conférence en direct Approches innovantes en régénération pulpaire, cicatrisation de l’os irradié. L’IFRO fête ses 20 ans ! · Martine Bonnaure-Mallet · Jacques-Olivier Pers RECHERCHE B27 – Mercredi 24 novembre | 14h00–17h00 – Responsables scientifiques : – Conférenciers : · Jean-Christophe Farges · Anne-Gaëlle Bodard · Isabelle Fontanille-Descottes · Olivia Kérourédan · Xavier Coutel · Ihsène Taïhi-Nassif Développement d’un hydrogel nanocomposite antibactérien pour la régénération de la pulpe dentaire humaine Bekhouche M,a, d Bolon M,a Charriaud F,a Lamrayah M,a Da Costa D,a, b Primard C,b Costantini A,a Pasdeloup M,a Gobert S,a Mallein-Gerin F,a Verrier B,a Ducret M,a, c, d Farges JCa, c, d a Laboratoire de biologie tissulaire et in- génierie thérapeutique UMR5305 CNRS/ université Lyon 1, Lyon, France. b Adjuvatis®, Lyon, France. c Hospices civils de Lyon, service de consultations et traitements dentaires, Lyon, France. d Faculté d’odontologie, université de Lyon, université Lyon 1, Lyon, France. Les procédures endodontiques régénératives (PERs) à base d’hydrogel sont considérées comme des stratégies thérapeutiques très pro- metteuses pour reconstruire la pulpe dentaire (PD) dans les dents humaines dévitalisées. Ce- pendant, la réussite du processus de régénéra- Microstructure de l’hydrogel de fibrine nanocomposite ob- servée en microscopie électronique à balayage. Des nano- particules sont indiquées par les flèches rouges. Barre blanche = 10 μm. La fonctionnalisation d’un hydrogel de fibrine par des nano- particules d’antibiotiques lui confère des propriétés anti- bactériennes qui n’ont pas d’effet délétère sur les cellules souches mésenchymateuses de la pulpe dentaire humaine. tion est limitée par les bactéries résiduelles qui peuvent persister dans l’espace endodontique, après l’étape de désinfection, et contaminer le biomatériau. L’objectif de ce travail était de développer un hydrogel de fibrine innovant incorporant des nanoparticules (NPs) d’acide poly (L,D)-lactique (PLA) chargées en clindamycine (CLIN), pour conférer à l’hydrogel des propriétés antibacté- riennes. Les NPs de CLIN-PLA (CLIN-PLA-NPs) ont été synthétisées par une méthode de nano- précipitation sans tensioactif, et leurs proprié- tés microphysiques ont été évaluées par diffu- sion dynamique de la lumière, mobilité électro- phorétique et microscopie électronique à ba- layage. Leur efficacité antimicrobienne a été évaluée sur Enterococcus fæcalis par la détermi- nation de la concentration minimale inhibitrice (CMI), et des concentrations minimales d’inhibi- tion et d’éradication du biofilm (MBIC et MBEC). Les propriétés antibactériennes de l’hydrogel nanocomposite ont été vérifiées par des tests de diffusion en gélose. La distribution des NPs dans l’hydrogel et leur libération ont été évaluées en utilisant des PLA-NPs fluores- centes. La cytotoxicité des NPs a été évaluée sur des cellules souches mésenchymateuses de pulpe dentaire (DP-MSCs) incorporées dans l’hy- drogel. La synthèse du collagène de type I a été étu- diée après sept jours de culture par immunohis- tochimie. Les CLIN-PLA-NPs synthétisées pré- sentent une charge d’antibiotique de 10 ± 2 μg par mg de polymère de PLA et une efficacité de piégeage de 43 ± 7 %. Le chargement de l’antibio- tique n’affecte pas la taille, l’indice de polydis- persité et le potentiel zêta des NPs. La CMI pour Enterococcus fæcalis est de 32 μg/mL. La MBIC50 et la MBEC50 sont respec- tivement de 4 et 16 μg/mL. Les CLIN-PLA-NPs sont distribuées de manière homogène dans l’ensemble de l’hydrogel. Les hydrogels chargés de CLIN-PLA-NPs inhibent clairement la crois- sance d’E. fæcalis. La viabilité des DP-MSCs et la synthèse du collagène de type I dans l’hydrogel de fibrine ne sont pas affectées par les CLIN-PLA-NPs. En conclusion, l’incorporation de CLIN-PLA-NPs dans l’hydrogel de fibrine confère à ce dernier des propriétés antibactériennes et antibiofilms, sans affecter la viabilité et la fonction cellulaire. Cette formulation pourrait contribuer à l’établis- sement d’un environnement aseptique propice à la reconstruction de la pulpe dentaire et, par conséquent, pourrait être un outil précieux pour les PERs. Références – Development of an antibacterial nanocomposite hydro- gel for human dental pulp engineering. Bekhouche M, Bolon M, Charriaud F, Lamrayah M, Da Costa D, Primard C, Costantini A, Pasdeloup M, Gobert S, Mallein-Gerin F, Verrier B, Ducret M, Farges JC. J Mater Chem B. 2020 Sep 23;8(36):8422-8432. doi: 10.1039/d0tb00989j. – Fibrin-based scaffolds for dental pulp regeneration: from biology to nanotherapeutics. Ducret M, Costantini A, Gobert S, Farges JC, Bekhouche M. Eur Cell Mater. 2021 Jan 2;41:1-14. doi: 10.22203/eCM Quelles perspectives pour la cicatrisation de l’os irradié ? Anne-Gaëlle Bodard et coll. Introduction La radiothérapie externe est une modalité thérapeutique majeure en cancérologie de la tête et du cou. Elle entraîne néanmoins des effets indésirables à long terme, notamment des altérations osseuses. L’hypovascularisation, l’hypoxie et la réduction du remodelage osseux favorisent le risque de survenue d’une ostéora- dionécrose (ORN). De nombreuses propositions thérapeutiques existent pour la prise en charge de l’ORN (chirurgie, laser de basse énergie, oxy- génothérapie hyperbare, protocole médicamen- teux Pentoclo, etc.), sans toutefois permettre une guérison de la majorité des cas. Aussi, dans les formes extensives, la prise en charge est chirur- gicale et consiste en une ablation partielle de l’os concerné, impactant fortement la qualité de vie du patient. Hypothèses Nous avons souhaité, dans un premier temps, mettre au point un modèle d’irradiation mandibulaire chez l’animal, afin de déterminer la cinétique de cicatrisation de l’os irradié, puis, dans un second temps, évaluer les effets des ul- trasons pulsés de basse intensité (LIPUS) sur la cicatrisation de l’os irradié. En effet, ils ont dé- montré leur intérêt dans la réparation osseuse en traumatologie, et nous avons émis l’hypo- thèse qu’ils pourraient stimuler la cicatrisation de l’os irradié. Matériel et méthodes Trois groupes de lapins New Zealand white ont été étudiés : – un groupe contrôle (C) ; – un groupe irradié (R) ; – un groupe irradié et insonifié (RL). Le protocole d’irradiation (groupes R et RL) a consisté en cinq séances délivrant 8.5 Gy cha- cune, à raison d’une séance hebdomadaire. Im- médiatement après la fin de la dernière séance d’irradiation, les animaux (tous les groupes) ont bénéficié de la création d’une néoalvéole stan- dardisée, sous anesthésie générale. Puis le groupe RL a bénéficié de dix séances d’insonifi- cation, de 20 minutes chacune. Les sacrifices ont été échelonnés entre J0 et J42. Une analyse histologique et microradiogra- phique (microscanner) et de la microdureté a été effectuée pour chaque animal. Résultats D’un point de vue histologique, le défaut os- seux était presque complètement réparé à J28 pour le groupe C, alors qu’il était comblé par du tissu fibreux et du tissu immature à J42 pour le groupe R. Au niveau du microscanner, la densité miné- rale osseuse, le rapport Bone Volume/Trabecular volume, le Trabecular Number et le Trabecular Spacing étaient statistiquement différents pour les groupes C et R. Concernant le groupe RL, les résultats étaient beaucoup plus hétérogènes, avec pour conséquence une absence de signifi- cativité des différences observées. Toutefois, les animaux se nourrissaient mieux, et on notait en particulier aux phases précoces une améliora- tion du Trabecular Number. Discussion Le modèle animal d’irradiation proposé re- produit le fractionnement de la radiothérapie à visée thérapeutique chez l’humain (Zhang, 2010).1 Malgré quelques différences au niveau histologique, et une plus grande radiorésis- tance, il semblerait que le modèle d’irradiation mandibulaire chez le lapin, soit intéressant pour tester de nouvelles thérapeutiques. Concernant les LIPUS, les premiers résultats sont encoura- geants, mais à interpréter avec prudence du fait du nombre d’échantillons analysés et de l’hété- rogénéité des observations. Leur rôle est sans doute plutôt intéressant dans les phases pré- coces de la cicatrisation osseuse, avec un effet au niveau de la vascularisation (Zhou, 2016).2 Références 1 Zhang WB, Zheng LW, Chua D, et al. Bone regeneration after radiotherapy in an animal model. J Oral Maxillofac Surg 2010;68:2802-9. 2 Zhou Z, Lang M, Fan W, Dong X, Zhu L, Xiao J, Wang Y. Prevention of osteoradionecrosis of the jaws by low- intensity ultrasound in the dog model. Int J Oral Maxillofac Surg 2016; 45:1170-76. Traitement de l’obésité et diabète : impact de la parodontite sévère Isabelle Fontanille,a, b Alexandre Courtet,a Alexis Van Straaten,c Anne-Sophie Jannot,c, d, e Philippe Bouchard,a, f Sébastien Czernichowg a Département de parodontologie, U.F.R. d’odontologie, université de Paris, hôpi- tal Rothschild AP-HP, Paris, France. b Service d’odontologie, Evreux, France. c Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), service d’informatique médi- cale, biostatistiques et santé publique, hôpital européen Georges Pompidou, Paris, France d Université de Paris, Paris, France. e Centre de recherche des cordeliers, uni- versité de la Sorbonne, Inserm, univer- sité de Paris, Paris, France. f EA 2496, U.F.R. d’odontologie, université de Paris, Paris, France. g Service de nutrition (centre spécialisé obésité) hôpital européen Georges Pom- pidou, AP-HP, Paris, France. Université de médecine Paris Descartes, France. L’obésité est une maladie chronique dont la pré- valence ne cesse d’augmenter. Elle est associée à un risque de diabète sept fois plus élevé, et à un risque de décès deux à trois fois plus élevé que les sujets de poids normal. La chirurgie bariatrique est une stratégie ef- ficace de perte de poids proposée comme traite- ment de première ligne, pour les patients adultes atteints d’obésité sévère IMC ≥ 40 ou ≥ 35 kg/m² avec au moins une comorbidité, par exemple, le diabète.1 En 2016, plus de 59 000 adultes ont subi une chirurgie bariatrique en France. Les résultats de cette intervention permettent une améliora- tion globale de l’inflammation générale (maté- rialisée par la diminution des marqueurs pro-in- flammatoires tels que TNF-, IL6, CRP, etc.), et contribue à une réduction des comorbidités telles que le diabète. Une association positive a été démontrée entre obésité et parodontite.2 La parodontite est associée au diabète et à un état inflammatoire de bas-grade. La présence d’une parodontite sé- vère, non traitée, pourrait donc impacter les ré- sultats de la chirurgie en termes de : – Résultats cliniques liés à un déficit mastica- toire suite aux pertes dentaires. – Résultats biologiques liés au statut inflamma- toire de bas-grade. Actuellement, l’HAS recommande d’évaluer le statut dentaire et le coefficient masticatoire des patients avant toute chirurgie bariatrique. Une radiographie dentaire panoramique est donc réalisée avant cette intervention. En re- vanche, aucune évaluation de l’état parodontal n’est recommandée. À ce jour, il n’existe donc pas d’étude concernant l’impact de l’état paro- dontal sur les résultats de la chirurgie baria- trique. L’objectif de cette étude rétrospective était donc d’évaluer l’état parodontal-mesuré par la ADF Paris 2021 · 24/25 novembre 9