14 CAS CLINIQUE Implant Tribune Édition Française | 2/2023 Technique Snake dans le traitement des défauts des tissus mous péri-implantaires postérieurs Drs Cosmin Dima et Iulia Florea, Roumanie Les défauts des tissus mous péri- implantaires (perte papillaire, dimi- nution du volume de la muqueuse, récession gingivale, déhiscence, mo- difi cation de la couleur de la crête) sont des complications courantes des traitements implantaires, et nuisent au résultat esthétique fi nal, et à la sta- bilité des implants sur le long terme.1, 2 De nombreux facteurs peuvent in- fl uer sur la survenue de défauts des tissus mous péri-implantaires. Une perte osseuse faciale et un biotype fi n en favorisent la récession,3 et une épaisseur de tissu mou inférieure à 2 mm, contribue à une perte de l’os marginal péri-implantaire,4, 5 avec pour conséquences l’exposition de l’implant, et la modifi cation du rapport entre le pilier et la couronne. La combinaison d’une récession gin- givale et d’une muqueuse très peu kératinisée, entraîne des diffi cultés à éliminer la plaque, une infl ammation, et l’insatisfaction des patients quant à l’esthétique.6 Une greff e des tissus mous au niveau des sites d’implantation im- médiate est réalisée dans le cadre d’une chirurgie en deux temps à des fi ns esthétiques, de reconstruction papillaire, de gain de largeur de la muqueuse kératinisée, d’augmenta- tion du volume de la muqueuse, et de préservation du contour de la crête alvéolaire.7 La nécessité de la prise en charge des défauts des tissus mous entourant les implants est un fac- teur de plus en plus important, car l’implantation immédiate est asso- ciée à une récession gingivale péri- implantaire, qui survient à la suite des processus de remodelage tissulaire. est la technique la mieux étudiée en matière de greff e de tissus mous péri-implantaires. Il s’est avéré que cette technique permet une aug- mentation de la largeur de la mu- queuse kératinisée, comprise entre 1,15 mm ± 0,81 mm et 2,57 mm ± 0,50 mm, et un recouvrement partiel de la sur- face de l’implant après une récession de gencive péri-implantaire.12 L’utili- sation simultanée d’un lambeau posi- tionné apicalement et d’une matrice de collagène pour augmenter la largeur de la muqueuse kératinisée, entraîne moins de morbidité et réduit la durée de l’intervention, tout étant aussi effi cace que la même technique associée à une greff e de gencive libre.13 Le conditionnement des tissus mous péri-implantaires à l’aide d’une greff e épithéliale libre provenant de tissu autologue, a également été proposé pour la prise en charge de la morphologie des défauts supra- crestaux et/ou de type déhiscence.14 Les techniques ayant recours à des greff es autologues sont beaucoup plus effi caces pour améliorer l’esthé- tique et augmenter l’épaisseur des tissus mous péri-implantaires, que les techniques sans greff e.15, 16 Selon une analyse systématique de la litté- rature, l’utilisation de greff es auto- logues pour augmenter l’épaisseur de la muqueuse, est associée à une perte nettement moindre de l’os marginal sur le long terme. De plus, l’utilisation combinée d’un lambeau positionné apicalement et d’une greff e autologue pour augmenter la largeur du tissu kératinisé, améliore fortement les indices de saignement au sondage, et les niveaux d’os mar- ginaux.17 Malgré les résultats favorables des techniques de conditionnement 1 Fig. 1 : Situation préopératoire, montrant la zone concave entre les implants, favorisant la rétention de résidus alimentaires et la péri-implantite. Lorsque des implants sont posés sans augmentation des tissus mous, la muqueuse péri-implantaire peut s’amincir et présenter une teinte grisâtre, ou sa texture peut se mo- difi er en raison de cicatrices dues à une mauvaise gestion du lambeau.8, 9 Une muqueuse péri-implantaire très mince (moins de 2 mm) peut paraître transparente, et par conséquent laisser transparaître l’implant ou le pilier.10 Diverses techniques chirurgicales, ainsi que des procédures chirurgi- cales et prothétiques combinées, ont été décrites dans la prise en charge thérapeutique des défauts des tissus mous péri-implantaires. Il existe dans la littérature des arguments en faveur d’interventions chirurgicales en deux temps, pratiquées au niveau des tissus mous péri-implantaires. Selon une analyse de la documenta- tion, les traitements associés à des exigences esthétiques élevées ou à l’impossibilité d’eff ectuer un contrôle adéquat de la plaque dentaire, re- quièrent la régénération de la mu- queuse kératinisée, pour maintenir la stabilité des tissus mous péri- implantaires.11 Le type de lambeau dépend de l’étendue de la récession de la gencive péri-implantaire, de la profondeur vestibulaire, de la largeur de la gencive attachée, et du volume du tissu interproximal.1 Une ap- proche chirurgicale classique fait appel à des lambeaux positionnés apicalement ou latéralement, dès le moment où l’implant est exposé. Ces techniques sont combinées avec une greff e de gencive libre, si la lar- geur de la muqueuse kératinisée qui recouvre la crête alvéolaire est mini- male. Le recours à un lambeau posi- tionné apicalement ou à une vestibu- loplastie, en combinaison avec une greff e de gencive libre ou une greff e de tissu conjonctif sous-épithélial, 2 5 8 3 6 9 4 7 10 Figs. 2–5 : Incision des bords du lambeau et désépithélialisation. Figs. 6–9 : Lambeau d’épaisseur partielle. Fig. 10 : Essai de greff e gingivale par lambeau pédiculé. des tissus mous péri-implantaires susmentionnées, il faut tenir compte de la morbidité (due à la plaie résul- tant de l’incision au niveau du site donneur palatin), des modifi cations dynamiques des tissus mous, et de la durée plus longue de la cicatrisation. Bien que ces techniques permettent d’éviter les problèmes de perte de volume et de récession péri-implantaire superfi cielle, elles sont moins pré- dictibles dans le cadre de la prise en charge des récessions péri- implantaires profondes ou étendues, et de la perte papillaire.1 Ces inconvé- nients peuvent être surmontés par des techniques de lambeaux pédicu- lés de tissu épithélial ou conjonctif, utilisés avec ou sans matrices de collagène.18, 19 Les techniques de lambeaux pédiculés représentent une nouvelle approche chirurgicale minimalement invasive, qui peut être réalisée en un ou deux temps dans les zones anté- rieures et postérieures, ainsi qu’au niveau d’implants unitaires ou plu- raux adjacents.18 Les techniques de lambeaux pédiculés sont particu- lièrement recommandées chez les patients nécessitant un retraitement après un échec implantaire, et chez les patients édentés porteurs de nombreux implants, et qui néces- sitent un conditionnement des tissus mous au moyen de plusieurs greff es de tissu conjonctif.18 Pandolfi décrit un type de lambeau modifi é (lambeau en oméga, inspiré de la technique du lambeau rouleau) qui combine un lambeau roulé avec une technique de poche modifi ée, pour corriger les défauts horizontaux localisés de la crête alvéolaire, et pour augmenter l’épaisseur des tissus mous péri- implantaires.20 Cette technique, qui utilise le tissu conjonctif supra- crestal du site chirurgical de l’im- plant, permet d’éviter le prélèvement de tissu conjonctif autologue sur un autre site donneur. Tabanella décrit une technique de lambeau pédiculé vestibulaire réalisée dans les régions antérieures et postérieures, en pré- sence d’au moins deux implants adjacents.18 La technique commence par une longue incision horizontale en lingual, qui se prolonge légèrement en vestibulaire, suivie d’incisions para- sulculaires en mésial et en distal. La jonction muco-gingivale est inci- sée au moyen d’une lame n° 15C, afi n d’éviter toute perforation du lam- beau. Le lambeau est positionné en vestibulaire et un léger chevauche- ment des tissus dans cette zone crée des plis, qui permettent d’augmenter le volume de la muqueuse. Moreno Rodriguez et Caff esse ont proposé une technique de lambeau pédiculé (lambeau de rotation latérale) pour le traitement des défauts péri- implantaires.21 La technique consiste à créer un site récepteur au niveau de la région mésio-vestibulaire et apicale entourant chaque implant. Un lambeau pédiculé de tissu kéra- tinisé est élevé dans la zone disto- palatine adjacente à l’implant, puis tourné de 90°, pour être positionné et suturé sur la zone vestibulaire péri- implantaire.21, 22