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Labo Tribune Édition Française

LABOTRIBUNE The World’s Laboratory Newspaper · Édition Française MARS 2016–Vol. 8, No. 3 www.dental-tribune.fr PLANETEDENTAIRE Aujourd’hui prothèse dentaire et CFAO sont indissociables. Ses domaines d’application sont multiples et ne cessent de se diversifier. De la numérisation du maître modèle à la prothèse. Confort, économie et précision. Que vont devenir nos articulateurs ? ” Pages 17 | 22 CASLABORATOIRE Les piliers hybrides sont constitués d’une base en titane surmontéed’unpilierencéramique-zirconeoudisilicatede lithium. Un ciment réalise la cohésion entre ces deux éléments. R. Verhoeven détaille le pas à pas prothétique. On s’y colle ! ” Pages 20 | 21 ACTUSPRODUITS Imprimantes 3 D, ordinateur, scanner, machines à usiner, blocs de céramique. Retrouvez toutes les innovations qui chaque année progressent à pas de géant. Les porte-empreintes des outils préhistoriques ? ” Page 18 MARSEILLE, France : Le professeur Louis Hoffart,chefduserviced’ophtalmologiedela Timonerendlavueàdesaveugles,grâceàune prothèse oculaire taillée dans une dent. Il est leseulpraticienenFranceàréalisercetteopé- ration chirurgicale d’une extrême com- plexité, et travaille en coopération avec son confrère Laurent Guyot, chef du service de chirurgie maxillo-faciale du même établisse- ment. La technique, baptisée ostéo-kératopro- thèse,aétémiseaupointdanslesannées70par un médecin italien, le Dr Benedetto Stampelli, mais elle n’est que très peu pratiquée dans le monde, en raison de la complexité de l’inter- vention. Cette opération de dernière chance, s’adresse à des personnes aveugles des deux yeux, chez qui tout a échoué auparavant. En France,leprofesseurHoffartestseulpraticienà réaliser cette chirurgie de l’extrême, en coopé- rationavecsonconfrèreLaurentGuyot,chefdu service de chirurgie maxillo-faciale de la Ti- mone.LeprofesseurHoffartprécise:«Engéné- ral,cespatientsontperdulavueaprèsdesbrû- lures oculaires graves, ou des maladies auto- immunes qui ont obstrué totalement la sur- face de leur oeil. Leur tissu oculaire est tellement endommagé qu’une greffe de cor- née est devenue impossible. En dessous pour- tant,l’oeilrestebon». LorsquelePrLouisHoffartexpliqueàsespa- tients l’incroyable intervention qu’il leur pro- pose, beaucoup restent incrédules. « Il s’agit en effet d’utiliser une dent pour implan- teruneprothèseoculaire»,confirmelespécia- liste. La technique consiste à utiliser en auto- greffe une canine du patient, afin de servir de support à une minuscule lentille focale, qui permettradeconduirelalumièrejusqu’àlaré- tine.Pourquoiunedent?«Parcequelesmaté- riauxsynthétiquessontrejetésparl’oeil,etque les os sont progressivement dissous. Seule la dentine est à la fois tolérée et résistante», ex- pliqueleprofeseurHoffart. Unefoislacanineprélevée,leschirurgiensla débitent, afin de récupérer une fine plaquette d’une douzaine de millimètres. Puis ils réali- sentunpetittrouaumilieu,ycollentlehublot. Avantd’êtreimplantéedansl’oeil,ladentvad’a- bord être «mise en nourrice» dans la joue du patient:«Unemiseenculturedesixmoisdans la pommette, permet de vasculariser la pro- thèse.Destissussecréentautour,etvontrendre possible l’implantation», souligne Louis Hof- fart. La dent va ensuite être suturée sur une autogreffedemuqueuseoraleaprèsextraction de la cornée, de l’iris, du cristallin, qui ne sont plusfonctionnelscartropendommagés.Lehu- blot va permettre de conduire la lumière jusqu’àlamacula-lazonedelarétineresponsa- bledelavisioncentrale-etrestaurer,parcetun- neldelumière,unestimulationdutissusenso- riel. Pour ces patients aveugles, qui vivent dans l’obscuritédepuisdenombreusesannées,c’est unerenaissance.«Progressivement,ilsvontré- cupérer la perception de la lumière, des contours, la vision des couleurs. Ils recouvrent en moyenne une acuité visuelle de 4/10e, qui pourras’améliorerencoreavecleportdelunet- tes. Ils redeviennent autonomes, peuvent retrouver une vie normale. Certains parvien- nent même à lire». Le Pr Hoffart ne cache pas toutefois que cette intervention est risquée. «De graves complications sont possibles, pro- blèmes d’infection, de décollement de rétine, deglaucome».Raisonpourlaquelleellen’estja- maispratiquéesurlesdeuxyeux,etresteréser- véeauxpatientspourlesquelsc’estladernière chancederecouvrerlavue. Le spécialiste ajoute: «La prochaine étape dansletraitementdecestypesdecécitésprin- cipalement d’origine cornéenne, c’est la théra- pie cellulaire. Mais les techniques ne sont pas encoreaupoint.Ellesleserontsansdoutedans dix ou quinze ans. On ne peut pas demander aux patients qui souffrent d’attendre les pro- grès de la science sans rien faire». Cette opéra- tion constitue donc un espoir immense après desannéesdecécitéetdeparcoursducombat- tant,entregreffesdecornées,rejets,déceptions et douloureuses complications pour les rares patientspouvantbénéficierdecettetechnique. En attendant les avancées promises par la thérapie cellulaire, le Pr Hoffart voit plus loin. «Lorsque les dents du patient sont abîmées, nous cherchons à proposer une alternative. La prochaine prothèse oculaire que nous pose- rons sera réalisée non plus avec une canine, maisavecducartilageprélevésurl’oreilledupa- tient».Comptetenudelalourdeur,desrisques et des limites de cette intervention, notam- mentsurleplanesthétique,ladécisionesttou- joursmûrementréfléchie.«Monprochainpa- tient est un jeune homme de 27 ans, de Besan- çon,quiestdevenuaveugleenfaisantexploser unebombeartisanaledanssachambre.Sinous réussissonsàluirendreunpeudevision,celava complètementchangersavie»,soulignelepra- ticien. Croquer la vue à pleines dents © SandiMako/Shutterstock.com

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