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Dental Tribune Édition Française No.5, 2016

Passiondedents, passiondehors Dental Tribune Édition Française | Mai 201614 TALENTS Si42kilomètresparaissentirréalisables,voireinsensés,ilsuffitd’avoirterminéuneseulefois un marathon pour comprendre que c’est possible. Mais ce que l’on apprend très vite, c’est qu’au-delà de l’épreuve qui demande un très bon mental et de bonnes jambes, il aura fallu la forcedecaractèrepours’entrainerjouraprèsjour,qu’ilneige,qu’ilventeouqu’ilgèle,sousune chaleur de plomb, sous la pluie, tôt le matin avant le travail ou tard le soir quand on rêverait d’unapéroentrecopainsaprèsunesemainedecabinet.C’estaussiunesurveillancesansfaille desonalimentationetsonhygiènedevie.Coureurdudimanchemoi-même,ethumblemara- thonien,j’aiégalementcomprisladifficultédegagnerquelquesminutes,j’aisaisiquechaque secondegagnéeaukilomètresemesuraiteneffortsquotidiens.C’estencesensqueleparcours deMathieuFillion,dentisteàClermont-Ferrand,estunbelexempledepugnacité !Jel’aiinter- viewéàl’arrivéedumarathondeParis2016alorsqu’ilfinissaiten2:43:23... Undentistequichaussedu42...,195 ! par le Dr Marc Revise Marc Revise : Impressionnant ! Bravo ! Tu es presque frais malgré les 16° aujourd’hui. Mathieu Fillion : Chaque nouvelle course est un défi à la hauteur de la satisfaction per- sonnelle de franchir la ligne d’arrivée. Au- jourd’hui, la barrière des 2h45, sésame pour leschampionnatsdeFrance,restaitunobjec- tif difficile à atteindre... Tu finis sous cette limite, à 2 minutes près ; 143ème ,es-tu satisfait ? Sous les premiers rayons de soleil d’une bellejournéeprintanière,jerejoinslesaspré- férentielàquelquesmètresdesintouchables « kenyans ».Aprèslecoupdefeutantattendu, lepremiersemiaétéavaléàtouteallure.Parti trop vite, comme beaucoup d’autres, le se- cond semi ralliant la ligne d’arrivée m’a sem- bléextrêmementlong.Aprèsle35e kilomètre, ne pouvant plus compter sur mes jambes, touts’estfaitaumental.Encoreenavanceàla bornedu42,j’étaissuruneautreplanètephy- siquement et mentalement pour franchir à bout de force la ligne. L’immense joie du de- voir accompli m’a redonné vie en quelques minutes… c’est la beauté de ce sport. Revenons au tout début, comment tout cela a-t-il commencé pour toi ? En janvier 2007, une associée du cabinet me propose une place pour le marathon de Parisenavril.Jen’étaisalorsqu’uncoureurdu dimanche, et encore... pas tous les diman- ches ! Unepremièreexpérience,onpeutdiresansvé- ritable préparation... Eneffet,aprèsunepréparationplusqu’ap- proximative me voilà dans le sas 4h30 à quelques mètres de l’Arc de Triomphe. 3h40 plus tard, je retrouve le même monument, faceàmoi,avecuneétrangesensationdejoie etdetristesse.Lesbatteriesétaientcomplète- mentdéchargéesetmêmesij’avaisl’enthou- siasme d’avoir accompli un défi, les 10 der- niers kilomètres m’ont surtout laissé l’envie de ne plus jamais recommencer une telle course. Alors quelle mouche t’a piqué depuis ? De retour au centre de soins dentaires de Clermont-Ferrand où j’étais assistant, le Pr Alain Woda physiologiste et marathonien m’annonce qu’au vu de ma médiocre prépa- rationetdemonchrono,jepourraisvraisem- blablementfranchirlabarrièremythiquedes 3 heures. La motivation ravivée, je pris la chose au sérieux et un an plus tard sur le même marathon, je bouclais ce célèbre par- cours en 2h58. Moins de 3 heures,j’hallucine ! Et ensuite ? Chaque année m’a permis de grignoter quelques minutes en usant mes chaussures sur des marathons tels New York, Berlin et Buenos Aires. En comprenant les méthodes et plans d’entraînement, j’ai pu franchir les seuils psychologiques de 2h55 puis 2h50. Et maintenant ? La course à pied est devenue l’élément in- dispensable à mon épanouissement person- nel,toutenmepermettantdemeprojetersur des objectifs annuels. Le sport favorise mon équilibre entre vie personnelle et vie profes- sionnelle. Et ta vie hors des chaussées bitumées juste- ment ? Je fais attention à ne pas rompre l’équilibre avecunepratiquesportiverognantsurlesheu- res de cabinets ou la vie de famille, déjà sou- mise à rude épreuve pendant les mois de pré- paration !Parailleurs,passionnéparmonmé- tier et par la pédagogie, je prends plaisir à lire, préparer des conférences et rédiger des arti- cles.Larichessedeséchangesavecmesconfrè- resdemeureessentielleàmonexercice… As-tu l’intention d’évoluer vers d’autres disci- plines d’endurance ? Oui, ma pratique a déjà évolué vers le trail. J’ai accompagné en tant que « pacer » mon ami Thomas Lorblanchet à la Western State 100 miles où j’ai pu courir avec les grands champions de la discipline. Thomas a été champion du monde de trail en 2009 et qua- druple vainqueur du grand trail des tem- pliers. C’était mon « lièvre » aujourd’hui, je le remercie.Jepratiqueaussilevéloetjesuisun passionné de montagne : j’ai quelques belles courses de haute montagne à mon actif dans la vallée de Chamonix. Si tout coureur qui passe la ligne d’arrivée après 42,195 km peut se prévaloir du titre de marathonien, on ne peut parler de sport de haut niveau qu’en dessous des 3 heures, sa- chant que personne n’a jamais couru à ce jour cette épreuve en moins de 2:02:57* Le Kényan Dennis Kimetto en septembre 2014 à Berlin et, 2:17:42 pour les femmes par Paula Radcliffe (UK) à Londres en 2005. Mathieu termine 143ème sur plus de 50.000 inscrits.À suivre... Contact : mathieufillion@yahoo.fr ©Pavel1964/Shutterstock.com © Nonnakrit /Shutterstock.com Au sommet du Grepon a Chamonix. LaWestern avecThomas Lorblanchet. Auteuil :plus que 7 kilomètres. A quelques foulées de l’arrivée Thomas et Mathieu.

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