4 COMPTE RENDU Dental Tribune Édition Française | Juin/Juillet 2022 La 5e édition du congrès EURO IMPLANTO, un succès et un plaisir de se rencontrer à nouveau Dr Renaud Petitbois, président du congrès EURO IMPLANTO qui s’est tenu à Nice du 6 au 9 avril, au Palais de la méditer- ranée, a lancé la cinquième édition du congrès. Très attendu après deux reports dus à la pandémie, le congrès avait pour thème : « Make implantology simple/Faire une implantolo- gie simplifiée ». Pour le Dr Petitbois, simplifier une tech- nique ne veut certainement pas dire la rendre simpliste. Trente-sept conférenciers étaient présents, un tiers étran- ger, un tiers français et un tiers niçois. Drs Matthieu Collin et Mathieu Chautard ont présenté le concept du Pro Arch, qui permet de proposer une solution de réhabilitation simple, rapide et économique ,sans greffe osseuse et avec une mise en charge immédiate. Ils se sont in- téressés particulièrement à l’option du « All-on-4 ». Établit par le Dr Paulo Malo, le concept préconise la réhabilitation des arcades édentées par le placement de quatre implants répartis sur l’arcade : deux implants postérieurs inclinés et deux implants antérieurs droits. Une belle illustration de la citation de Per-Ingvar Brånemark, « No one should die with their teeth sitting in a glass » (Per- sonne ne devrait mourir avec ses dents dans un verre), et l’idée qu’il n’est jamais trop tard pour considérer des implants, une prothèse, était la présentation d’une patiente âgée de 97 ans à qui seulement deux dents restaient. À la fin de la réhabilita- tion, une lettre de remerciement qui ne peut donner que la plus belle des satisfactions, de pouvoir vraiment aller au-delà des résultats qui peuvent être attendus : « Je vais le mieux pos- sible et ne vous remercierai jamais assez de m’avoir offert la passion de votre métier, en me permettant le petit bonheur de mordre dans un simple morceau de pain frais. » Dr Amélie Manjot dans sa présentation « One tooth – One time » (1T1T), ou la mise en charge immédiate des implants unitaires postérieurs avec la couronne définitive, a parlé de l’avènement des technologies numériques et de l’apparition des composites CFAO, et en particulier des PICNs (céra- miques hybrides), permettant de mettre en œuvre des nou- velles stratégies thérapeutiques sur dents et sur implants. Elle a présenté un protocole naît du développement de nou- veaux biomatériaux, basé sur un concept biomécanique dé- coulant de ce développement. La littérature montre que le nombre de peri-implantites est deux fois plus important chez des patients avec des fa- cettes d’usure liées au bruxisme. Si les charges occlusales sur l’implant sont trop importantes, elles entraîneront une perte d’os autour de l’implant. Le matériau idéal doit agir comme ressort sur le tissu dentaire. Si on considère les pertes d’implants, il est primordial de considérer le matériau utilisé. La zircone est un matériau très solide et très rigide, mais n’a pas la capacité de se défor- mer. C’est aussi un matériau qui ne s’use pas et ne peut amortir les chocs. Elle n’absorbe donc pas le stress, et va tout transmettre à ce qui est en dessous : l’implant ou une dent naturelle, menant ainsi à des peri-implantites, à des frac- tures radiculaires. La zircone ne doit donc pas être prôner pour toutes les indications. Il n’y a pas de matériau univer- sel et le matériau doit être choisi en fonction du cas et de ce à quoi on veut aboutir. Les PICNs ont une rigidité située entre l’émail et la den- tine. Ils ont aussi une capacité à se déformer. Sous l’effet d’un stress occlusal, ils sont capables de jouer le rôle de res- sort et d’absorber les chocs, un facteur important en im- plantologie. Ils ont aussi l’avantage de très bien coller et sont, en termes d’adhésion, équivalent à une vitro céra- mique. Il est parfois nécessaire de travailler avec un maté- riau qui a un effet amortisseur. De cette nécessité, a expli- qué le Dr Mainjot, est naît le concept 1T1T. Si un matériau est capable d’absorber les chocs alors pourquoi pas, le jour de la pose d’un implant, mettre directement la couronne d’usage sur l’implant. Grâce à ce protocole, on peut vraiment guider les tissus mous dans leur position idéale avec le design de la prothèse. Il est aussi intéressant d’avoir un matériau qui s’use comme la dent et peut s’adapter à l’occlusion. Le 1T1T remplit bien les objectifs fixés, la simplicité, l’effi- cacité, les coûts réduits. Les patients sont ravis. Il est aussi possible de guider les tissus et d’obtenir une belle cicatrisa- tion autour de l’implant. Palais de la méditerranée. (Photo : Nathalie Schüller) stress oxydatif, mécanisme qui fait fondre l’os autour des im- plants. Tout spécialiste en implantologie sait qu’il est difficile de maintenir l’os. Les facteurs qui en sont la cause ne sont pas clairs, il est donc nécessaire de revenir à la biologie de la cellule. On ne peut pas se passer d’antioxydants. Une personne en bonne santé a un équilibre entre la fabrication d’oxidants et d’antioxydants. Lorsque ce n’est pas le cas, on se retrouve avec un stress oxidatif, une fabrication trop importante d’oxi- dants. Les conséquences qui en découlent sont des cellules, membranes endommagées, qui altèrent la cicatrisation et in- duise une immunité qui est déficiente. Inévitablement, le nombre de complications, d’échecs, d’infections augmente. Les maladies inflammatoires posent des problèmes en chirurgie car elles sont un stress oxydatif. Le diabète est un stress oxydatif, l’obésité est un stress oxydatif. Le diabète on le sait, est un problème majeur, c’est une maladie inflamma- toire chronique. Les fumeurs sont les patients les plus redou- tés, la fumée détruit les antioxydants de la bouche et ces pa- tients sont également déficitaires en vitamine D. À part les patients souffrant de parodontites, on a pu remarquer que ce sont ces patients qui meurent du Covid car ils sont en stress oxydatif, leur taux d’immunité est tellement réduit que leurs chances de vaincre le Covid sont extrêmement réduites. Le rapport entre le stress oxydatif et l’os est que l’augmen- tation d’oxydants est l’élément critique de la physiopatholo- gie de la résorption osseuse. Quand vous rencontrez une ré- sorption osseuse c’est que cet os était en oxydation et l’os se résorbe car il ne se renouvèle plus. Il est donc nécessaire d’ex- plorer le stress oxydatif en préopératoire. La vitamine D est une hormone qui agit aussi sur toutes les cellules et est excel- lente pour stimuler la fabrication d’antioxydants qui, en nombres suffisants, augmentent l’immunité. Un manque d’antioxydants entravera le succès de la chirurgie d’ostéo- intégration et l’os ne pourra pas être maintenu car le nombre trop élevé d’oxydants génèrera une inflammation chronique. L’ostéo-intégration démarre par une ré action immuni- taire : l’inflammation. La cicatrisation démarre avec l’in- flammation. Cette inflammation est bénéfique seulement pendant cinq jours, lorsqu’elle persiste elle devient délétère car elle entraînera une production excessive d’oxydants, sera à l’origine d’un stress oxydatif et diminuera l’immuni- té, tout en augmentant la possibilité d’un déficit osseux. Le seul os qui se résorbe est l’os cortical car il est le seul capable de s’oxyder. L’os spongieux ne s’oxyde jamais. C’est une er- reur de penser que les implants posés doivent tenir comme dans du béton. Toute compression de l’os greffé sera fatale. Un os greffé se comporte comme un os cortical. Le Dr Joseph Choukroun (mentionné par plus d’un des conférenciers dans leurs présentations), a voulu parler du Est-ce que la peri-implantite est une maladie immuni- taire ? Oui, c’est évident, une maladie immunitaire causée © Nathalie Schüller par un stress oxydatif. La perte osseuse est secondaire, soit parce que l’on a trop comprimé l’os, soit parce que l’on n’a pas libéré les lambeaux, soit parce le patient a une maladie immunitaire et finalement, il y a des patients qui ont un pa- rodonte incompétent, un parodonte qui est imperméable aux bactéries. Plus de la moitié de la population mondiale est candidate aux péri-implantites. Pourquoi ? leur parodonte est incom- pétent et ne peut empêcher les bactéries de rentrer. Si elles rentrent elles vont résorber l’os, quel que soit l’implant utili- sé, quel que soit l’os. Par contre, si un implant est sans pres- sion, que le chirurgien-dentiste a contrôlé la biologie, et que le parodonte est compétent, quinze ans plus tard, il ne se passe rien, il n’y a aucune raison de rencontrer une péri- implantite. Pour le Dr Choukroun l’immunité est donc obligatoire et il est possible de conclure que le stress oxydatif est à l’ori- gine de la résorption. Finalement, quelques conférenciers ont bien voulu nous dire pourquoi ils viennent à EURO IMPLANTO Dr Choukroun, ce n’est pas la première fois que vous participez au congrès EURO IMPLANTO, pourquoi est-il important pour vous ? Ce congrès est un congrès où il y a toujours de très grands leaders d’opinion, français et étrangers, le niveau scienti- fique est très élevé, et c’est donc toujours un plaisir d’y par- ticiper, et la raison pour laquelle je reviens à chaque fois. Je ne suis jamais déçu. L’aspect humain est également très important, la taille du congrès rend aussi très facile de rencontrer beaucoup de gens, et pour ma part, beaucoup d’amis, de gens que je connais. C’est un peu la famille qui se retrouve. Pour les personnes qui n’ont pas pu assister au congrès, quels sont les points que vous aimeriez mettre en avant ? Je voudrais partager un seul message car c’est aujourd’hui le message d’actualité. Le Covid nous a violement rappelé que si les chirurgiens-dentistes veulent réussir leur ostéo- intégration, il faut que leurs patients aient un système im- munitaire efficace. Car aujourd’hui, l’ostéo-intégration dé- pend quasiment entièrement, de la compétence du système immunitaire. Dr Odin, pourquoi venir à EURO IMPLANTO ? Il y presque vingt ans, avant EURO IMPLANTO, nous avions avec Gérard Scortecci, organisé l’équivalent de ce congrès : le Forum d’implantologie basale, à la faculté de »