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Dental Tribune Édition Française No.2, 2017

TALENTS Dental Tribune Édition Française | Février 2017 11 Marc Revise : Emmanuelle, comment t’est ve- nue cette idée de sauter dans les airs ? Emmanuelle Droneau : C’est une envie que j’ai depuis toujours. J’ai commencé à parler de sauts en parachute vers l’âge de 8 ans. Il faut dire que j’ai une famille «aérienne» (père pilote de ligne et ma tante, Catherine Maunoury, double championne du monde de voltige aérienne). Je dois avoir hérité d’un gène de l’air ! J’ai fait mon pre- mier saut (en tandem) dès que j’ai eu l’âge requis, à 16 ans. Cela m’a tellement plu que j’ai immédiatement su que ça allait devenir le centre de ma vie ! 2 ans plus tard, je faisais une formation pour apprendre à sauter seule. Aurais-tu une anecdote à raconter aux lec- teurs ? Pas qu’une seule, Marc ! Une histoire as- sez piquante : un saut de montgolfière m’a valu un atterrissage dans un champ de ronces ! Un jour, un parachutiste m’a percu- té en chute libre à pleine vitesse : pouce droit cassé. Je démarrais un remplacement la semaine suivante, et je suis droitière... et puis, en mars dernier à Dubaï la caméra de Nicolas Campistron, mon vidéoman s’est décrochée de son casque au moment où il est sorti de l’avion. Elle a été retrouvée in- tacte au beau milieu du désert après une chute libre de 4000 mètres ! Comment as-tu réussi à concilier sauts et études, compétitions et cabinet ? Ça m’a demandé une sacrée organisa- tion… Étudiante en fac dentaire à Nantes, le fait d’être sportive de haut niveau me don- nait droit à des périodes d’absence afin de partir aux entraînements. Mais d’une ma- nière générale je me débrouillais pour sau- ter beaucoup pendant les week-ends et toutes les vacances. Ensuite j’ai fait 4 années de remplacements tout en m’entraînant ré- gulièrement avec mon équipe ; soit, une se- maine par mois, tous les mois, toute l’an- née. L’intérêt des remplacements était que je choisissais moi-même les périodes où je cherchais du travail, en fonction de mon planning de sauts. De 2012 à 2016, j’ai été en collaboration libérale dans le cabinet du Dr Cottaz, qui a été très compréhensive sur mes absences mensuelles. Je me suis fait remplacer à chaque fois afin de ne pas péna- liser les patients par mes absences répétées, ce qui m’a demandé de trouver des rempla- çants toute l’année. As-tu déjà eu peur de sauter ? Non. Pas vraiment. Les peurs que j’ai par- fois se manifestent avant les sauts de com- pétition. Mais c’est lié à l’appréhension de ne pas faire un bon saut. Pas au fait de me jeter de l’avion. Le tout premier saut il y a 15 ans m’a sans doute fait un peu peur, mais mon esprit n’a conservé que la sensation ex- traordinaire et a occulté cette peur… D’une manière générale, je n’ai pas peur pour moi, mais je ne peux pas m’empêcher de stresser dès que quelqu’un de mon entourage fait un saut de découverte ! Donc si je comprends bien,ta seule appréhen- sion est de ne pas bien réaliser les figures pendant un saut de compétition... Oui, dans mon équipe, nous sommes 5, 4 performeurs et le vidéoman, et si je fais un mauvais saut je pénalise tout le monde... Si- non, parfois, à la phase d’ouverture du para- chute, il y a toujours ce petit instant d’une fraction de seconde où je croise les doigts pour que la voile s›ouvre correctement… Quel saut t’a le plus marquée ? Le saut de record du monde de Freefly fé- minin en 2013 à Eloy, en Arizona : nous étions 63 femmes parachutistes – les meil- leures femmes mondiales réunies pour réa- liser une figure commune. Nous sommes montées à 6000m, sous oxygène, les sauts «standards» s’effectuent à 4000 mètres habituellement, et il nous a fallu plusieurs tentatives avant de réussir la figure. L’objec- tif était que les 63 parachutistes se tiennent par la main en chutant tête en bas, à une vi- tesse de 280km/h. Le saut où nous avons réussi à le faire était vraiment incroyable. J’ai ressenti une grande émotion. C’était comme si une immense onde d’énergie po- sitive se propageait entre toutes nos mains et… une certaine fierté d’avoir été sélection- née pour y participer. Tu as rangé ta combinaison nationale et plié ta voile ? Oui, j’ai arrêté la compétition en octobre dernier, juste après les championnats du monde de Chicago. Il me semblait difficile de passer de ce rythme intense d’entraîne- ments mensuels à plus rien. Pour combler ce manque, nous avons donc décidé avec mon mari de partir en tour du monde pen- dant un an ! Nous nous sommes mariés en août, et cela constitue donc notre voyage de noces ! En rentrant en France en septembre 2017, j’ai comme projet d’installer mon cabi- net dentaire en Savoie, région où je vivais avant de partir et où je souhaite fonder ma famille. Emmanuelle, au nom de tous les lecteurs, je t’adresse tous nos vœux de bonheur pour cette vie où, j’en ai l’intuition, tu auras les pieds sur terre… Crédit photos : © Nicolas Campistron A 31 ans, avec plus de 2600 sauts, le palmarès d’Emmanuelle Droneau, capitaine de l’équipe de France est incroyable : plusieurs médailles en compétitions nationales en Freestyle de 2008 à 2010 ; record de France de Freefly en août 2013 ; record du monde de Freefly féminin aux États-Unis en novembre 2013 ; médaille d›or en coupe du monde de vol relatif vertical en septembre 2015 aux Pays-Bas ; médaille d›or aux championnats d›Europe de vol relatif vertical en septembre 2015 aux Pays-Bas ; médaille d›or aux tout premiers championnats du monde de vol relatif vertical indoor en octobre 2015 en Ré- publique tchèque ; médaille d›argent aux World Air Games à Dubaï en décembre 2015 ; médaille de bronze aux championnats du monde de vol relatif vertical en septembre 2016 à Chicago. Une consœur qui n’a pas toujours les pieds sur terre ! Par le Dr Marc Revise Passion de dents, passion dehors Indoor Dubaï TALENTS 11 DTF0217_11_Talents.indd 11 30.01.17 14:14 Dental Tribune Édition Française | Février 201711 DTF0217_11_Talents.indd 1130.01.1714:14

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