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Dental Tribune Édition Française No.2, 2017

RECHERCHE Dental Tribune Édition Française | Février 2017 6 L’halitose, qui se traduit par la présence de composés organiques volatils malodorants dans l’haleine, est une affection très répan- due, touchant un pourcentage élevé d’adultes ; près d’un tiers de la population mondiale souffre d’halitose orale chro- nique et 74% des personnes atteintes la considèrent comme un problème.1 L’hali- tose a de profondes incidences sociales pour celui qui en souffre et elle complique sensiblement les relations sociales dites normales. L’halitose peut être d’origine physiolo- gique ou pathologique et, selon la patholo- gie, la cause peut être intraorale ou extrao- rale (Fig. 1). L’halitose physiologique est, par exemple, la mauvaise haleine du matin, qui est de na- ture transitoire et résulte de la diminution du flux salivaire durant la nuit. D’autres fac- teurs liés au mode de vie peuvent égale- ment jouer, notamment le tabagisme, la consommation d’alcool ou de boissons et d’aliments aromatiques (tels que l’ail, l’oi- gnon et le chou). L’halitose physiologique représente un motif d’inquiétude assez cou- rant dans la population adulte mais il est possible d’y remédier facilement par une modification des boissons et aliments consommés, un brossage des dents, l’utilisa- tion de bains de bouche et un nettoyage de la langue. L’halitose pathologique est, par contre, plus délicate à traiter. Une haleine fétide peut avoir des causes extraorales telles que des troubles respiratoires, gastro-intesti- naux ou métaboliques, que l’hygiène bucco- dentaire ne peut résoudre car la cavité orale n’en est pas à l’origine.2–4 La majorité des ha- litoses ont cependant une cause intraorale. L’halitose orale est due à des composés sul- furés et organiques volatils (CSV et COV res- pectivement) provenant de la dégradation de substrats organiques par des bactéries anaérobies présentes sur la face dorsale de la langue, particulièrement dans la région pos- térieure de celle-ci.5, 6 En plus des bactéries linguales, elle peut également être provo- quée par une gingivite ou une parodontite. Chez les personnes ayant une hygiène buccodentaire et une santé gingivale satis- faisantes, l’halitose provient toutefois prin- cipalement des bactéries présentes sur la langue (Fig. 2a).4 Généralement, l’halitose est évaluée par un test organoleptique dont le score est déterminé par un examinateur formé à la perception des odeurs. Il en me- sure l’intensité et l’exprime en fonction d’une échelle de valeurs prédéfinies allant de 0 (aucune odeur perçue) à 5 (odeur extrê- mement forte). Une niche pour les biofilms bactériens La structure superficielle de la langue est très complexe et rugueuse, recouverte de papilles souples (Fig. 2b). En raison de la forme, de la taille et du schéma de répartition très variables de ces papilles, la surface de la langue présente de nombreuses cryptes et fissures7, 8 qui consti- tuent une niche microbienne idéale pour les bactéries anaérobies. Celles-ci peuvent ainsi proliférer et former des biofilms épais pratiquement sans perturbation. Grâce à leur mécanisme enzymatique so- phistiqué, les bactéries sont capables de dé- grader des mélanges complexes d’acides aminés et de protéines aux origines multi- ples (aliments, débris, cellules). En particu- lier, la dégradation d’acides aminés, tels que la cystéine et la méthionine, produit des CSV dont le pouvoir odorant est très élevé.9 La densité bactérienne par unité de surface de la langue a été liée à l’intensité de l’hali- tose.10–12 Par exemple, les personnes présen- tant une halitose marquée (score supérieur à 2,5 sur l’échelle organoleptique à 5 points) présentent une concentration élevée de bac- téries, plus de 1x108 unités formant colonie par cm2 de tissu lingual, alors que les per- sonnes ayant des scores moins élevés sur l’échelle organoleptique en comptent des nombres beaucoup plus faibles (approxi- mativement 1x107 ).12 Pour diminuer l’hali- tose des patients, la densité bactérienne lin- guale doit donc être réduite et maintenue à des niveaux bas. Traitement de l’halitose orale On dispose d’un grand nombre de pro- duits en vente libre pour traiter l’halitose orale, que l’on peut classer en deux catégo- ries : traitement chimique et traitement mécanique. Les traitements chimiques sont principalement des bains de bouche spécifi- quement conçus pour diminuer l’halitose orale. Ils contiennent une association d’ions métalliques et d’agents antibactériens dont les plus courants sont la chlorhexidine et le chlorure de cétylpyridinium (CPC) qui ont une puissante activité bactéricide. Les ions métalliques, tels que le zinc, se lient aux composés soufrés et forment des com- plexes insolubles (sulfure de zinc) non vola- tils et par conséquent inodores.10, 13–16 Une autre catégorie de bains de bouche pour lut- ter contre l’halitose contient du dioxyde de chlore, qui neutralise les gaz sulfureux et oxyde les CSV pendant que les anions chlo- rite ont un effet antibactérien.17 Bien que les bains de bouche puissent se révéler très efficaces en raison de leurs pro- priétés antibactériennes et leur capacité de masquer l’halitose orale, ils offrent rare- ment un résultat durable. Leur efficacité dure quelques heures mais leur effet sur la densité bactérienne linguale est faible.18, 10 Il est possible que cette action limitée sur la langue soit due au fait que les principes actifs des bains de bouche n’atteignent pas les bactéries responsables des mauvaises odeurs. Les biofilms qui produisent les gaz vola- tils sont généralement incrustés profondé- ment entre les papilles linguales (Fig. 2c) où le mélange et la diffusion des principes ac- tifs sont difficiles en raison de l’étroitesse des espaces interpapillaires, de la viscosité des molécules salivaires et de la faible per- méabilité des biofilms. C’est pourquoi les lignes directrices du traitement de l’halitose orale élaborées par les professionnels de la santé dentaire sou- lignent le besoin de nettoyer la langue au moyen de grattoirs ou de brosses. Selon les études cliniques, l’utilisation de méthodes mécaniques réduit l’enduit lin- gual.10–21 Toutefois, l’effet sur l’halitose est de très courte durée,19 probablement en raison de la réduction des nutriments bactériens présents dans l’enduit lingual et non de la réduction de la densité bactérienne elle- même.22 La quantité restreinte de bactéries éliminées de la surface complexe de la langue découle de la difficulté à atteindre le biofilm entre les papilles linguales. Le tissu lingual étant en outre très souple, l’utilisation de grattoirs linguaux risque de mener à l’écrasement des papilles, au pié- geage en profondeur du biofilm bactérien et, par conséquent, au manque d’élimina- tion de celui-ci. Approche combinée pour une haleine fraîche tout au long de la journée L’utilisation concomitante de bains de bouche et de moyens mécaniques pourrait être plus efficace pour faire pénétrer les principes actifs plus profondément dans le biofilm que l’utilisation séparée des pro- duits isolément, tout en permettant une ré- duction de l’enduit lingual et de la densité bactérienne. Comme l’ont montré des études récentes, l’approche chimique et mécanique combi- Causes et traitement de l’halitose Par le Dr Paola Gomez-Pereira, Royaume-Uni Fig. 1 : Classification de l’halitose orale (modifiée selon Scully et Greenman).|Fig. 2a : Langue légèrement saburrale|Fig. 2b : Histologie des papilles filiformes et fongiformes de la langue humaine (https://www. med.umich.edu/histology/giliver/oralcavity.htm).|Fig. 2c : Illustration des papilles revêtues d’un biofilm entre les libérations de composés organiques volatils (COV) dans la cavité orale. a a e ale e e o al to e al to o e al to e r ta le al to e olo e o rr t re a a e e ale al to e at olo e Orale Extra orale 1 2 3a 3b Figs. 3a–e : Brosse-langue Philips Sonicare TongueCare+ Spray, BreathRx, et illustrations du nettoyage entre les papilles linguales recouvertes d’un biofilm au moyen des microbrins de la brosse et du spray BreathRx. 3c 3d 3e DTF0217_06-07_Recherche.indd 6 30.01.17 14:13 12 DTF0217_06-07_Recherche.indd 630.01.1714:13

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