spécial _ projet humanitaire au Pérou I semblent surgi de nulle part. Il est difficile de concevoir qu’il y a 600 ans il était possible de faire gravir des pentes vertigineuses à des blocs de plusieurs tonnes, là où les touristes halètent en faisantlemoindrepas.Denosjours,lesingénieurs et les archéologues tentent encore de com- prendre comment cette civilisation a pu faire du granit une pierre précieuse, non pas d’un point de vue financier mais d’un point de vue archi- tectural. En effet, les Incas ont pu construire des chemins, des ponts, des temples, des maisons, des aqueducs, des villes entières comme Cusco. LesconstructionsIncassymbolisaientlagrandeur et la magnificence de leur empire avec un souci de bâtir pour l’éternité. Ni la furie destructrice des conquistadors, ni les tremblements de terre qui ont secoué la région n’ont eu raison de leurs ouvrages qu’ils nous ont légués. Plus petit que les blocs de granit et plus pré- cieux, surtout en ces temps de crise actuelle, l’or a provoqué une véritable fièvre aux étrangers qui ont découvert le territoire Inca. Les Espagnols menés par Francisco Pizzaro ont entrepris de dominer l’Amérique du sud sous leur bannière idéologique. Cousin de Hernan Cortes, Pizzaro entreprend plusieurs expéditions qui le mèneront en 1523 aux portes de Cusco, la cité d’or. Un or omniprésent, de la statuette aux pendentifs en passant par les litières royales et les couteaux sa- crificiels. Les Incas ont travaillé ce matériau avec raffinement,ilsétaientmaîtresenorfèvreriemais aussi en métallurige avec la réalisation d’alliage précieux. Considéré comme la « sueur » du soleil, l’or était étroitement associé au rituel religieux. Les murs des temples étaient donc recouverts de planches d’or, des trousseaux funéraires d’or ac- compagnaient les momies pour permettre l’élé- vation divine du souverain défunt, un disque en or massif représentait l’ancêtre des Incas. Il n’est pasétonnantquelesconquistadorsespagnols,en arrivant dans « l’Eldorado », aient succombé à la soifdel’or.L’orsacrédevintl’ormauditquiacausé la fin de l’empire Inca. Les conquistadors mettent à sac la ville, détruisent le temple du soleil, pro- fanent les tombeaux des souverains Incas, pour repartir avec des tonnes de lingots vers l’Espagne. Bien plus que ces sites archéologiques et ces pierres précieuses, les Incas cachaient un trésor inestimable passé quasiment inaperçu aux yeux des conquistadors : leur savoir odontologique. À l’instar des autres civilisations précolombiennes, lamédecineIncareposaitsurdesbasesreligieuses, et la magie était intimement mêlée à la rationalité thérapeutique. Le traitement de la maladie passait alorspardesincantationsetdestraitementsàbase de plantes médicinales comme le coca. En effet, la mastication des feuilles de coca permettait un soulagementdesdouleursdentairesetservaitéga- lement d’anesthésiant avant l’acte thérapeutique. Cependant le coca avait une signification sacrée et de ce fait était réservé à l’élite de la société Inca. La carie dentaire était soignée par obturation de la dent avec de la poudre d’écorce de quinquina Le magazine 3_2014 I 23 Fig. 5Fig. 4 Fig. 6