8 MÉDECINES DOUCES Dental Tribune Édition Française | Juin/Juillet 2021 Présentation de la rhinite allergique (RA) © Kazakov Maksim/Shutterstock.com © chutima chaimratana/Shutterstock.com © Sixsmith/Shutterstock.com Ortie Définition La rhinite allergique est une pathologie, qui ressort périodiquement sous les feux de l’actualité saisonnière et géographique. Elle touche en moyenne un individu sur trois et altère beaucoup la qualité de vie. Tableau clinique – Nous pou- vons observer classiquement les signes suivants dont : – le nez coule et gratte ; – les yeux pleurent ; – une fatigue générale pèse ; – le sommeil est perturbé. La prévention La prévention constituera l’approche pri- vilégiée pour éviter sa survenue et donc ses manifestations : – par le biais de la gestion des allergènes. Il faudra, si possible, planifier le calendrier et le lieu des vacances, pour échapper aux périodes de pleines floraisons. © Alex Cofaru/Shutterstock.com 1 – Urtica dioica (ortie) Les feuilles présentent de nombreux principes actifs dont : des flavonoïdes (1 à 2 %), des éléments minéraux (20 %) avec du calcium, potassium, fer et silicium, des acides aminés : glutamine, des acides phénoliques : acide caféique, acide chloro- génique, de la chlorophylle (2,7 %). L’étude de Roschek2 montre qu’un extrait d‘ortie provoque une inhibition de plu- sieurs événements inflammatoires clés, à l‘origine des symptômes d‘allergies saison- nières. Son action se situe au niveau des ré- cepteurs de l‘histamine 1 (H1) et de l‘inhibi- tion des mastocytes empêchant la dégranu- lation et la libération d‘une multitude de médiateurs pro-inflammatoires, qui pro- voquent les symptômes de la RA. L‘extrait d‘ortie inhibe également la formation de prostaglandines. 2 – Plantago major et lanceolata (plantain) Ils sont composés principalement de Rhinite allergique – Par de l’immunothérapie allergénique. Elle constitue à l’heure actuelle un traitement réellement étiologique grâce à l‘administra- tion programmée d‘extraits d‘allergènes.1 – Par l’apport de thérapeutiques phytothé- rapiques. La phytothérapie De nombreuses plantes ou associations de plantes peuvent être en mesure de four- nir un soulagement symptomatique. Nous retrouvons l’Astragalus membrana- ceus, le thé vert Benifuuki, la pétasite hybride, la nigelle ou cumin noir, la spiruline, etc. Nous retiendrons une association syner- gique avec : mucilages (2 à 6,5 %), d’iridoïdes (2 à 3 %) : aucuboside, catalpol, aspéruloside, de flavo- noïdes : apigénine, lutéoline et leurs déri- vés, de tanins (6,5 %), d’acides phénols : acide chlorogénique, acide caféique, et de saponoside. Le plantain possède de nombreuses pro- priétés astringentes, hémostatiques, expec- torantes, cicatrisantes en général, et du sys- tème respiratoire en particulier. Il exerce une action inhibitrice vis-à-vis de l’hista- mine, grâce à ses principes actifs tels les flavonoïdes et tels les iridoïdes qui sont de très petites molécules anti-inflammatoires. L’aucuboside possède également, en plus, des effets antiallergiques. Plantain Pérille 3 – Le plantain et l’ortie en recours précoce et durable, pendant trois mois, peuvent per- mettre de résoudre définitivement les aller- gies saisonnières, opérant une sorte de dé- sensibilisation naturelle.3 Ils s’utilisent habi- tuellement en tisane avec deux cuillères à soupe de chaque dans un litre d’eau, mais surtout en teinture-mère ou en extrait fluide. Les cures sont à faire sur trois se- maines par mois ou cinq jours sur sept, pré- cocement et jusqu’à la fin des pollens. La pérille: Perilla frutescens peut venir compléter avantageusement ce binôme.4 Depuis 1977, tous les résultats convergent sur les avantages de cette plante dans le trai- tement de la RA, par son action réductrice de la production d‘histamine et d‘immoglo- buline E. Pour son huile végétale particuliè- rement riche en omégas 3 la dose journa- lière maximale est de 5 ml. Il est recomman- dé : – de commencer le programme d’entretien avant les premiers signes avec 2,5 ml, équi- valent à une demi-cuillère à café par jour, à prendre avant un repas ; – de passer au programme d’attaque pen- dant les pics de pollen avec 5 ml, équiva- lent à une cuillère à café par jour, à prendre avant un repas. Des tisanes à base de camomille alle- mande (Matricaria recutita), de sureau (Sambucus nigra) peuvent renforcer le trai- tement ainsi que de la gemmothérapie, en cas de crise, à base de bourgeons de Ribes nigrum et de Rosa canina. Approche globale de la RA Pour une maîtrise encore meilleure, il ne faudra pas oublier une vision médicale plus globale, incluant la prise en compte des émonctoires et en particulier du foie. En cas d’allergie, une cure de drainage peut se jus- tifier, afin de rediriger les déchets métabo- liques vers les émonctoires naturels. Le drai- nage hépatique, ainsi que son rééquilibrage énergétique pour tempérer sa « chaleur » (notion de MTC), améliore les symptômes allergiques et le terrain atopique d’une ma- nière générale. Le microbiote intestinal enfin sera capi- tal. La diversité microbienne des intestins, avec la peau et les voies respiratoires, est im- portante pour la prévention de la sensibili- sation et des maladies allergiques chez les populations.5 L’utilisation adjuvante de probiotiques chez les patients présentant une RA symp- tomatique est recommandée par cure sur trois ou quatre semaines, à renouveler plu- sieurs fois par an, mais une consommation ponctuelle et régulière, tous les deux jours ou trois fois par semaine, semble aussi inté- ressante. En parallèle, tout problème immunitaire, allergique et inflammatoire chronique est le reflet d’un déficit de perméabilité intesti- nale. Il sera nécessaire de la restaurer grâce à du zinc, de la vitamine D, des polyphénols (quercétine) et surtout de la glutamine (info produit Perma-Royal, de la Royale ). Certains compléments utiles comme l’acupuncture, l’homéopathie, ainsi qu’une alimentation choisie et équilibrée, pourront être également intégrés dans la stratégie de soins. Références : 1 Ferguson BJ. Environmental controls of aller- gies. Otolaryngol Clin North AM. 2008 Apr; 41(2):411-7, viii-ix. doi: 10.1016/j.otc.2007.11.006. 2 Roschek B Jr, Fink RC, McMichael M, Alberte RS. Nettle extract (Urtica dioica) affects key receptors and enzymes associated with aller- gic rhinitis. Phytotherapy research. 2009 Jul ; (23(7) :920-6. doi: 10.1002/ptr.2763. 3 Michel Pierre, Caroline Gayet. Ma bible de l’herboristerie. Éditions Leduc. Publication 16 octobre 2018. 4 Jeon IH, Kim HS, Kang HJ, Lee HS, Jeong SII, Kim SJ, Jang SII. Anti-inflammatory and antipru ritic effects of luteolin from Perilla (P. frutescens L.) leaves. Molecules. 2014 May 27; 19(6):6941-51. doi: 10.3390/molecules19066941. 5 Wise SK, Lin SY, Toskala E, Orlandi RR, Akdis CA, Alt JA, Azar A, Baroody FM, Bachert C, Can- nonica GW, Chacko T, Cingi C, Ciprandi G, Co- rey J, Cox LS, Creticos PS, Custovic A, Damask C, DeConde A, DelGaudio JM, Ebert CS, Eloy JA, Flanagan CE, Fokkens WJ, Franzese C, Gose- path J, Halderman A, Hamilton RG, Hoffman HJ, Hohlfeld JM, Houser SM, Hwang PH, In- corvaia C, Jarvis D, Khalid AN, Kilpeläinen M, Kingdom TT, Krouse H, Larenas-Linnemann D, Laury AM, Lee SE, Levy JM, Luong AU, Marple BF, McCoul ED, McMains KC, Melén E, Mims JW, Moscato G, Mullol J, Nelson HS, Patadia M, Pawankar R, Pfaar O, Platt MP, Reisach- er W, Rondón C, Rudmik L, Ryan M, Sastre J, Schlosser EJ, Settipane RA, Sharma HP, Sheikh A, Smith TL, Tantilipikorn P, Tversky JR, Veling MC, Wang DY, Westman M, Wickman M, Zach- arek M. International Consensus Statement on Allergy and Rhinology: Allergic Rhinitis. Int Forum Allergy Rhinol. 2018 Feb;8(2):108– 352. doi: 10.1002/alr.22073. Dr Hervé Zarka · Chirurgien-dentiste · DPU de phytothérapie et aromathérapie en odontosto- matologie La Drôme