30 RECHERCHE Ortho Tribune Édition Française | Mai 2022 Un nouveau test PCR devrait améliorer la détection et le traitement du cancer de la bouche Iveta Ramonaite, Dental Tribune International Dans le but d’améliorer la détection et le traitement du cancer de la bouche, des cher- cheurs de l’université Queen Mary de Londres, ont mis au point le premier test de réaction en chaîne par polymérase (PCR) pour la détection du cancer de la bouche. En plus de donner des résultats rapides, le test, un cas bénin peut rapidement se transfor- mer en cancer, et si le patient n’en est pas conscient, il risque de se faire soigner tardi- vement. Les soins tardifs sont souvent plus agressifs et plus coûteux et peuvent réduire considérablement les taux de survie. Le chercheur principal, le Dr Iain Hutchison, que biologiste moléculaire, je recherche les gènes du cancer à l’aide de la qPCR (PCR quantitative) depuis plus de 20 ans. Comme la détection de ces gènes à l’aide de la qPCR est si fiable et si rapide, je suis contrarié par le fait que cette superbe technologie ne soit pas largement utilisée pour le diagnostic du Le Dr Teh a déclaré que le test qMIDS pou- vait désormais faire l’objet d’une étude cli- nique prospective, visant à confirmer sa ca- pacité de diagnostic dans un contexte cli- nique réel. Cependant, des fonds supplé- mentaires sont nécessaires pour mettre en œuvre et intégrer le test dans les infrastruc- © valiantsin suprunovich/Shutterstock.com Des chercheurs ont mis au point un test rapide de dépistage du cancer de la bouche, pour améliorer la détection précoce du cancer et l’ont déjà validé sur des patients de Chine, d’Inde et du Royaume-Uni. appelé système de diagnostic quantitatif de l’indice de malignité (qMIDS), est rentable et facile à utiliser, et pourrait soulager la pres- sion sur les services de santé du pays. Selon le National Health Service (NHS – Service de santé national), le cancer de la bouche est le sixième cancer le plus fré- quent dans le monde. Au Royaume-Uni, en- viron 8 300 cas de cancer de la bouche sont détectés chaque année. Bien que sept sur dix de ces cas de cancer commencent par des lésions pré-malignes, seule une sur dix de ces lésions se transformera en cancer. Jusqu’à présent, les chercheurs n’ont pas réussi à trouver un moyen optimal d’identi- fier les lésions susceptibles de devenir can- céreuses. L’une des méthodes consiste à uti- liser un système de classification, pour exa- miner des échantillons de tissus au micros- cope. Cependant, le système de classification des tumeurs malignes manque souvent d’exactitude et de précision. Si un clinicien ne sait pas si une lésion buccale est cancéreuse, les patients présen- tant une pré-malignité doivent être exami- nés régulièrement sur une longue période, quel que soit leur niveau de risque. Cela peut être perturbant pour le patient et coû- teux pour le système de santé. Cependant, professeur de chirurgie orale et maxillo- faciale à Queen Mary, a déclaré dans un com- muniqué de presse de l’université : « qMIDS nous aidera à identifier les patients atteints de pré-malignités qui ne se transformeront jamais en cancer, afin qu’ils puissent être ras- surés et sortir de l’hôpital. Les patients pré- sentant une pré-malignité à haut risque peuvent subir une intervention chirurgicale mineure pour enlever la lésion, avant qu’elle ne se transforme en cancer, ce qui permet de guérir le patient et de lui éviter une interven- tion chirurgicale majeure, réduisant ainsi les coûts des services de santé. Il s’agit d’un outil puissant, surtout lorsqu’il est utilisé en conjonction avec l’évaluation histopatholo- gique conventionnelle. » Commentant l’importance de la détection précoce du cancer, le Dr Muy-Teck Teh, inven- teur du qMIDS, a déclaré à Dental Tribune International : « J’ai toujours pensé que la dé- tection précoce du cancer était la clé du suc- cès d’un traitement. Si le cancer est détecté tôt, le traitement sera plus facile et moins no- cif. Plus important encore, un traitement pré- coce a des chances de guérison nettement plus élevées pour le patient. » Malgré ses avantages, le test n’est pas en- core disponible pour être utilisé. « En tant cancer. Il est inacceptable que les patients doivent attendre entre une et trois semaines pour obtenir leur rapport de pathologie, alors qu’il existe déjà une technologie qPCR fantastique et rentable, qui peut fournir des résultats en quelques heures », a commenté le Dr Teh. Il a également noté que, puisque les cancers de la bouche sont plus répandus dans les groupes socio-économiques infé- rieurs, l’amélioration de l’accessibilité au qMIDS pourrait optimiser la recherche de cas dans les populations défavorisées et à haut risques. Caractéristiques du test Le test de diagnostic qMIDS peut être réa- lisé sur de multiples sites de lésions dans toute la bouche, lorsque de grandes sur- faces sont touchées. Les résultats peuvent être obtenus 90 minutes après qu’ils sont reçu par le technicien. Le test peut détecter à la fois les patients atteints de cancer de la bouche à faible risque, et ceux à haut risque, améliorant ainsi les taux de guéri- son et les résultats des traitements. Selon les chercheurs, le test étant basé sur la dé- tection chimique et la quantification nu- mérique automatisée, le risque d’erreur hu- maine est minimisé. tures de soins de santé existantes, avant qu’il ne soit disponible pour un usage pu- blic. Similitudes avec le test PCR pour la détection du SARS-CoV-2 Le Dr Teh a expliqué que, comme les tests PCR Covid-19, le test qMIDS détecte l’ARN. De plus, les deux tests nécessitent un tech- nicien de laboratoire pour faire fonctionner la machine qPCR et effectuer l’analyse. Tou- tefois, il existe deux différences essentielles. Premièrement, le test PCR Covid-19 néces- site un écouvillon nasal ou buccal, alors que le test qMIDS nécessite une minuscule biopsie de tissu de 1 mm, qui peut être effec- tuée par un dentiste généraliste ou un chirurgien-dentiste. Deuxièmement, les tests PCR Covid-19 détectent moins d’une poignée de gènes viraux, alors que le test qMIDS peut détecter seize gènes humains. L’étude, intitulée « Molecular signatures of tumour and its microenvironment for precise quantitative diagnosis of oral squa- mous cell carcinoma : An international multi-cohort diagnostic validation study », a été publiée en ligne le 9 mars 2022 dans Cancers.