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Dental Tribune Édition Française No.11, 2016

Dental Tribune Édition Française | Novembre 2016 28 Les chirurgiens-dentistes ont pris cons- cience ces dernières années de leur rôle ca- pital dans le diagnostic des lésions des mu- queuses buccales, en particulier pour le dé- pistage et l’amélioration du pronostic du cancer buccal. Mais si la dermatologie buc- cale s’est beaucoup développée chez l’a- dulte, la pathologie muqueuse de l’enfant reste moins connue. Et pourtant nous som- mes confrontés à des parents, le plus sou- vent inquiets, qui nous amènent leur en- fant, parfois leur bébé, pour une lésion mu- queuse. L’enfant présente de nombreuses particu- larités et pathologies muqueuses, dont cer- tainesluisontspécifiques.Lapriseencharge diffèredel’adulte,enparticulierchezlesnou- veaux nés et les enfants en bas âge. L’interro- gatoire et l’examen clinique peuvent de fait êtrecompliqués,etlabiopsieoul’exérèsené- cessiter un plateau technique particulier, rendant le diagnostic et la prise en charge de ces enfants difficiles. Nous avons voulu aborder ce sujet pour rappeler les principales lésions rencontrées chez l’enfant et rappeler que même si elles sont extrêmement rares, les pathologies malignes existent. Leslésionsmuqueusesdel’enfantpeuvent êtreclasséescommechezl’adulteparlésions élémentaires. Différentes variations physiologiques peuventsevoirdèsl’enfance.Lalanguefissu- rée et la langue géographique (Fig. 1) cor- respondentàuneformebuccaledepsoriasis. Les grains de Fordyce sont des glandes séba- cées ectopiques. Les lésions blanches La candidose aiguë de type muguet se ren- contredeplusenplusrarement,maispeutse voir chez certains nouveaux nés et chez cer- tainsenfants,enparticulieraudécoursd’une chimiothérapie. Le lichen plan (Fig. 2) est une maladie auto-inflammatoire assez fré- quentechezl’adulte.Onluidécrit3formes :la forme quiescente réticulée, la forme active érosive et la forme post-lichénienne atro- phique. Sa prévalence serait de 0,1 % chez l’enfant.Lewhitespongenaevusestuneano- malie congénitale se manifestant par d’é- paisses plaques blanches non douloureuses qu’il est possible de « peler » et qui peuvent recouvrir une surface plus ou moins impor- tante de la muqueuse buccale. Le morsicatio buccarum et la linea alba sont liés à un tic de morsure et concerne généralement la mu- queuse jugale ou les bords de langue. Les lésions pigmentées Elles se manifestent par une ou plusieurs lésions brunes à noire. Les pigmentations ethniques généralement absentes à la nais- sanceapparaissentaumomentdelapuberté. La macule pigmentée essentielle de la lan- gue, décrite pour la première fois en 2003, s’observe dès la naissance et se distingue his- tologiquement des nævus congénitaux. Il n’estpasinutilederappelerquelemélanome buccal a été décrit chez l’enfant. Les ulcérations L’aphtose buccale (Fig. 3) récidivante est fréquente chez l’enfant. Près de la moitié des enfants aph- teux présen- tent une his- toire paren- tale d’aphtes. Les trois for- mes : mineu- res, majeures et miliaires peuvent être rencontrées. L’aphtose de Bed- narestuneulcérationpalatineunilatéraleou bialatérale asymétrique du nourrisson d’é- tiologie discutée. Le syndrome PFAPA (fièvre périodique, stomatite aphteuse, pharyngite, adénopathie)estuneaffectionraretouchant l’enfantdès5ansetassociantdesépisodesde fièvre à des aphtes, une pharyngite et des ganglions. La maladie de Riga Fede (Fig. 4) se manifeste par une ulcération de la face ven- trale de la langue liée au frottement sur le bord incisif des dents néo-natales ou tempo- raires. Les accidents domestiques, première cause de mortalité chez l’enfant, peuvent aussigénérerdestraumatismesmécaniques ouchimiquesdelamuqueusebuccaleetpro- voquer des lésions ulcérées. Les lésions vésiculeuses de nature virale sont fréquentes. La primo-infection herpé- tique est le plus souvent asymptomatique. Maisellesemanifesteparfoisparunegingivo- stomatite associée à des lésions vésiculeuses de la muqueuse buccale assez spectaculaire, débordant volontiers sur les lèvres. Le syn- drome pied main bouche est dû à l’infection parlevirusCosxackieAetsemanifestepardes lésions vésiculeuses de la bouche, associées à deslésionsdesmainsetdespiedsetparfoisdes lésionsétendues(cuisses,fesses).Danslecasde l’herpangine, c’est aussi un virus Cosxackie A quiestresponsabledeslésionsvésiculeusessi- tuées dans la partie postérieure de la bouche (piliers et voile du palais). La varicelle donne deslésionsvésiculeusesbuccalesdontl’inten- sitésemblecorréléeàl’atteintecutanée. Les tumeurs et pseudo tumeurs : le pa- pillome est une hyperplasie épithéliale due au virus du papillome humain. Il peut se retrouver sur n’importe quelle zone mu- queuse. Le kyste mucoïde (Fig. 5) est une pseudo-tumeur salivaire due à la rétention ou l’extravasation de mucus produit par uneglandesalivaireaccessoire.Iln’estpassi rare de l’observer chez le bébé, probable- ment provoqué par la succion. Les perles épithéliales d’Epstein se présentent sous la forme d’une papule siégeant au palais ou sur la crête alvéolaire. L’épulis congénitale est une lésion rare se manifestant par une masse pouvant perturber l’alimentation et la respiration buccale chez le nouveau-né. Les kystes d’éruption sont bien connus des odontologistes. La fibromatose gingivale, d’origine génétique, réalise des proliféra- tions tissulaires qui peuvent simplement gêner l’orthodontie, ou aller jusqu’au re- couvrement total des couronnes dentaires. Il ne faut pas oublier qu’une hyperplasie gingivale est un signe fréquemment ren- contrée dans les leucémies aigues myéloï- des. Plus de 2000 cancers sont recensés par an en France chez l’enfant, principalement des leucémies. 60 % de ces tumeurs sont toute- fois représentés par des tumeurs solides et il estànoterquedescasdecarcinomesépider- moïdesbuccauxontétérapportésdanslalit- térature. La langue et les gencives semblent les zones les plus souvent atteintes, mais toute la muqueuse buccale peut être concer- née.Lalanguepeutégalementêtrelesiègede neuromes multiples bénins mais syndro- miques, révélateurs de cancer thyroïdien ou de phéochromocytome. Ainsi, nous devons rester vigilant devant unelésionmuqueuseetnepaspenserhâtive- ment qu’il n’existe chez l’enfant que des tu- meurs bénignes. Un prélèvement histolo- giqueestnécessaireencasdedoute.Leconfé- rencier, dermatologue pédiatrique, nous ap- portera lors du congrès de l’ADF 2016 son expertise sur les lésions muqueuses et la prise en charge de l’enfant. CONFÉRENCE À VENIR SPÉCIALADF UNE QUESTION E133|SAMEDI 26 NOVEMBRE|11H/12H Responsable scientifique : Jacques-Henri Torres (Service d’odontologie, CHU de Montpellier) Intervenant: Franck Boralevi Pathologiesmuqueusesdel’enfant: cen’estpasgrave? Fig.1:Lésions dépapillées entourées d’un bord circiné blanc de la face dorsale de langue caractéristiques d’une glossite exfoliatrice margi- néeoupsoriasisbuccal.| Fig.2:Lésionkératosiqueassociéeàuneéro- sion dans le cadre d’un lichen plan.|Fig. 3: Ulcérations multiples en- tourées d’halos érythémateux dans une aphtose buccale. |Fig.4:Ul- cération traumatique de la pointe de la langue: maladie de Riga- Fede.|Fig.5:Kyste mucoïde de la commissure labiale droite. 1 2 3 4 5 123 45

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