18 SPÉCIAL ADF CONFÉRENCE À VENIR Dental Tribune Édition Française | 11/2023 1 2 Fig. 1: Analyse de l’expression de PHB1 dans le tissu gingival murin atteint de parodontite expérimentale. Coupe histologique des pre- mières (M1) et secondes molaires maxillaires (M2), avec marquage en immunofluorescence des noyaux cellulaires (DAPI, bleu) et de PHB1 (vert), chez un groupe de souris contrôle, et un groupe de souris atteintes de parodontite, induite par ligatures enduites de P. gingivalis. L’expression de PHB1 est augmentée dans le tissu gingival atteint de parodontite. Fig. 2 : Concentration des cytokines pro- et anti-inflam- matoires, suite à une inflammation systémique induite par P. gingivalis traitée par l’IN44. Effet du traitement IN44 sur la concentration plas- matique de cytokines pro-inflammatoires, après une inflammation systémique induite chez la souris par P. gingivalis. Les concentrations plasmatiques des cytokines IFN-γ, TNF-α, IL-17A, et IL-10, ont été mesurées à l’aide d’un multiplex. (n = 6/groupe) (**p < 0,05 ; ***p < 0,001). pro-inflammatoires (TNF-α et IL-1β) in- duites par l’infection à P.gingivalis, pour revenir à des niveaux proches de ceux du groupe contrôle sans infection. Une analyse protéomique a ensuite mis en évidence que ce ligand de PHB1 semble aussi capable de moduler la réponse immunitaire, en agissant sur la concen- tration de HSP60, une protéine chape- ron mitochondriale et Akt, une protéine kinase majeure impliquée dans la ré- ponse immunitaire innée. Ces résultats soulignant un rôle potentiel des PHB dans le processus in- flammatoire induit par l’infection à P. gingivalis, ont été confirmés in vivo. Dans un modèle murin d’infection sys- témique par P. gingivalis, nous avons observé que l’IN44 permettait de dimi- nuer la concentration plasmatique de cytokines pro-inflammatoires (IL-1 et IFN-γ) (Fig. 2). Tandis que le traitement par IN44 chez des souris atteintes de parodontite a permis d’initier la cica- trisation parodontale, en diminuant la profondeur de poche parodontale. En conclusion, les prohibitines pourraient représenter des cibles thérapeutiques intéressantes pour le traitement des parodontites. Par son action anti-inflammatoire effi- cace pour contre-carrer la réponse délétère initiée par l’infection à P. gingivalis, et par son effet initia- teur de la cicatrisation parodontale démontrés in vitro et in vivo, l’IN44 est une molécule prometteuse pour le traitement des parodontites. Cepen- dant, des recherches plus approfon- dies sont nécessaires pour confir- mer ces propriétés sur des modèles plus complexes. Références 1 Tabti R, Lamoureux F, Charrier C, Ory B, Heymann D, Bentouhami E, Désaubry L. Development of prohibitin ligands against osteoporosis, Eur J Med Chem. 2021 Jan 15:210:112961. doi:10.1016/j. ejmech.2020.112961. Epub 2020 Oct 23. 2 Oliveira Costa F, Miranda Cota LO, Cortelli JR, Ca- valca Cortelli S, Magalhães Cyrino R, Pereira Lages EJ, Lima Oliveira AP. Surgical and Non-surgical Procedures Associated with Recurrence of Perio- dontitis in Periodontal Maintenance Therapy: 5-year prospective study. PLoS One. 2015 Oct 23;10(10):e0140847. Modélisation expéri- mentale de l’interface os – implant Rémy Gauthier, UMR 5510 CNRS – INSA de Lyon L’os est un tissu mécano biolo- gique. Les cellules responsables de la régulation de l’intégrité osseuse sont capables de répondre, et de s’adapter aux sollicitations biomécaniques.1 Au contact d’un implant dentaire, l’envi- ronnement biomécanique des cellules est modifié.2 Le comportement au voisinage de l’implant est directement dépendant des propriétés de l’implant (propriété mécanique, géométrie, pro- priétés de surface, etc-), et impacté éga- lement par la procédure chirurgicale.3 Afin de comprendre ce comportement biologique et mécanique, il semble déterminant d’étudier les interactions qui existent entre l’os et l’implant. À l’heure actuelle, ces interac- tions sont principalement étudiées à l’aide de modèles animaux. Plusieurs implants dentaires peuvent par exemple être placés chez l’animal, permettant d’analyser la qualité du tissu péri-implantaire après son eu- thanasie. Si ce type de modèle animal demeure aujourd’hui une méthode nécessaire pour passer de la re- Comment optimiser l’hygiène bucco- dentaire des enfants porteurs de fente labio-palatine ? Tony Prud'Homme, UIC odontologie, université de Nantes L’étude HBD-Fente est un projet établi conjointement entre le service cherche préclinique à la clinique du quotidien, il pose des questions éthiques évidentes, et voue à être li- mité dans le futur, comme demandé par les institutions européennes. Il devient donc urgent de développer de nouvelles méthodes permettant de développer et d’optimiser de nou- velles stratégies de soins. Cepen- dant, les modèles ex vivo du remode- lage osseux demeurent limités.4 Le projet EVRIBODY (Ex Vivo mo- deling and chaRacterIzation of BOne Dental implant sYstem) s’inscrit dans ce contexte de développement de méthodes expérimentales alterna- tives à l’expérimentation animale, pour le développement de biomaté- riaux pour l’orthopédie et l’implanto- logie dentaire. Son objectif est de dé- velopper un dispositif expérimental permettant de cultiver un explant os- seux en lui appliquant différents sti- muli, afin d’en évaluer l’influence sur l’évolution des propriétés du tissu osseux. Ainsi, un bioréacteur, sous forme de cellule de perfusion, de type cellule de Hassler,5 permettant d’alimenter les cellules localisées dans le réseau poreux osseux, est en cours de développement (Fig. 1). Ce bioréacteur permettra d’ap- pliquer différentes natures de char- 1 2 Fig. 1: La première version du bioréacteur consiste en une cellule de perfusion, de type cellule de Hassler, permettant de contrôler la pression de fluide appliquée au sein de l’échantillon osseux. Fig. 2 : Visualisation 3D du réseau lacunocanaliculaire au sein d’une diaphyse tibial humaine, obtenue par imagerie à fluorescence après segmentation. Dans ce volume, les trois types de porosités im- pliquées dans le remodelage osseux sont visibles : les canaux de Havers (102 µm), les lacunes ostéocytaires (102 µm, et les canalicules (102 µm)). Les ostéocytes se trouvent dans les lacunes ostéocytaires et sont connectés entre eux et au réseau via les canalicules. gement mécanique, une compres- sion axiale sur le dessus de l’explant, ou encore une pression similaire à la pression sanguine, connus comme étant deux types de chargement im- pliqués dans la mécano biologie os- seuse.6, 7 Ce dispositif de recherche extra corporel, appelé bioréacteur, pourrait également être intégré à une étuve avec des conditions contrôlées (37°C, 95 % RH, 5 % CO2), afin de permettre le maintien en vie des cellules au sein de l’explant, et ainsi évaluer leur comportement sous l’action de différents charge- ments mécaniques. Par ailleurs, le bioréacteur sera transparent aux rayons X, dans le but d’analyser par microtomographie aux rayons X les propriétés du tissu osseux. Un proto- cole de caractérisation complète et multiéchelle de l’explant osseux sera développé en parallèle, pour évaluer l’effet de différentes natures de char- gement mécanique, sur les proprié- tés du tissu osseux. En particulier, la nature du réseau poreux mul- tiéchelle composé du réseau vascu- laire, et du réseau submicrométrique lacunocanaliculaire8, sera contrôlée. La morphologie de ce réseau in- fluence la pression et la vitesse des fluides qui y circulent, avec un effet direct sur le stimulus mécanique transmis aux cellules osseuses.9–11 Dans ce contexte, un protocole de segmentation et d’analyse de ce ré- seau poreux a été développé (Fig. 2). Enfin, le placement d’un implant den- taire au sein de l’explant osseux per- mettra de mieux comprendre l’in- fluence d’un chargement mécanique sur les propriétés du tissu péri- implantaire, et ainsi d’optimiser au maximum le dispositif médical avant l’essai pré-clinique sur l’animal. Veuillez scanner ce code QR pour la liste des références. d’odontologie et le service de chirur- gie maxillo-faciale et stomatologie de Nantes. Il a pour objectif principal d’évaluer l’apport d’un programme personnalisé incluant la motivation à l’hygiène bucco-dentaire, et un suivi dentaire régulier d’enfants porteurs de fente labio-palatine. Ce projet est un essai clinique thérapeutique inter- ventionnel, prospectif, contrôlé, ran- domisé, monocentrique. Pour cette étude, les enfants ont été divisés en deux groupes grâce à une randomisation. Un groupe test et un groupe contrôle. Le groupe contrôle n’a pas vu de modification de sa prise en charge habituelle. En effet ils ont assisté à leur consulta- tion annuelle de suivi en chirurgie maxillo-faciale, pendant laquelle les conseils d’hygiène dispensés ont été les mêmes que ceux habituellement donnés par les chirurgiens et ortho- dontistes. Si les enfants avaient be- soin de soins dentaires, ils étaient orientés vers leurs dentistes. Le groupe test a quant à lui reçu une consultation dentaire de 45 mi- nutes ajoutée à la consultation de suivi, et une nouvelle consultation à six mois. Pendant cette consultation dentaire ont été réalisés : 1. une motivation à l’hygiène bucco- dentaire avec explications orales et écrites. 2. des démonstrations afin d’obtenir la meilleure coopération de la part des parents et des enfants ; et 3. des actes de prophylaxies et de soins nécessaires. Si la totalité des soins n’étaient pas possibles en une séance, l’enfant était convoqué rapidement au ser- vice d’odontologie pour la suite des traitements. Pour le groupe test étaient également mises en place des téléconsultations tous les deux mois, afin de réitérer les messages essen- tiels de l’hygiène bucco-dentaire. L’apport de ce programme per- sonnalisé a été évalué principale- ment par l’évolution de l’indice CAOD/caod. L’indice de plaque de Silness et Loe, la satisfaction liée à la prise en charge, et l’accessibilité des soins étaient également notés. Ils ont été relevés pour tous les pa- tients le jour de l’inclusion. Ils le se- ront aussi à un an, à la fin du pro- gramme personnalisé, et à deux ans, pour évaluer son effet sur le long terme. Après avoir obtenu un finance- ment de 15 000 euros, notre étude a dû satisfaire aux exigences régle- mentaires. Après examen par la di- rection de la recherche clinique et de l’innovation du centre hospita- lo-universitaire de Nantes, son en- registrement sur Clinical Trials a été effectuée. Elle a pu obtenir son auto- risation de mise en place par un co- mité de protection des personnes le 2 avril 2023. Suite à la mise en place d’une base de recueil des données en lignes, les inclusions ont com- mencé en mai 2023. 1 2 Fig. 1: La peur de léser les tissus mous, l’apparition de saignements lors du brossage à cause de l’inflammation gingivale, la difficulté d’accès à certaines dents à cause de dysmorphoses dento-maxillaire, et les difficultés d’accès de certaines zones de la cavité buccale au brossage, peuvent être des facteurs entraînant une hygiène bucco-dentaire défectueuse. Fig. 2 : Afin d’optimiser la prise en charge des patients porteurs de fentes, un protocole d’hygiène bucco-dentaire personnalisé sera mis en place pour un groupe test. Les pa- tients du groupe contrôle de l’étude bénéficieront seulement des rendez-vous de contrôle, là où le groupe test aura un suivi person- nalisé incluant notamment des téléconsultations.