DENTAL TRIBUNE ÉDITION BELGE OCTOBRE 2020 INTERVIEW/INFOS INTERNATIONALES/BILLET D'HUMEUR 5 dit qu’il serait sympathique et intéressant de créer des rendez-vous en terres inconnues dentaires... Cette fois, l’idée est d’aller à la rencontre de personnalités françaises, suisses ou portugaises, par exemple, qui se déplaceraient difficilement en Belgique. Les congrès internatio- naux sont organisés au cours d’une semaine, en résidentiel. Ils apportent une véritable valeur ajoutée: les dentistes se croisent au jour le jour, dès le petit-déjeuner, et le dialogue finit par s’installer. Cela nous a d’ailleurs permis de rencontrer de futurs orateurs passionnants dont nous ne soupçonnions même pas l’existence. Nous sommes en contact avec des spécialistes à La Réunion, au Maroc, en Italie... La profession a vécu une sorte d’abandon en pleine pandémie Les leçons de la crise sanitaire Nous ne doutons pas que la crise COVID-19 vous aura, comme toute la profession, frappés de plein fouet. Comment l’avez- vous vécue? M.C.: Nous organisons nos événements près d’un an à l’avance, pour toujours nous laisser le temps de la réflexion. Toute l’année 2020 était sur les rails. Puis, au mois de mars, le rideau est tombé! Tout devait obligatoirement être annulé. Nous avons dû nous réinventer et repenser la nature de nos interven- tions. Le métier de dentiste est très «isolant» dans sa pratique; nombre d’entre nous ne travaillent pas dans des cabinets de groupe et, parmi ceux-ci, certains n’ont pas d’assis- tant. En pareil cas, nous sommes seuls. À l’arrivée de la crise COVID-19, beaucoup nous appelaient: quel type de masque devons-nous porter? Que pouvons-nous encore faire? Etc. Nous ne pouvions plus les voir en présen- tiel, or il était évident que notre rôle était de les aider. C’est alors que, comme une bonne partie de l’huma- nité, nous avons décidé de garder le contact avec les gens grâce aux plateformes de visioconférence. Nous avons lancé des webinaires gratuits animés par des orateurs reconnus, au début principalement en lien avec l’impact de la pandémie sur le quotidien des praticiens: aménage- ment de la digue pour limiter l’aérosolisation des soins, systèmes de désinfection, etc. Il s’est alors passé quelque chose d’incroyable: nous avions 4.000 inscrits à nos webinaires! Je pense que la profes- sion a vécu une sorte d’abandon en pleine crise et la demande était Un fait d’armes: la gratuité pour les étudiants Le 10e anniversaire de l’APAD offre l’occasion à ses créateurs de lancer un regard dans le rétroviseur. Et s’il fallait épingler le fait d’armes de cette décennie? Michaël Cesa cite volontiers la gratuité d’inscrip- tion qui s’est imposée en faveur des étudiants. «Il est important que les étudiants de 2e et de 3e master puissent s’impli- quer dans des expériences de formation en dehors de l’univer- sité, afin d’élargir leurs points de vue. Pouvoir bénéficier de l’avis d’un praticien libéral ou issu de l’étranger est enrichis- sant. Pendant des années, nous les avons invités gratuitement, alors qu’ailleurs ils ne bénéfi- ciaient encore que de réductions. À la dernière conférence, ils étaient 160, venus de diverses universités! Au fil du temps, les autres organisateurs se sont alignés sur notre pratique, en adoptant eux aussi la gratuité pour les étudiants.» donc grande. Des dentistes français y assistaient aussi, pour prendre le pouls de ce qui se passait chez nous... Aujourd’hui, nous tirons les leçons de l’expérience et nous avons décidé de poursuivre, en parallèle à la reprise de nos autres activités, les webinaires. À condition de ne pas en abuser, parce qu’ils déshumanisent les rapports sociaux, ils fournissent un très bon outil pour la formation. Intervenants et participants peuvent les revoir, nous pouvons les complé- ter a posteriori par l’ajout de liens, de renvois à des documents... Mais, je le répète, ils ne remplaceront jamais le présentiel! Après les épreuves que nous avons traversées, nous devons nous serrer les coudes, beaucoup parler entre nous et éviter l’isole- ment. Le programme 2021 de l’APAD est déjà presque clôturé et Michaël Cesa nous l’assure, celui-ci sera à l’image de l’association: «Haut en couleur!». Contacts apad.be www.facebook.com/apad.asbl 0473/45 60 90 info@apad-asbl.be Billet d’humeur Qu’est-ce que vous allez faire en fait? Hilde Devlieger Dans notre pratique de référence, nous voyons principalement des patients «référés»! C’est la logique même, un prestataire de soins nous envoie un patient pour faire exécuter des traitements spécifiques. Ce prestataire de soins est générale- ment un dentiste, mais il peut tout aussi bien être médecin généra- liste, orthodontiste, chirurgien maxillo-facial ou médecin spécia- liste. Donc, beaucoup de patients amènent une «lettre de référence». Il s’agit actuellement aussi de plus en plus souvent d’un «mail de référence». Et il faut bien entendu veiller à respecter la vie privée, on ne sait jamais qui pourrait en prendre connaissance... J’ai, en ce qui me concerne, déployé une patience angélique en recourant à ma propre eHealthBox, qui fonctionne actuel- lement de façon acceptable après quelques maladies infantiles presque mortelles. La façon dont la «lettre de référence» est présentée à l’accueil en dit déjà souvent beaucoup sur le patient lui-même. Si l’enveloppe est d’un blanc immaculé, avec le logo du dentiste, et encore scellée, vous pouvez généra- lement l’associer à une personne qui accorde une importance capitale à l’hygiène, y compris celle des dents. Une enveloppe immaculée flambant neuve (sans logo), soigneusement rescotchée, mais dont le contenu est légèrement froissé, peut être attribuée à une personne curieuse, probablement du genre à avoir essayé de le camoufler. Le type nonchalant, mais tout aussi curieux, a tout simplement laissé l’enveloppe ouverte ou présente uniquement la lettre sans enveloppe. En ces très grande satisfaction des deux parties! Viennent ensuite les lettres à l’économie, notre logiciel dentaire produit des lettres de référence sur mesure souvent agrémentées de la demande cruciale: «Merci de nous donner votre avis. Cordialement, référent X». Il ne reste alors plus qu’à reconstituer le puzzle. Nous essayons d’abord de pêcher des infos via le patient. L’histoire récurrente est que, oui, il y a des plaintes, la gencive saigne, oui, mais ils se brossent les dents, hein, et oui, ça fait quelques années qu’il y a une dent qui bouge, c’est vrai, mais ils n’ont jamais eu mal, non, pas la moindre douleur, non, ils n’ont aucune plainte. Soupir… voilà que ça tourne à l’entretien motivationnel! Je sors alors mon Ipad et je commence ma petite histoire, agrémentée de courtes vidéos inquiétantes sur la gencive qui se rétracte et le dentier dans un verre sur la table de nuit. Même après toutes ces années, je suis encore et toujours convaincue que tout ce que je raconte aux patients est compris à 100%, y compris avec le masque. Ils hochent toujours la tête de façon circonstanciée comme si je leur avais donné la leçon de leur vie. Même après toutes ces années, encore et toujours, malheureuse- ment, quand finalement je débute le traitement, la première question qu'ils me posent est: «Qu’est-ce que vous allez faire en fait?». Heureuse- ment, mon masque FFPS ne filtre pas uniquement les virus indésirables, il «étouffe» aussi parfaitement les jurons… C’est grâce à mes compétences en communication… Bonnes semaines de travail et merci à tous mes référents sympas!! accueillies temps de coronavirus, l’enveloppe d’origine n’est fort heureusement plus vaguement refermée avec un peu de salive! Viennent ensuite les enveloppes carrément sales, parfois accompagnées d’une odeur de cuisine ou de tabac. Ces enveloppes sont avec moins d’enthousiasme par la réception- niste. Elle retire généralement vite la lettre en question de son enveloppe, question de l’aérer un peu avant qu’elle n’atterrisse sur mon bureau. Parfois, il n’y a pas de lettre du tout. Soit elle traîne encore sur le buffet à la maison, soit la date se situe dans un tel lointain passé que le patient l’a judicieusement «perdue». Le contenu de l’enveloppe peut aussi différer notablement d’un référent à l’autre. Des as de la prose prennent le temps d’écrire de magnifiques textes où le problème est expliqué en long et en large, un véritable plaisir à lire et une intervention de ma part claire comme de l’eau de roche. Les patients sont aussi souvent bien au courant car leur référent leur a tout expliqué et nous pouvons passer directement à l’ordre du jour. À la Des obturations dentaires plus solides et plus durables TEXTE: DENTAL TRIBUNE INTERNATIONAL EDMONTON (ALBERTA), CANADA / LONDRES, ROYAUME-UNI Comme on estime que dans le monde plus de 2,3 milliards de personnes souffrent de caries, un éventuel progrès dans les matériaux d’obturation pourrait bénéfi- cier à une grande partie de la population mondiale. En étudiant la structure de certains matériaux composites, une équipe de chercheurs internationale a mis au point une méthode qui pourrait les améliorer, et permettre dès lors des obturations dentaires plus solides. Les chercheurs – originaires du Canada, du Royaume-Uni, de Norvège et des États-Unis – se sont penchés sur les composites photo-activés à base de résine, qui sont abondamment utilisés dans différentes situations médicales et dentaires, par exemple comme matériaux pour les obturations. Bien que la formule chimique de ces composites soit bien connue, la façon dont les particules de charges affectent leur polymérisation est encore insuffisamment comprise. Améliorer les prestations Pour combler ce manque de connais- sances, les chercheurs ont utilisé l’imagerie à infrarouge moyen du Canadian Light Source de l’Univer- sité de Saskatchewan, une source de lumière synchrotron, pour étudier avec précision le comportement au sein des matrices des différents composites. Ils ont ainsi été à même de montrer que les particules de charges ajoutées modifient la réaction des composites lors de l’utilisation. Le Pr Owen Addison, professeur adjoint de Dentisterie à l’Univer- sité d’Alberta et auteur principal de l’étude, a expliqué à Dental Tribune International que cette découverte a permis de récolter des informations sur la composition des matériaux composites permettant d’amélio- rer les prestations des matériaux existants. Suivre les protocoles recommandés «Ces constats aident les dentistes de deux manières», a précisé le Pr Addison. «Ils confèrent directement une nouvelle forme de preuve de la forte sensibilité des composites actuels des résines aux traitements de photopolymérisation, de sorte que les dentistes devront reconnaître que l’observation des protocoles recommandés est un must. Indirec- tement, cette nouvelle approche sera un outil précieux pour guider le développement de nouvelles généra- tions de composites photodurcis.» Le Pr Addison a aussi déclaré que ces constats s’inscrivent dans un projet de recherche en cours qui va poursuivre le développement de ces méthodes. «Dans les douze prochains mois, nous allons aussi étudier de nouvelles approches afin d’optima- liser la polymérisation du composite sur les échelles de distance interpar- ticulaire.» intitulée «Origin of L’étude, micro-scale heterogeneity in polymerisation of photo-activated resin composites», a été publiée en ligne le 15 avril 2020 dans Nature Communications.