Please activate JavaScript!
Please install Adobe Flash Player, click here for download

Implant Tribune Édition Française No.3, 2017

30 CAS CLINIQUE Implant Tribune Édition Française | Août/Septembre 2017 Implants en zircone : remplacement entièrement sans métal d’une deuxième prémolaire maxillaire Dr Sammy Noumbissi, États-Unis Introduction et contexte Le remplacement fonctionnel, sûr et es- thétique des dents a longtemps tenu du défi. Les implants en titane ont mené à la réussite et ont fait leur preuve depuis plus de cinquante ans. Mais si leur utilisation s’est effectivement accrue, il en est de même du nombre de fabricants et de pro- tocoles de fabrication qui ont mené d’une part à une grande variété d’implants en ti- tane ou en alliage de titane, et d’autre part à la modification du pourcentage de titane et l’adjonction de nouveaux composants dans les alliages. On dispose de rapports de plus en plus nombreux1, 2, 3 sur la sensibilité aux implants dentaires en titane et alliage de titane. Les réactions vont d’une irrita- tion locale des tissus mous à l’échec spon- tané et inexpliqué de l’implantation, aux douleurs articulaires, à l’irritation cutanée, à la fatigue et même à l’ostéonécrose. Nombre de problèmes de santé liés aux im- plants ont été attribués à des événements d’oxydation et/ou de corrosion,4, 5, 6 qui sur- viennent en raison de l’environment biolo- gique, de la fatigue des matériaux, des contraintes, du galvanisme, de l’exposition au milieu buccal agressif, de l’usure des matériaux et d’une combinaison de tous ces facteurs. Un phénomène bien étudié en orthopédie et dans une moindre mesure dans la littérature dentaire, est celui des sous-produits qui sont libérés par les im- plants par suite des attaques corrosives,4 et sont transportés via le système lympha- tique5 et la circulation sanguine jusqu’à des organes distants, tels que la rate et le foie. Dans certains cas, ils peuvent parvenir à la barrière hémato-encéphalique et la tra- verser. Il a été démontré que ces sous-pro- duits induisent une toxicité des métaux et mettent à rude épreuve le système immu- nitaire du porteur de l’implant ainsi que son état de santé générale. À l’instar de l’orthopédie médicale, la dentisterie, et surtout le secteur de l’im- plantologie, a connu une hausse sensible de l’utilisation des bio céramiques au cours de la dernière décennie. La zircone est en effet une biocéramique inerte qui pré- sente d’excellentes propriétés bioméca- niques, ne transmet pas la chaleur, n’in- duit aucune réaction galvanique,6 et contrairement au titane, n’est pas sensible à la corrosion dans le milieu buccal. Tant pour des raisons esthétiques que fonction- nelles, la profession a assisté à un change- ment de paradigme dans les types de ma- tériaux utilisés dans les implants den- taires, nouvellement posés ou restaurés. Les biocéramiques et d’autres matériaux non-métalliques, véritablement bioinertes et biocompatibles, ont rapidement rem- placé les alliages métalliques. La zircone polycristalline tétra gonale stabilisée à l’oxyde d’yttrium (Y-TZP), dont le principal composant est le dioxyde de zirconium (ZrO2), est notamment le matériau de choix pour les implants dentaires et les prothèses fixées.7 Aujourd’hui, les praticiens constatent que les patients ont un comportement dif- férent en termes de mode de vie et de trai- tements qu’ils sont prêts à accepter ou à suivre. De plus en plus de personnes recherchent une meilleure alimentation, une meilleure santé, se tournent vers les aliments biologiques, pour ne citer que quelques changements. Cette évolution va également dans le sens d’une participation plus active et plus responsable au choix des traitements qu’elles recherchent et sont disposées à entreprendre. Lors de leurs consultations, les chirurgiens- dentistes et en particulier les implantologues, se retrouvent de plus en plus fréquemment face à des patients en attente de traitements plus naturels et non toxiques, sous tous les angles des soins de santé. les médecins, Étude de cas Le patient de 45 ans présentait une res- tauration défectueuse d’une prémolaire supérieure gauche et des antécédents de traitement canalaire (Fig. 1). L’incisive cen- trale supérieure droite avait également été remplacée quelques années auparavant, et après la pose de l’implant et la restaura- tion, le patient avait éprouvé de la fatigue et souffert d’éruptions cutanées sur le visage, au-dessous de la paupière droite. Les symptômes de fatigue s’étaient dissi- pés au bout d’une année et l’utilisation de stéroïdes topiques permettait de traiter les éruptions cutanées, mais celles-ci réappa- raissaient après un arrêt prolongé des mé- dicaments. Les antécédents médicaux et dentaires ont été notés et des examens cli- niques et radiologiques réalisés. Ils ont révélé une mobilité de classe II au niveau de la seconde prémolaire supé- rieure gauche et une récidive carieuse sous-gingivale (Fig. 2). L’examen des coupes sagittales et coronaires obtenues par tomo- densitométrie volumique à faisceau co- nique (CBCT) a confirmé les résultats cli- niques. Le patient a été informé que la dent ne pouvait être sauvée et une extraction, suivie d’une greffe osseuse alvéolaire et du remplacement par un implant dentaire étaient donc recommandés. Les antécé- dents médicaux indiquaient une sensibili- té à divers objets métalliques tels que bi- joux, boucles de ceinture et même boutons métalliques des pantalons. Le patient a de- mandé qu’un implant non-métallique soit utilisé et a refusé la dépose de l’implant remplaçant l’incisive centrale supérieure droite. Le plan de traitement établi prévoyait une intervention en trois phases. La pre- mière comprenait l’extraction de la dent et la greffe osseuse alvéolaire, la deuxième prévoyait la pose d‘un implant et une pé- riode de protection, et la troisième incluait la restauration au moyen d’une couronne en zircone-céramique. Pendant la phase chirurgicale du plan, l’évaluation des images acquises par CBCT Au moment de la chirurgie, le patient a reçu une anesthésie locale. Au total, cinq 1a 1b 2 4 6 a permis de déterminer qu’un implant mo- nobloc en zircone (Zirkolith AG) ayant un diamètre de 4,0 mm, une plateforme de 4,8 mm et une longueur de 10 mm était le mieux adapté au site et au remplacement de la dent 25 (Fig. 3). Cette configuration de l’implant a été choisie afin d’opti miser l’es- thétique dentaire tout comme l’esthétique gingivale. Le choix de l’approche conserva- trice consistant à ne pas procéder à une pose immédiate reposait sur le modèle de l’implant, dont le corps était droit, mais surtout sur la faible stabilité initiale géné- ralement observée avec cette conception de filetage et de corps implantaires en cas de pose immédiate. Extraction et greffe osseuse alvéolaire 3 5 Fig. 1a : Vue intra-orale préopératoire. Fig. 1b : Vue coronaire préopératoire acquise par CBCT. Fig. 2 : Vue axiale préopératoire acquise par CBCT. Fig. 3 : Plan virtuel du traitement implantaire. Fig. 4 : Greffe osseuse alvéolaire. Fig. 5 : Crête 12 semaines après la greffe. Fig. 6 : Vue axiale après extraction et greffe. carpules de lidocaïne à 2 % – adrénaline 1/100 000 ont été administrées par une technique d’infiltration ne portant que sur les zones s’étendant entre la face distale de la dent 23 et la face mésiale de la dent 27, côté vestibulaire et palatin. Une incision intrasulculaire a été pratiquée entre la face mésiale de la dent 27 et la face mésiale de la dent 24. Les racines dentaires ont été décol- lées de l’os adjacent à l’aide de périotomes d‘épaisseur croissante. Aucune luxation n’a été nécessaire et la dent entière, sans sé- paration coronaire, a été extraite. Le cure- tage de l’alvéole a été réalisé par piézo- chirurgie ultrasonique (Mectron), au moyen d’un insert-boule diamanté. Un substitut osseux constitué d‘une céra- mique phosphate tricalcique bêta (curasan AG) et une membrane résorbable ont été utilisés pour la greffe alvéolaire, et le lam- beau a été refermé par des sutures en PTFE expansé (Fig. 4). Un délai de 12 semaines a été observé pour la cicatrisation du site avant d’y pratiquer un nouvel accès, en vue de la pose de l’implant.

Sommaire des pages