiate des dents, pour maintenir la vitalité du LAD. Une ankylose a ainsi été évitée ; par contre, toutes les dents ont présenté une résorption réparéeparducément.Cesrésultatsontétéconfirmés par Deeb en 196514 et Edwards en 1966.15 En 1968, Sherman16 a démontré que la vitalité du LAD normal pouvaitêtrepréservée. Une réimplantation intentionnelle est spécifique- mentindiquée: Fig. 1_Diagnostic de l’état pulpaire : nécrose, poche parodontale étroite d’une profondeur de 10 mm, mobilité de degré 1+. 06 I Le magazine 3_2014 Un suivi de huit ans d’une réimplantation intentionnelle parfaitement réussie Auteurs_ Dr Muhamad Abu-Hussein, Dr Sarafianou Aspasia, Grèce ; Pr Watted Nezar & Dr Abdulgani Azzaldeen, Israël Fig. 1