Le magazine 3_2014 I 03 éditorial _ DTSC Le magazine I _En odontologie, comme pour toute profession médicale, tous nos actes devraient être réalisés en accord avec une preuve et une évidence scientifique. Néanmoins, quelle spécialité odontologique peut se vanter de ne reposer que sur de l’Evidence Based Dentistry ? en tout cas, pas l’endodontie que je connais bien. Cela veut-il dire que nous faisons au quotidien des actes qui ne sont pasvalidesetquinereposentsuraucunepreuvescientifique?cecin’estpaspensableetnotreconscienceprofessionnelle nous empêcherait de prodiguer des traitements qui nous pourrions estimer dangereux. Alors pourquoi l’odontologie ne peut reposer uniquement sur l’EBD ? Une des explications est qu’il existe très peu d’études avec « des preuves de haut niveau » ; et ceci pour des raisons très pratiques. Quiconque a participé à un projet de recherche clinique est conscient de la difficulté à évaluer nos traitements ; multiplicités des facteurs investigués, rappelsdespatientsà12ou24mois,lourdeursadministratives,difficultésdeplusenplusinquiétantespourobtenirdes financements, absence de relativité dans la rédaction des protocoles entre une étude sur un ciment canalaire et un médicamentanticancéreux,etc.Cesfacteurs,entreautres,rendentquasimentimpossiblelarecherchecliniquetelleque nousaimerionslafaire,notammentavecdescohortesdegrandeenvergureetsurlelongterme.Laparodontologieyparvient cependant, probablement parce que finalement l’acte technique est moins prépondérant dans les facteurs investigués. Pourautant,doit-onrejetertouttraitementquin’estpas«EvidenceBased».Certainementpas.Ilyaquelquesannées, le concept de « Practive Based Dentistry » a été proposé, justement pour pallier les manques de preuves scientifiques. Ilyapeudejournauxquipublientdes«casereports»enlanguefrançaise. Le magazine enfait partie.Lesarticlespubliésdanscenouveaunuméroillustrentparfaitementuneautrefacettedel’odontologie,cellequi si développe à partir des connaissances glanées dans les congrès et mises en application sur des patients avec un suivi intéressant. Notre profession doit cependant s’auto réguler pour éviter de tomber dans l’excès de zèle ou de confiance, ettrouverunelimiteentre«innovationconstructive»et«expérimentationnoncontrôlée».Eneffet,notredéontologie et notre conscience professionnelle nous obligent à un devoir de réserve, et doivent nous empêcher de nous hâter sur de nouvelles techniques non validées scientifiquement et qui pourraient donner de faux espoirs aux patients traités. Nous voyons donc qu’il est difficile de localiser la frontière ; les articles publiés dans ce numéro sont très encourageants pour nos patients, et nous ouvrent de très beaux horizons professionnels. À nous de savoir les utiliser à bon escient. Enfin, l’article des Drs Harichane, Le Khac et Ghighi nous démontre parfaitement que l’excellence ne reste pas enfermée dans les beaux quartiers parisiens, mais qu’elle s’ouvre aussi à l’humanitaire. Et ça, nous pouvons en être très fiers. Merci à eux. Bonne lecture. Dr Stéphane Simon MCU PH en sciences biologiques et endodontie (Université Paris Diderot, Paris 7) Responsable du Diplôme Universitaire Européen d’Endodontologie (Université Paris Diderot, Paris 7) Laboratoire INSERM UMR 872, Equipe 5 stephane.simon@univ-paris-diderot.fr, www.due-garanciere.fr Evidence Based Dentistry ... Dr Stéphane Simon