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Dental Tribune Édition Française No.11, 2017

14 14 TALENTS TALENTS Dental Tribune Édition Française | Octobre 2017 14 TALENTS Passion de dents, passion dehors Ce confrère ne nous joue pas du pipeau ! Par le Dr Marc Revise Pierre Dana est surnommé le « luthier des instrumentistes » ! Pourquoi ? C’est ce que nous allons découvrir ou comment un chirurgien dentiste est devenu LA référence chez trois mille musiciens devenus ses patients … Marc Revise : Ma toute première question n’a rien d’original, mais dis-nous où tout a com- mencé ; es-tu toi-même musicien ? Pierre Dana : Plutôt mélomane ! Pour ma thèse de 3ème cycle (et onze années de re- cherches) je me suis arrêté sur une profes- sion qui utilise sa bouche pour travailler. Pas uniquement parler ou sourire, mais utiliser physiquement la cavité buccale pour produire une action, un travail. Il s’agissait des joueurs d’instruments à vent. Je me suis impliqué dans la compréhen- sion et l’analyse des rapports entre la cavité buccale et les instruments à vent. Je veux rendre hommage au professeur Albert Jeanmonod et au professeur Françoise Dar- mon qui ont accepté le sujet et m’ont sou- tenu, sans oublier le Dr Arcier de Médecine des Arts. Et tu as étudié l’embouchure, réalisé des mo- dèles, des moulages, apporté des corrections pour une meilleure adaptation à la morpho- logie du musicien... Oui, j’ai découvert que le monde musical est peuplé de personnes merveilleuses. Toutes les personnes contactées pour cette thèse, musiciens, luthiers, réparateurs d’ins- truments, conservateurs de musée, or- chestres, rabbins, professeurs de musique m’ont apporté leurs concours avec beau- coup de gentillesse et de patience. Pour en revenir à la question, il a fallu défricher un nouveau terrain et inventer des outils qui permettraient de le faire. Nous savons tous que la cavité buccale est un enjeu important pour parler, rire, sourire, em- brasser, elle joue un rôle important dans la sé- duction, la sexualité, l’alimentation, mais en quoi est-ce si différent pour le musicien ? Pour le musicien, c’est aussi un outil de travail, un élément qui lui assure sa subsis- tance (musicien professionnel). De même que le peintre capte la lumière pour en faire une œuvre d’art, le musicien modèle l’air. Au fi l du temps se créent des relations in- times entre l’embouchure instrumentale et la cavité buccale. Si un élément est altéré, il faut faire appel au luthier pour l’embou- chure ; si c’est un organe de la bouche, c’est le dentiste qui doit analyser la pathologie (souvent, il s’agit des dents). La diffi culté ré- side dans le fait qu’il faut reproduire à l’identique les éléments défectueux, car la moindre différence peut avoir une inci- dence catastrophique sur le jeu instrumen- tal ! Le musicien veut et doit absolument re- trouver l’état dans lequel il se trouvait avant la dégradation, et toute la diffi culté réside dans le fait que cet état, sauf cas particulier, nous autres thérapeutes ne le connaissons pas. Parce que les instrumentistes sont des ar- tistes, ils doivent avoir une sensibilité exacer- bée, comment cela infl uence-t-il ta communi- cation avec eux ? Le musicien est avant tout un interprète, il doit passer le plus fi dèlement possible les émotions du compositeur sur une partition, à travers ses propres émotions pour les faire ressentir à l’auditeur qui possède ses propres fi ltres émotionnels. Singulière et diffi cile alchimie, mais une fois que l’on a compris cela, le contact est établi et tout de- vient simple. Dans la pratique, ces patients ne signalent ni une douleur ni une cavité mais ils indiquent une diffi culté dans cer- tains registres de jeu. Il m’a donc fallu ap- prendre leur langage et les caractéristiques des instruments. Tes patients musiciens sont-ils exclusivement des joueurs d’instruments à vent, ou inter- viens-tu également chez des violonistes par exemple ? Avec le temps, j’ai élargi mon champ d’ac- tion et je me suis rendu compte que les pro- blèmes d’occlusion intervenaient sur le jeu instrumental de tous les instruments... Tu t’impliques dans de nombreuses associa- tions en rapport avec la musique, et participe à des recherches et travaux, à des sympo- siums et congrès pour maintenir ce pont entre dentisterie et musique, entre les den- tistes et les musiciens, deux mondes qui pourraient paraître éloignés … comment ré- sumer ton engagement, ta passion et que transmettre à tes confrères ? Nous pouvons aider les musiciens à jouer une musique plus physiologique par une action curative lorsque cela s’avère néces- saire, mais surtout par une action préven- tive : modèles de référence, panoramique. Le respect de l’instrument est grand chez le musicien et il ne viendrait à personne l’idée d’utiliser un saxophone comme un pied-de- biche (dont il a un peu la forme), alors, pour- quoi utiliser la bouche comme un casse-noi- sette (superbe opéra par ailleurs) ? En jetant des ponts entre nos deux mondes, nous éta- blissons des relations de confi ance avec des patients particuliers qui ont très peur des interventions au niveau de la cavité buccale tant ils en connaissent les risques pour leur profession. Empreinte des lèvres. | Coulée en plâtre. | Embouchure physiologique ou Physiambou. © marcrevise2017 14 TALENTS Dental Tribune Édition Française | Mai 2015 10 TALENTS Dental Tribune Édition Française | Janvier 2015 Passion de dents, passion dehors Passion de dents, passion dehors La trompette, premier instrument de ta ré- fl exion, est également un instrument pri- mordial et symbolique dans les Écritures saintes. Est-ce une coïncidence, ou y au- rait-il une transcendance, imperceptible in- fl uence venue de notre culture, sans pour autant qu’elle soit empreinte de mysti- cisme ? Je répondrai à la question par : « qui sait ? » La trompette est effectivement dé- crite dans la Bible (Les Nombres, chapitre 10, versets 1 à 10). C’est un instrument sacerdo- tal qui utilise le souffl e, donc l’élément de vie à travers lequel est possible un dialogue. On les retrouve dans l’Apocalypse selon Saint Jean, avec les fameuses sept trom- pettes qui résonneront au Jugement der- nier. C’est un excellent outil de communica- tion, quelle que soit la direction vers la- quelle la demande est formulée. Je te laisse la conclusion, Pierre … Et, si à la suite de cet article, retentissent les Trompettes de la Renommée, nul doute qu’elles ne sonnent comme celles de l’Opé- ra de Verdi, Aïda... Pierre : drpierdan@gmail.com m o c . k c o t s r e t t u h S / t i r k a n n o N © Son cabinet est une ruche de 250 m² sur deux niveaux où les abeilles s’appellent assistantes, secrétaires, consœurs, collaboratrices… Les alvéoles formées de cubes sont autant de salles d’interventions, blocs opératoires, salles de repos… La reine Kloo y dispense aussi un enseignement avec retransmission vidéo en direct depuis ses blocs à pression positive. Mais à cette heure avancée du soir, coincé entre les Grands-Boulevards, la Bourse et Montorgueil, le triangle dort et le cabinet du Dr Carole Leconte ferme ses portes ! Si Carole ne manque pas d’air, il s’agit bien d’autre chose que celui qui filtre des blocs de chi- rurgie. Originaire de Saint-Gaudens, non loin de Toulouse où elle a fréquenté la Faculté de chirurgie dentaire, Carole a flirté avec les pentes enneigées des Pyrénées dès l’âge de 3 ans. Est-ce de cet air-là que lui vient le goût du risque ? Depuis toujours, deux passions l’animent : le dessin et la musique. Lors de notre rencontre, elle enchaîne la description des activités qui la font vibrer hors de son cabinet. Info- graphiste quand c’est utile, mais aussi peintre et sculpteur — l’attirance pour des sensations fortes avec l’enduro, la plongée sous-marine et le parapente — poursuivant la visite, j’aperçois derrière un bureau un drôle d’instrument : un violoncelle électrique — là où je m’attendais à ne voir que laser, microscope et cone-beam, je découvre ses peintures, une sculpture, des dessins, un saxophone, une flûte... En effet, Carole est au Top, sur une scène de congrès dentaire comme sur une scène de concert... avec DelMaR. Une dentiste qui ne manque pas d’airs… C’est dans le cadre d’une interview que j’ai re- contré Marc. Curieux de tout, intéressé par l’exercice que j’avais développé auprès des mu- siciens, tout de suite, il a su installer un climat de confi ance propre à susciter les confi dences. Par l’attitude autant que par les paroles. C’est plus dans l’échange qu’il concevait les articles qu’il était amené à écrire, ce qui les ren- dait d’autant plus vivants. Notre entretien ne s’est pas résumé à un simple passage d’informations profession- nelles. Un rédacteur, c’est un peu un chef d’or- chestre ; Il doit arriver à faire de différentes in- dividualités un groupe de telle sorte que le ré- sultat fi nal soit cohérent et harmonieux. Evoquer Marc, c’est avant tout évoquer un sourire, non un sourire du bout des lèvres, poli, convenu mais un vrai sourire, accueillant, com- plice auquel participaient autant les yeux que les lèvres. Et l’interview devenait une réunion amicale au cours de laquelle étaient exposés les différents aspects du sujet que nous étions appelés à aborder. Il était intarissable sur le journalisme, sur l’hypnose, sur la cuisine qu’il appréciait et s’im- pliquait beaucoup dans la défense de la profes- sion. Dans un autre temps, il aurait été un jongleur, non pas celui qui envoie et rattrape divers ob- jets en l’air de manière habile, mais celui qui sait conter, accompagner dans son propos son interlocuteur. Car les mots étaient son do- maine, il les chérissait, les polissait et savait les apprivoiser. Il pouvait relancer le dialogue ou au contraire le recadrer quand au cours de la conversation, il sentait qu’une hésitation se manifestait ou qu’une explication trop longue allait nuire au sujet. A sa famille, à son épouse, à ses enfants, je veux redire toute mon amitié. Par le Dr Marc Revise Let’s Rock’n K Roll… Margot chante et joue de la batterie, Delphine joue de plusieurs guita- res. Elles composent et invitent un jour Carole à jouer du saxo sur leur album. C’est à ce moment que Carole trouve sa place dans le groupe et ré- alise le premier clip des DelMaR. Trio éner- gique, avec un minimum d’instruments, il nous livre des chansons rock qui ont de la soul et du fun. Lundi 16 février 2015, Carole reçoit Dental Tribune à son cabinet : Marc Revise : Le 20 novembre 2014, vous faites la première partie de Marianne FAITHFULL à l’O- lympia. Comment peut-on décrire votre mu- sique ? Carole Leconte : Notre style musical (rire) ? Entre Morphine, Polly Jean Harvey, et Nick Cave... Bon, plus simplement du rock alternatif ? De la soul, du rock… en réalité, impossible de la qualifier, notre musique, on la crée sans limi- tes, fruit de notre inspiration réciproque, entre le travail, et l’improvisation. Question piège maintenant, pour tester ta spon- tanéité. Cite-moi rapidement ton Top 5 ! David Bowie, Pixies, Amos Lee, Efterklang, Miles Davis, John Coltrane, Kenny Garrett, Jean- Louis Murat, John Lennon, Jeff Buckley, Bach, Chopin… J’avais dit 5 ! J’ai compris, plutôt du rock indépen- dant, du jazz et des classiques, un éclectisme évi- dent, ma question n’était peut-être pas perti- nente (rire). Difficile de me limiter... (sourire). J’ai l’impression à t’entendre que tu es un peu ico- noclaste, refusant les dogmes et les tabous, t’af- franchissant sans complexe du regard des aut- res. Tu as cette fureur de vivre qui ne lâche rien et tu donnes tout pour aller au bout de tes désirs. Comme ta musique, tu sembles inclassable. Tu es si jeune et pourtant tu as déjà un parcours in- croyable, que cherches-tu ? J’assume être allée d’un bonheur que je ne comprenais pas, inné, vers des plaisirs forts et intenses, en m’éloignant de l’essentiel que j’ai la chance immense d’avoir retrouvé et de parta- ger. Tout est au vert aujourd’hui, sans complexe ni suffisance, juste dans le partage, le don, les ri- res et le travail… Merci, Carole, pour ce partage... justement ! Le 12 février au Studio Campus – Paris, un mini concert est donné à l’occasion de la sortie de leur premier album avec une séance de dédi- caces. Je n’oublie ni Delphine, ni Margot, mais comme j’étais là spécialement pour Carole et pour Dental Tribune, je peux dire qu’elle m’a « enchanté » — enchanté : chanson et musique, certes, mais son charme aussi a opéré. L’am- biance, intime et amicale, dans ce petit studio ajoutait au plaisir du rendez-vous. La soirée s’est prolongée en rentrant, après avoir inséré le CD dans le lecteur de la voiture. Peu de temps après le concert, Carole volait déjà vers de nou- velles aventures où l’air et le vent ne côtoient plus un Saxo trop lourd pour l’occasion, mais un parapente. Omnipraticienne par passion, désireuse de partager avec ses confrères elle se spécialise pour aller plus loin dans le domaine de la chirurgie. À 40 ans, il lui reste encore beau- coup de domaines de passions à découvrir et de plaisirs à offrir. Alors, quand des jeunes, voire des moins jeunes s’exclament : « elle est trop ! » ou « too much ! », je réponds : « it is not too much… continue »… Le docteur Carole Leconte a créé une association d’amis et de correspondants, LETIA pour L’Exigence en Traitement Implantaire Avancé. Contact : drleconte@me.com · www.drleconte.fr Studio-campus 12/02/2015. Album : IsItTooMuch ? Margot Cassila : drums+vocals, Delphine Ciampi : guitar+bass, Carole Leconte : baryton sax. delmar-the-band.com delmarparis@gmail.com Carole & Boudin 16/02/2015 Peinture Carole Leconte · Sculpture Carole Leconte Olympia 20/11/2014 Olympia 2014 Studio-campus Paris 2015 Crédits photographies : Trio DelMar devant l’Olympia : Fabienne Bardeau · Le trio sur la scène de l’Olympia : Jules Thenier et Charles Nesa · Les autres : @marcrevise « Il est des rencontres, des instants, des regards que l’on n’oublie pas. Marc, tu as été une sacrée rencontre. Je me souviens comme si c’était hier nos premiers emails, appels, rendez vous puis concerts! je me souviens vraiment de tout. Tu avais le don de capter les moments. Toi, si passionné, humain, sincère, touchant, … tu m’as fait l’honneur de ton temps et de tes conseils à plusieurs reprises. Merci tellement pour le sens et les mots que tu as su mettre. Dans la trace de ton passage dans ma vie, tu m’as marquée comme tu as laissé ton em- preinte chez tous ceux qui t’ont connu». Partager aujoud’hui l’echo de ton énergie, me replonge dans la violence du choc et la nos- talgie de ton départ sans adieux. Merci d’avoir marqué dans nos coeurs tes notes de valeurs pour nourrir le plus beau que nous avons en chacun de nous…. Tu pars comme une étoile fi lante, qui brillera pour nous. Continue à veiller sur nous et à nous réchauffer de ton sourire. Pour toi, vole libre et heureux, pour nous, vivons intensément et dans l’amour. 6 TALENTS Dental Tribune Édition Française | Janvier 2016 . m o c k c o t s r e t t u h S / a r e m a c y s a e © Le mardi 23 septembre dernier, l’équipe rédactionnelle de Dental Tribune s’est rendue au théâtre Les feux de la rampe pour assister au spectacle de notre confrère Olivier Guedj : J’ai 2 fois vingt ans. Assis sur le fauteuil, pas celui d’un cabinet dentaire, mais celui de la Grande Salle du théâtre, nous savons qu’Olivier est dentiste, mais nous ne savons pas s’il en fera mention… Eh bien, si ! Dès qu’il apparaît sur les planches, il prévient : « je suis dentiste ». Le ton est donné. Plusieurs fois, il nous le rappelle pour nous rapporter une histoire vécue dans son cabinet : « véridique » ! Tout y passe ; les rap- ports avec les patients, mais aussi la famille, les enfants, le couple, la place Vendôme, et les crèmes, celles de jour, celles de nuit, jusqu’au dessert !… Que l’on soit dentiste ou non, chacun en prend pour son grade, c’est un festival de rires. Olivier Guedj sait produire une complicité avec la salle en échangeant avec le public. Il offre même une consultation gratuite à tous les spectateurs. Véridique ! A la fin de la représentation, une réelle intimité s’est créée. Humour et tendresse... Un seul regret : il doit passer encore trop de temps dans son cabinet puisqu’il ne se produit qu’un seul soir par semaine ! Véridique ! m.revise@dental-tribune.com m o c . k c o t s r e t t u h S / t i r k a n n o N © Le dentiste des dents ! Marc Revise : Tout d’abord merci Olivier, de me recevoir dans ta loge après la représentation. Tu sembles un peu fatigué. N’est-ce pas éprou- vant de monter sur scène pour une perfor- mance de plus d’une heure et quart après une journée de cabinet ? Olivier Guedj : Je suis « vidé » (rires). Même si je m’épargne au max le mardi au cabinet en reportant les chirurgies lourdes et les actes trop contraignants, ma fatigue est déjà palpa- ble à mon arrivée au théâtre. Ensuite la dé- bauche d’énergie sur scène est telle que j’a- voue, tu me  « cueilles » à cet instant pas au mieux de ma forme physiquement (rires) mais au top mentalement. Difficile de classer ton humour. Tu joues sur les rapports patients – praticiens avec une bonne dose d’ironie, tu manies très bien aussi l’auto- dérision, et tu interpelles les spectateurs. Fais- tu référence à ta vie ; ton Stand-Up puise-t-il son inspiration dans ton histoire personnelle où s’agit-il d’un assemblage de faits rapportés par tes confrères et plus généralement, d’ob- servations de tous les jours ? Ce spectacle est tout droit sorti de mon ima- gination ou du moins je veux dire, est large- ment inspiré de l’observation de ma vie (de mon métier, de ma vie perso) avec des aspects fictionnels qui autorisent les excès, les ironies, l’autodérision. Tous les sketchs font écho à des situations vécues mais pour que ce soit drôle j’insiste sur ces petits faits et gestes qui sem- blent anodins mais observés à la loupe en dis- ent beaucoup sur nos vies, nos obsessions et nous renvoient comme un miroir à nos aspects comiques. Je suis modestement cette « loupe » qui révèle grossièrement, nos petits travers, et moi le premier, je m’inclus dans ce spectacle avec cette autodérision qui permet le jeu avec le public qui devient témoin et ac- teur. J’ai assez d’expérience depuis 18 ans d’exercice de la dentisterie pour nourrir ce spectacle en anecdotes. Pour que ce soit co- mique, il faut que la situation que je relève (comme une femme qui a le réflexe de se re- coiffer en lui tendant un miroir pour qu’elle regarde ses dents) ait été observée et vécue par le plus grand nombre, qui s’identifiera. Parfois les faits rapportés par mes confrères sont trop personnels pour être transposables sur scène, mais d’autres fois de l’échange peut naître les futures vannes de mon spectacle, je leur en suis reconnaissant (rires). A propos d’observations, tu te moques en effet des femmes qui se recoiffent quand le dentiste leur tend un miroir pour admirer leur nouveau sourire ; mais t’a-t-on fait remarquer que tou- tes les deux minutes sur scène, tu te passes la main dans les cheveux ? Psychanalytiquement ça doit avoir une si- gnification qui m’échappe mais les cheveux longs ont ce tort d’avoir besoin d’être replacés convenablement sous peine de me rendre aveugle ! Ma coiffeuse reçoit ma visite toutes les 3 semaines pour éviter la coiffure à la Iggy pop ; donc tu vois je me soigne comme je peux (rires). (rires) Tu acceptes qu’on te charrie, preuve que tu es dans l’autodérision. J’ai également noté que tu demandes fréquemment la validation du public quand tu assènes une opinion, un ar- gument ; tires-tu cela d’une technique de com- munication utilisée au cabinet pour obtenir l’acceptation du plan de traitement ? Mes deux mondes se confondent ce ne se- rait pas surprenant que j’emprunte des tech- niques à l’un pour l’autre et inversement ! Mais pour être sérieux, sur scène on cherche l’adhésion du public, parfois on va le chercher et on l’emmène dans notre univers, l’enjeu est plus léger certes mais la démarche de conviction est la même. Tes mimiques sont incroyables, tu dois t’entraî- ner des heures devant le miroir ; as-tu pris des cours ou est-ce un don naturel ? Un soir, un spectateur m’a tenu les mêmes propos ! Je ne sais pas si je peux faire cette ré- vélation, mais elles sont tellement naturelles, surgissent avec une telle spontanéité que je ne dois pas faire deux fois la même d’une se- maine sur l’autre. C’est d’ailleurs peut être le seul don inné que j’ai, c’est faible, mais c’est mieux que rien (rires). Puisque j’ai la réponse à cette question, depuis quand amuses-tu la galerie ? En d’autres ter- mes, comment t’es-tu découvert ce don ? Est- ce vrai que tu as croisé Michel Boujenah dans ta jeunesse ? Depuis ma plus tendre enfance faire le spectacle me poursuit ! A croire mes proches aux réunions de famille, j’occupais déjà le centre des attentions. Ensuite à l’âge de 13 ans j’ai été repéré par Boujenah qui m’avait fait une proposition, restée sans lendemain pour des raisons personnelles. Ensuite, cette envie de faire rire, de faire de la scène est restée en sommeil jusqu’à mes 40 ans où j’ai senti que j’étais enfin prêt pour me réaliser, monter sur scène et gagner un public par le rire ! As-tu joué sur d’autres scènes, et en particulier pour la profession ? J’ai joué pour de nombreuses sociétés den- taires et associations comme Alpha-Oméga, Dentsply, Nobel Biocare, Euroteknika, et GACD qui m’ont conduit à jouer sur des scè- nes de beaux théâtres à Strasbourg, Lyon ou des endroits plus insolites, à Morzine, Avo- riaz, Chamonix et l’ile Maurice...< Marc manquera car il était de ces personnes qui illuminait la vie de ces contemporains. Notre première rencontre fût provoqué par lui. Il voulait donner dans son journal une place à l’humain pas seulement à la technique et sa rubrique consacrée à ses confrères dentiste ar- tiste offrait une occasion d’illustrer une de ses qualités majeure ,mettre en valeur les autres . Il était heureux de participer à la diffusion des réalisations artistiques de ses confrères . Car il avait une conscience aigue que l’art donne à l’être la liberté de penser,de s’élever,un échappatoire aux vicissitudes quotidiennes . Il devenait rapidement un confi dent,une personne auprès de laquelle le doute était chassé par l’évidence de la solution. Il était présent pour les autres dans un monde où l’individualisme prime. Il devenait un familier comme un frère,un cousin ,du moins il espérait qu’on défi nisse notre relation comme telle. Mais si il aimait si bien valoriser les autres c’est aussi parce que lui même cultivait avec talent l’humour,l’écriture. Talent dont l’épanouissement passait par le partage . Le partage qui est certainement un mot qu’il devait affectionner ,qui ne restait pas dans son cas au stade de concept mais d’une réalité chaque jour vécue. Pierre DANA 04/09/2017 Passion de dents, passion dehors Il manque 10 TALENTS Dental Tribune Édition Française | Mars 2015 Passion de dents, passion dehors Un dentiste qui enfile des gants Par le Dr Marc Revise Dans les années 70, près du Café de la Gare, où Coluche vendait ses places de spectacle à la façon « roue de la Fortune », j’ai eu la chance de prendre des cours de karaté avec un Maître assez spécial et bien connu du grand public. Georges Zsiga était également le professeur de karaté de Thierry Lhermitte et Bernard Giraudeau. On le retrouve dans les couloirs du métro parisien dans une célèbre scène de Marche à l’Ombre (1984) où il casse la guitare des deux compères. Si j’ai abandonné ce sport depuis bien longtemps, je n’ai jamais pour autant dépassionné pour les arts martiaux. C’est probablement cet engouement qui m’a porté à rencontrer le docteur Sepehr Zarrine, notre confrère. Cette rencontre n’a pas eu lieu sur un ring, fort heureusement pour moi ! Passion de dents, passion dehors m o c . k c o t s r e t t u h S / t i r k a n n o N © 10 TALENTS Dental Tribune Édition Française | Février 2015 S’il existe un sujet particulièrement difficile à traiter sur du papier, c’est bien la musique. A l’heure du numérique et d’Internet, un article avec des liens vers des extraits musicaux serait bien plus... mélodieux. J’ai donc revu mes gammes de journalisme en lisant la presse musicale, Diapason, Les Inrocks et Rock & Folk. Mais rien sur le sujet qui concerne la passion de Gérald Olivieri. Les sacrées notes du dentiste ! par le Dr Marc Revise m o c . k c o t s r e t t u h S / t i r k a n n o N © Né d’une mère pianiste, c’est à l’âge de 9 ans que Gérald Olivieri débute ses études de piano dans un établissement privé aujourd’- hui disparu, « Le Lycée Musical » à Marseille. Après le baccalauréat, l’avenir incertain dans le monde de la musique lui fait choisir une voie plus pragmatique : médecine et den- taire. Son cabinet installé en 1981, il ne quitte pas de vue les partitions musicales et la com- position. Ce n’est que quelques années plus tard que son frère, alors à la tête d’une société de production de dessins animés lui propose de réaliser la musique d’une série pour en- fant : ce sera BOULI, puis les séries s’enchai- nent, ainsi que des jingles publicitaires. Il compose à l’aide d’un home studio où tout s’articule autour d’un ordinateur qui comporte un séquenceur. « Ce logiciel va en- registrer toutes les pistes que je joue au cla- vier en assignant à chacune, un instrument d’orchestre choisi dans une banque de sons. Le tout est synchronisé au film… Pour certai- nes parties importantes, j’écris les partitions, puis les enregistre en studio avec des musi- ciens, mais la MAO (musique assistée par or- dinateur) a fait de tels progrès, comme pour nous la CFAO, que le recours à des orchestres conventionnels se raréfie » conclut-il. Pour les chaines jeunesse françaises et étrangères, il composera PEPIN 3 POMMES, MARTIN MATIN, MOMIE au PAIR pour France 3, BABY FOLIES et LÉO et POPI. Une coproduc- tion franco-chinoise lui passera une com- mande pour SHAOLIN WUZANG. Canal+ vient le chercher pour une adaptation ani- mée de JACK PALMER... MARTIN MATIN est traduit et diffusé dans environ 70 pays. Une série comporte 26 épisodes de 26 minutes sur lesquels il compose les mu- siques à l’image, c’est à dire qui suivent l’action. C’est passionnant, dit-il, car cela impose une recherche continuelle, tant au niveau des ambiances que de l’écriture. Les pistes audio sont en- suite soumises au producteur exécutif (celui qui construit la série), à l’ingénieur du son, puis aux chaines commanditaires qui accep- tent ou demandent des modifications. Bien sûr, il y a un cahier des charges concernant la tendance, la coloration demandée pour chaque dessin animé. Cela l’oblige, mais il adore ça, à aborder toutes sortes de mu- siques, sa préférence bien évidemment étant proclassique (voir soundcloud.com), mais il regrette de ne pouvoir glisser autant de mor- ceaux de piano qu’il le souhaiterait dans les séries ! Deux nouvelles séries terminées se- ront en diffusion au cours de l’année 2015. Ce sont les plus récentes, et seront program- mées sur France télévision à partir d’avril. TEMPO EXPRESS relate l’aventure d’une équipe voyageant à travers le temps grâce à une machine de leur conception... H2O est une coproduction allemande ZDF, austra- lienne, chinoise et française réalisée à partir d’une série très populaire en vue réelle, ra- contant les aventures de trois jeunes filles se transformant en sirènes au contact de l’eau ; une adaptation en dessin animé a été deman- dée à la boite de production française qui lui a confié la réalisation des musiques. La série MARTIN MATIN la plus diffusée, et ce depuis 2003, le fait figurer en 2012 au Top Ten SACEM des musiques de film les plus diffusées à l’étranger. Devenu sociétaire définitif de la SACEM depuis une dizaine d’années, très humble, il ironise en déclarant que c’est sa mo- deste contribu- tion à l’équili- bre de la balance commerciale. Sa mu- sique est incontestable- ment écrite avec talent et ré- alisée avec une précision toute chirurgicale. Et quand il ne s’agit pas de la BO d’un film, les mélodies, gracieuses, inspirent à la rêverie, au voyage, une douce caresse pour les tym- pans. Malgré son activité principale, qu’il exerce encore aujourd’hui avec beaucoup de plaisir, il collabore à des catalogues de mu- siques de film de producteurs étrangers, son expertise est reconnue par les professionnels. Si évidemment il ne lui reste que peu de temps libre, le plaisir qu’il éprouve dans son studio à poser des univers musicaux sur les images qui lui sont confiées vaut bien les heures passées… « De toute façon… » ajoute-t-il, « je suis nul au golf !… » Nul au Golf ? Heureusement… Et pour une fois, qui se plaindrait des notes du dentiste ? Écouter Gérald : https://soundcloud.com/geraldolivieri & http://geraldmusic.wix.com/gerald-olivieri Concerto pour piano en quatre mou- vements (2011) : https://www.you- tube.com/watch? v=9lv d - j h 2 lQ1Q Le Dr Gérald Olivieri, alias Gérald Robert, exerce à Marseille, il est titu- laire d’un CES de biologie buccale, d’un CES de parodontologie et d’un DU de den- tisterie restauratrice. Contact : olivieri.gerald@gmail.com C’est avec tristesse que j’apprends le décès de Marc Revise. En contact avec lui lors de lors de l’entretien qu’il a bien voulu publier, j’ai pu me- surer sa gentillesse, sa curiosité, et la passion qu’il vouait à son rôle de rédacteur, je vous prie de bien vouloir adresser à sa famille ainsi qu’à ses proches mes plus sincères condoléances G. OLIVIERI Chirurgien dentiste Marseille m o c . k c o t s r e t t u h S / r e k c o t S o t o F © 1 3 4 2 5 Fig. 1 : Préparatifs dans le « coin » avant le gong du début. | Fig. 2 : Concentration avant un combat. | Fig. 3 : Dubaï, Champion du monde Kick-boxing. | Fig. 4: Com- bat de Kick-boxing en Allemagne. | Fig. 5 : 2007 : avec Orlando Wiet dit le « gladiateur ». Marc Revise pour Dental Tribune : Quand nous avions 15 ans et que nous apprenions nos katas, nous passions notre temps à nous entraîner entre deux cours au lycée, et nous ne regar- dions plus que des films d’arts martiaux. Les films de Kung Fu ne t’auraient pas, toi aussi, un peu influencé ? Sepehr Zarrine : En effet, ma passion pour les arts martiaux est née en visionnant pour la première fois un film de Bruce Lee et j’ai dé- marré le Kung Fu vers 12 ans puis obtenu ma ceinture noire en rentrant à la faculté. C’est là que j’ai commencé les compétitions. Ces films montrent à quel point, si ces arts mar- tiaux sont des sports de combat, ils sont aussi chorégraphie où précision et beauté des gestes participent à l’émerveillement, au spectacu- laire. Certainement, mais passant en profes- sionnel, les coups deviennent plus durs, plus violents. L’efficacité prime alors sur la beauté du geste pour amener le KO ou la blessure, écourter le combat et donner la victoire. C’est une vie intense, adrénalinée, avec des voyages, des rencontres et des chal- lenges physiques et mentaux. Les jours qui précédent un combat me donnent l’impres- sion que ma vie va s’arrêter. Je profite de chaque instant et de mes proches. Quand le combat est gagné, tout prend une autre di- mension et pendant plusieurs semaines c’est l’euphorie. Tu ne peux pas imaginer la pression avant de monter sur le ring. Tu vas être tout seul entre les 4 cordes, face à un ad- versaire surentrainé et tous les regards sont sur le ring. Ton combat peut se transformer en cauchemar. Cette période qui entoure le combat forme une séquence de vie où la plupart des soucis du quotidien perdent de leur importance. Revenons à ta carrière proprement dite, com- ment es-tu passé boxeur professionnel alors que tu avais un autre challenge à remporter : tes études de chirurgie dentaire ? Je suis né en 1977 à Téhéran, et j’arrive en France à la fin de la guerre Iran-Irak, non pour fuir le pays, mais pour étudier dans de meilleures conditions. Si la priorité est aux études, les entrainements se rajoutent aux cours et aux révisions. Je décroche régulière- ment des médailles en Championnat et Coupe de France, en Kung Fu Combat et je passe une année en équipe de France. Par goût du challenge, je quitte le monde ama- teur et m’engage sur le circuit professionnel dans les 3 disciplines de Boxe pied-poing. J’ai la chance de rencontrer Orlando Wiet, une lé- gende, surnommé le « Gladiateur », qui ac- cepte de me prendre sous son aile — com- mence alors ma pire période d’entrainement où rythme et intensité me font frôler le mal- aise à chaque séance. Tu en es où de tes études à ce moment-là ? En 2001 quand j’obtiens ma thèse en chi- rurgie dentaire, commence alors la double carrière professionnelle Chirurgie dentaire et Boxe. En 2005, je suis Challenger aux championnats du monde de Kick Boxing à Dubaï et je crée la surprise en remportant la ceinture mondiale par KO. Les combats s’en- chainent pendant 10 ans avec des hauts, quelques bas. J’ai l’opportunité de décrocher la ceinture mondiale en Full Contact le jour Suite page 11 Il y a des coups de gong qu’on ne souhaite pas entendre. J’ai connu des combats où je ne voulais pas que la cloche retentisse. Je n’avais pas envie que le dernier round se termine. Je sentais que je n’avais pas encore tout donné. C’est exactement ce que je ressens avec la disparition de Marc. Tout se termine trop tôt ! Un passionné, un original cherchant par ses articles à mettre en avant des personnages qu’il trouvait originaux. Lorsque ceux qui se ressemblent s’as- semblent, un lien et un respect se créent instan- tanément. Pour moi, Marc sera toujours un « créateur d’images positives », d’une part par sa plume, d’autre part par la pratique et l’enseignement de l’hypnose thérapeutique. Veille sur nous mon ami, nous on pense à toi. Difficile de savoir qui est Antony, tant les passions qui l’animent sont riches et variées. Que fait-il ? Quand une amie m’a parlé de lui, j’imaginais un entretien dans une loge puisqu’elle m’avait présenté le comédien. En 2011, Antony montait sur scène pour jouer une pièce de Raffy Shart : « Ma femme s’appelle Maurice ». Comment est-il arrivé au Théâtre Le Paris, à Avignon ? Quel parcours ! Qui est-il ? Un dentiste aux multiples facettes m o c . k c o t s r e t t u h S / t i r k a n n o N © par le Dr Marc Revise Un comédien ? Sa première scène lui a été offerte pour ses 8 ou 10 ans au Club Méditerranée. Il ra- conte avoir eu un trac fou, mais à la fin de la représentation de Grease, une émotion l’envahit, une vocation était née. Bien plus tard, une opportunité s’offre à lui ; il remplace son avocat, alors indisponible, lors d’une plaidoirie, et gagne son pro- cès. Ce « tribunal-spectacle » déclenche la même émotion ressentie sur les planches du Club Med ; c’est décidé, il s’inscrit à des cours de théâtre à Saint- Cloud dès 2006. C’est la comédie dra- matique qui l’attire avec des auteurs aussi divers que Molière ou Hanokh Levin... Parti s’installer dans le Sud, à Carpentras, il cherche une nouvelle troupe théâtrale qui le conduira à Avignon. Nouvelle opportunité sous forme de cadeau : le 24 dé- cembre 2010 il reçoit un appel l’informant qu’il pourrait rem- placer un acteur, un « mari infi- dèle »... A peine deux mois pour apprendre et répéter la pièce qui devait se jouer de- vant le maire d’Avignon et les « Chevaliers du Fiel » qui dirigent le Théâtre Le Paris. Antony a vécu en cette première, la peur de sa vie. Il le dit : jamais avant ce 9 mars 2011 je n’ai eu une telle appréhension ; pas même le jour du BAC ou du concours de P1... mais une fois sur scène, au lever de rideau, la magie opère... Antony sera en tête d’affiche durant les trois semaines du festival d’Avignon et le spectacle comptera parmi les 10 représentations les situe dans un cabinet dentaire et devrait bientôt être mise en scène. Contact : antony.pulli@gmail.com & face- book.com/antony.pulli Galerie : facebook.com/pullibey Quel plus beau cadeau que de s’offrir la vie que l’on désire ? facebook.com/pages/APCoaching/58208 7695224535 Un écrivain ? Ecrire n’était pas une vocation et pourtant, en 2009, il publie un livre, Andrasha. Ce roman est né d’une incompréhension, d’une ré- flexion, suite au 11 septembre. Pourquoi ces terroristes ? Pourquoi cet « anti-américanisme » ? Pour- quoi ces réactions des patients ? C’est une saga qui pose les questions de notre civilisation et décrypte la violence de notre société. Ce premier roman, une œuvre originale qui mêle géopolitique, économie et dentisterie, est le fruit d’une introspection à un tournant de sa vie qui va impliquer la vente de son cabinet et une année sabba- tique consacrée à l’écriture... Un peintre ? En janvier 2014, Antony suit une session d’Art Thérapie. Après trois jours de médita- tion, il réalise une toile qui annonce le dé- but d’une carrière artistique. Après une lon- gue maturation nait une deuxième œuvre : « 9/11 LOVE AFTER DEATH »... D’autres pein- tures suivront telles : DIVING IN THE SNOW, STORM IN PERNES, REVELATION, AWAKE. Je ne rumine plus, je transforme pour avancer... conclue-t-il. Théâtre, écriture, peinture, au- tant de modes d’expression qui vont lui per- mettre un accomplissement de soi et modi- fier sa façon de penser ; pourquoi ne pas en faire profiter les autres ? Un Coach Intégratif ? Depuis peu, Antony Pulli aide des profes- sionnels de toute origine dans leur dévelop- pement grâce à une formation qui leur per- met d’aborder tous les aspects corps-esprit qui entrent en jeu dans l’évolution de leur personne vers ce qu’elle désire... Antony Pulli est une personne hors norme tant par ses multiples activités que par son charisme. Son discours montre une détermination et une forte conviction. Il est tout cela à la fois et bien plus encore. Nul doute qu’il se découvrira d’autres talents dans les années à venir... plus commentées de cette saison. D’autres propositions suivent mais Antony décide d’arrêter un temps le théâtre pour se consac- rer à la formation avec Biotech et CID forma- tion. Cela ne l’empêche pas d’écrire des pièces dont le « joyeux anniversaire maman » qui se Cet article fait suite à un entretien réalisé le vendredi 28 novembre 2014, à l’occasion du congrès de l’ADF, où Antony Pulli a participé à un symposium sur le numé- rique. Mon cher marc, « Passion de dents, Passion dehors » restera à jamais l’incarnation de ce que tu représentes toujours à mes yeux : l’amour de partager la passion des autres avec une plume reconnais- sable parmi toutes. Tu aurais tellement mérité de paraître dans ta propre rubrique … Profi te de la paix retrouvée. Amitiés mon ami. Antony Pulli 12 TALENTS Dental Tribune Édition Française | Octobre 2016 Passion de dents, passion dehors Un quenotier qui jacte pas comme mézigue... par le Dr Marc Revise De nombreux articles jalonnent le succès mérité de ses pamphlets. Perfusé aux dialogues de Michel Audiard, pro- bablement copain de régiment de San-Antonio et Bérurier, n’écoutant en boucle que les 45 tours de Pierre Perret, il est naturel de comparer son style imagé et argotique avec celui de Frédéric Dard : une verve énergique, excessive, mais jamais vulgaire, un humour au second ou troisième degré à la Coluche qui dissèque au scalpel affuté nos pa- tients autant que Pal, ce dentiste râleur, sans empathie, souvent raciste et tout autant politiquement incorrect que sans éthique professionnelle. N’y voyez pas le début du commencement d’une comparaison avec son auteur, mais plutôt une caricature inspirée de notre exercice où chacun y retrouvera des extraits de vie professionnelle au ca- binoche. Son blase ? Patrick Allereau qui a accepté de me confier son héros, Pal, pour une interview exclusive... Marc Revise : Pal, peux-tu me parler de tes rap- ports avec les visiteurs médicaux, les représen- tants, revendeurs, voire acheteurs d’or qui se glissent entre deux patients pour... “Oh ! Juste 5 minutes, y’en n’a pas pour longtemps“ ? Pal : C’est comme la vie, une carrière den- taire. Quand on aperçoit le poteau d’arrivée, on a l’impression d’avoir démarré la veille. Pour mézigue, c’est pas encore la quille, mais je commence à jeter quelques coups de lor- gnard dans le rétro, histoire de ramener un max de souvenirs croustillants dans ma be- sace de retraité. Si on excepte le pourcentage de cons, tout a changé dans le milieu de l’o- Ah pi y avait des vedettes ! Ce vieux beau, chemise déboutonnée sur chaîne en or, ti- gnasse grisonnante et décapotable bava- roise. Le gugusse entrait dans le cab comme une star de cinoche déboulant au Byblos sous les flashs. C’est pas à une face de brosse à goin- ces pareille que Pal passe commande. À la troisième entrée triomphale, ce schnock in- fumable m’avait pris de haut : «  Bon, vous me prenez quelque chose, oui ou non  ?  ». Ben non, tête de lard, c’est toi qui va me prendre quekchose : la lourde ! Et l’autre clopeur à moustache et haleine charogneuse qui se radinait systématique- ment le soir au moment où je pliais les gaules, avec quatre catalogues super-épais sous le bras ! Le fourbe, dans son costard froissé cou- vert de pellicules, pariait qu’à cette heure-là, un doc vanné ne pense qu’à l’apéro. Et qu’il al- lait chercher à se débarrasser fissa du casse- burnes en lui commandant n’importe quoi. Mais un loquedu nidoreux qui tente de four- guer des produits d’hygiène, c’est aussi crédi- ble que Fabius faisant la pub de Pétrole Hahn. donte. Et même autour, regardez voir les ru- ses et techniques des commerciaux pour nous hameçonner ! Ce qui reste, c’est le fayotage en règle. La base du métier. Pour espérer nous siphonner le coffiot, faut d’abord nous donner du « Doc- teur  », ça caresse l’ego boursoufflé de la confrérie. Il y a quelques années, le camelot passait vite à la camaraderie de faux derche : je te paie une goldo, une mousse au trocson, un gueu- leton au gastos. Et je t’appelle par ton pré- blase, mon pote. Je me rappelle un tenace, be- donnant flasque à la gueule en gélatine, qui croyait futé d’enfoncer le clou de girofle en m’assurant qu’il ne visitait plus les connards. Sacré manque à gagner ! Y en a même un qui m’avait envoyé une carte postale d’Australie pour témoigner de l’affection sincère qu’il me vouait depuis qu’il avait eu vent d’un pro- jet d’investissement. Celle qu’on ne voit plus, c’est la bonimen- teuse médicale coincée qui posait son clas- seur à l’envers et récitait par cœur un bara- gouin abscons comme la lune, auquel elle ne bitait que pouic. Dommage, je l’aimais bien, moi, Prostaglandine. De nos jours, le camelot est souvent fe- melle et chatouille plus bas. C’est que des étu- des ont montré qu’en présence d’une don- zelle dodue dandinant du derche, le couillard perd instantanément le sens des réalités. C’est pour ça que maintenant, les margoulins malins de l’expo de l’ADF embauchent des blondasses commak pour faire agglutiner la confraternité sur leur stand. On se poile dans les allées du Palais à observer l’effet se faire : qu’il soit doctaillon anonyme ou sommité illustre, à l’instant où, sans doute émoustillé par quelque subtile phéromone, il aperçoit de loin les appâts de la potiche, le mâle paume brutalement le fil de ses conversations pro- fessionnelles. Ses mirettes passent automati- quement en zoom furtif et mise au point autofocus sur les balconnets. Sûr de son sexe à pile, il se fantasme déjà procédant sur la poupée barbante à une époustouflante dé- monstration de son pouvoir tampon. Et s’il faut, pour maximiser ses chances de retour- ner la roulure, passer par la signature aveugle d’un bon de commande, il n’hésitera pas une seconde. Mais moi, j’ai toujours été aussi à l’aise dans ce milieu de cravatés libidineux que Bal- ladur dans une rave-party. Quand une véher- pée peroxydée en mini roupane, parfumée au karcher, vient chalouper des miches de- vant ma hure et me proposer d’essayer ses ar- ticles en latex, y a rien à faire, je coince. On nous prend pour des gorets lubriques, mais aussi pour des jambons. Depuis trente- Suite page 14 Marc m’avait sollicité pour un numéro de Dental Tribune (octobre 2016) après avoir vu passer quelques-unes de mes chroniques sur Eugénol. Par mail et par téléphone, il s’était montré instantanément chaleureux, amical. Grand amoureux des mots, l’humour à fl eur de peau, il m’avait fait l’effet d’un vieux co- pain auquel je ne pouvais rien refuser. Lui s’était fendu de plusieurs pages bien trop fl atteuses à mon endroit, mais je sentais bien qu’il n’avait rien d’un fl agorneur. De son côté, il était assez humble pour ne mentionner ses écrits que du bout des lèvres. Après la paru- tion du numéro en question, il m’avait rappe- lé un soir et en dix minutes de conversation, au vu de tous les points communs qu’on s’était trouvés, on en avait conclu que nous étions deux amis qui ne s’étaient pas encore rencontrés, mais que cela arriverait bientôt. Hélas.... 14 TALENTS Dental Tribune Édition Française | Avril 2016 Passion de dents, passion dehors © Nonnakrit /Shutterstock.com À la fin des années 60, alors que mon père installait sa première « chaine Hi-Fi » DUAL, je récu- pérais son vieux « tourne-disque », un Teppaz, et quelques 45 tours. J’héritais aussi de quelques microsillons très lourds et fonctionnant en 16 tours ! À cette époque, j’écoutais l’émission « SLC, Salut Les Copains », sur 1647 mètres Grandes Ondes (Europe 1). C’est ainsi que je découvrais Sheila, Sylvie Vartan, Johnny Hallyday, Jacques Dutronc, France Gall... En 63 apparaît Chou- chou, la mascotte des années « yéyé »... Au hasard de mes investigations sur la toile, j’ai fait la connaissance d’un confrère au talent très particulier : Joël Delorme répare des machines à re- monter le temps ! m o c . k c o t s r e t t u h S / v o r u z c n a M © Un confrère qui soigne les sillons au diamant... ... tous les sillons, même les microsillons ! par le Dr Marc Revise Marc Revise : Joël, es-tu plutôt chouchou, yéyé, ou rock’n’roll ? Quelles étaient tes idoles ? Joël Delorme : Johnny et France Gall quand j’étais jeune. Petit, en Ardèche, j’étais gardé par les propriétaires d’un magasin de disques, d’électrophone, télés... J’écoutais leurs disques dans l’arrière-boutique. Joel Delorme Les usines Teppaz étaient installées à Lyon ; or ton cabinet se situe au nord de Lyon. Partages- tu des origines avec Marcel Teppaz, l’inventeur de cet électrophone mythique ? C’est un hasard complet ! Il y a 7 ans, à Gre- noble, ma sœur, dentiste elle aussi, ressort mes vieux disques vinyles et un Teppaz. J’ai retrouvé mon premier 45 tours : « The Fool » de Gilbert Montagné. Cela m’a donné envie de restaurer cet appareil et j’ai commencé à m’y intéresser et en chercher... © marcresive Fais-tu les granges abandonnées et les gre- niers poussiéreux pour retrouver ces petits bi- joux oubliés ? Internet surtout, et les vide-greniers où je déniche des appareils souvent en très mau- vais état, mais vraiment pas cher. Il faut une passion, certes, mais comment as-tu appris à réparer des Teppaz ? Je n’ai pas de connaissances particulières en électronique, mais j’ai appris à souder, et j’ai restauré un modèle, puis un autre en pre- nant exemple sur celui que j’avais. Ensuite j’ai restauré toute la gamme des Teppaz, par mimétisme ! Où trouves-tu les pièces de rechange ? Je les récupère sur des appareils définitive- ment hors d’usage. Le tapis en caoutchouc est compliqué à trouver, mais on en trouve des copies bien réalisées sur internet ainsi que d’autres pièces fabriquées avec des impri- mantes 3D, c’est assez classique maintenant, et les teintes du plastic sont relativement pro- ches de l’original. Peux-tu nous décrire ce tourne-disque porta- ble qui a été vendu à des millions d’exemplai- res dans les années 60 ? Oscar est le modèle le plus courant avec 3 watts et un haut-parleur sommaire, construit pour les jeunes qui réussissaient leur « certif. », il lit tous les disques microsillons (16, 33, 45 et 78 tours) ; l’Oscar senior avec 2 HP, puis ensuite l’Octave, l’Oscar stéréo, et encore bien d’autres avec radio, cassettes... Le génie de M. Teppaz a été de faire un petit transfo. 110/220 Volt à une époque où les deux tensions cohabitaient en France. L’aventure Teppaz a pris fin au début des années 70 avec l’arrivée des chaines Hi-Fi. Chouchou Son atelier Les années 60 S’il existe un engouement particulier pour cet objet culte, qui te les achète ? Des nostal- giques, des collectionneurs, des ex-fans des sixties ? J’ai vendu des Teppaz à des célébrités, un célèbre rappeur, et un concertiste qui souhai- tait écouter ses 78 tours sans transporter son gramophone ! En effet, les intéressés ont en- tre 50 et 65 ans, mais il y a aussi des jeunes de 16–20 ans qui redécouvrent les vinyles... Chaque Teppaz a sa personnalité, avec un son différent ! Quand j’écoute un disque, je choi- sis l’appareil qui lui convient le mieux. Je suis certain que de nombreux lecteurs de Dental Tribune se rappelleront avoir vu de vieilles photographies aux couleurs passées, souvenirs de leurs parents ou grands-parents autour d’Oscar. Merci, Joël, pour ce son si parti- culier que j’ai redécouvert grâce à toi. Teppaz Oscar Contactez Joël Delorme : mariegolote@yahoo.fr Blog : http://mon-beau-teppaz.blogspot.fr/ 2013/09/vente-teppaz.html Très attristé d avoir appris le décès Je n ai jamais rencontré Marc mais ai longue- ment echangé avec lui par telephone pour redi- ger son article et ai pu apprécier sa gentillesse et son professionnalisme Je souhaite à ses proches mes plus sincères condoléances Cordialement joel delorme

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