DENTAL TRIBUNE ÉDITION BELGE JUIN 2020 INTERVIEW 5 SMD vs COVID-19 • «Cela fait 10 semaines que nous sommes sur le pont, 7 jours sur 7, quasiment 24 heures sur 24, pour gérer cette crise», lance fin mai Michel Devriese. Le responsable des questions professionnelles au sein de la SMD est visiblement éprouvé par le labeur fourni... «À l’ère du COVID, une heure est un jour, un jour est une semaine et une semaine est un mois.» • De fait, le travail accompli par la SMD et ses collaborateurs est tita- nesque. Pour l’évaluer, rendez-vous sur le site de la Société, onglet Publications / Dent@l-Infos / Archives. Alors que nous écrivons ces lignes, la newsletter dédiée baptisée «Covid-19» compte 46 publica- tions depuis le 12 mars. Vous y retrouverez les étapes du combat mené par la SMD. • En pleine crise, des jalons importants ont été posés. Quelques exemples: la recommandation aux praticiens dentaires de repor- ter les rendez-vous non urgents dès le 12 mars (avant toute prise de position des autorités), la quête (répétée) d’équipements de protec- tion individuels, le lancement d’un Service des Urgences Dentaires COVID-free (sous forme de cabinets de référence) conjointement avec la Chambre Syndicale Dentaire (une première), la publication de fiches de référence (accessibles aussi aux non-membres) dans le but d’aider à rouvrir son cabinet en toute sécurité en période de dé- confinement, une lettre à la ministre fédérale de la Santé publique Maggie De Block (cosignée par les cinq associations professionnelles dentaires reconnues par l’INAMI) en vue de faire entendre l’appel à l’aide des professionnels de la santé bucco-dentaire, etc. nombre global de dentistes, mais bien un problème de mauvaise répartition sur le territoire, avec une concentration dans les grands centres urbains, et une désertion en zones rurales: Sud-Hainaut, Sud-Namur, Sud-Luxembourg... Là, nous manquons de dentistes. Nous n’avons hélas pas pu bénéficier, à l’instar des médecins, de la politique Impulseo, de prime à l’installation en zone en pénurie, car la sixième réforme de l’État de décembre 2011 a transféré cette compétence fédé- rale à la Wallonie... sans moyens budgétaires pour le secteur des soins dentaires! La SMD a donc entrepris un travail conséquent, en particu- lier sur l’ensemble de la province du Luxembourg, pour y attirer de jeunes diplômés. P.B.: Une piste parmi d’autres, pour encourager des jeunes à s’installer dans ces régions, et prochainement des hygiénistes bucco-dentaires, serait d’agir à travers un réseau de maîtres de stage qui les attirent. La profession n'a pas de contrôle sur la mobilité internationale La pénurie de dentistes dans certaines régions wallonnes n’ouvre-t-elle pas la porte aux praticiens, parfois sans agrément, venant de l’étranger? P.B.: D’une part, l’espace européen est devenu très ouvert et il ne faut pas considérer que la migration est nécessairement un danger. Cependant, en l’absence de tout organe régulateur, tel un Ordre des Dentistes par exemple, la profes- sion n’a pas de contrôle sur cette mobilité internationale. L’analyse de plusieurs dossiers (plaintes de patients mais aussi fraudes à l’assu- rance-maladie) a révélé que, parfois, des praticiens étrangers étaient impliqués, alors qu’à la suite de faits similaires dans leur pays d’origine, ils faisaient l’objet d’une radiation par leur Ordre. M.D.: C’est pourquoi une des nombreuses propositions de notre «Mémorandum» est de déposer un projet de loi créant un Ordre des Dentistes, dont l’une des missions serait la supervision de l’arrivée de praticiens étrangers dans le cadre de la Directive européenne. Dans un but de protection de la santé publique, il y a lieu de s’assurer que le praticien étranger a les capacités requises pour prendre en charge des patients en toute sécurité. Un bon bulletin bucco-dentaire Les défis professionnels ne manquent pas... En parallèle, comment la santé bucco- dentaire des Belges francophones a-t-elle évolué ces dernières années? M.D.: Elle n’a pas cessé de s’amélio- rer, ce qui est assez unique comparé à d’autres domaines de la santé, comme le diabète ou l’hypertension. Cette évolution favorable n’est pas le fruit du hasard, mais celui du travail entrepris sur le terrain. Une étude menée par notre Fondation pour la Santé Dentaire en collaboration avec l’Observatoire de la Santé du Hainaut, dont les résultats avaient été publiés en 2015, l’a clairement établi. En 2006, les jeunes Hennuyers présentaient un indice CAOD moyen de 1,64, qui s’est amélioré pour baisser à 0,79 en 2012, soit une valeur inférieure à 1,5, qui était l’objectif fixé par l’OMS pour 2020! Rappelons qu’en Belgique les soins dentaires sont intégralement remboursés pour les enfants de moins de 12 ans depuis septembre 2005, pour les moins de 15 ans depuis juillet 2008 et pour les moins de 18 ans depuis mai 2009. Ceci étant, et c’est également un cheval de bataille de la SMD, ce remboursement intégral des soins n’induit pas automatiquement un recours aux soins dentaires par les plus démunis... Ce n’est pas qu’une question financière, c’est aussi une question de sensibilisation. Ce qui nous intéresse, ce ne sont pas des bouches pleines de caries soignées, mais bien des bouches indemnes de toute carie. La prévention primaire demeure donc primordiale. Contacts Société de Médecine Dentaire Avenue De Fré 191, 1180 Bruxelles +32 2 375 81 75 www.dentiste.be www.souriez.be Premiers secours et coronavirus: nouvelles lignes directrices Face à la propagation épidémique du coronavirus, la Croix-Rouge a publié de nouvelles lignes directrices pour les premiers secours en cas d’acci- dent, basées sur un document publié par le Conseil belge de réanimation. 1. Sécurité du secouriste Le principe général en matière de secourisme reste d’application. Les premiers secours ou les manœuvres de réanimation ne peuvent pas être démarrés si la sécurité du secouriste ne peut être garantie. Étant donné que l’on peut être porteur du corona- virus sans (encore) en présenter les symptômes, toute personne est actuellement considérée comme potentiellement contaminée. Il con- vient dès lors d’éviter qu’une personne risquant de développer des complications en cas de COVID-19 soit amenée à intervenir en qualité de secouriste. 2. Pendant l’intervention • Pas de manœuvre destinée à préserver la vie Le secouriste doit se tenir à mini- mum un mètre et demi de la victime. Il peut lui expliquer à distance les étapes nécessaires, par exemple, à l’arrêt d’une hémorragie. Il avertit les services de secours (112) si la situation le requiert. • Manœuvre destinée à préserver la vie Si une manœuvre destinée à préser- ver la vie, telle qu’une réanimation, doit être effectuée, et uniquement dans ce cas, le secouriste est autori- sé à s’approcher de la victime. Il doit porter des gants jetables et un masque chirurgical ou FFP2. Sans ces équipements de protection, il ne peut pas approcher la victime en raison du PHOTO: 123RF/LUCIANO COSMO risque trop élevé de contamination. Les lunettes de sécurité peuvent être utiles, mais ne sont pas obligatoires. Le secouriste peut éventuellement mettre un masque chirurgical à la victime. Si une réanimation doit être entamée, il commence par les compressions thoraciques. Si nécessaire, il peut avoir recours à un DEA. Il ne peut pas pratiquer le bouche-à-bouche, mais des dispositifs d’aide à la ventilation tels qu’un masque de réanimation sont autorisés. Si le secouriste est seul, il avertit immédiatement les services de secours (112) ou demande à un collègue disponible de le faire. 3. Après l’intervention Les équipements de protection utilisés doivent être déposés en toute sécurité dans les conteneurs prévus à cet effet (de préférence fermés). Toutes les surfaces et tous les objets utilisés pendant l’inter- vention doivent être désinfectés à l’aide d’une solution alcoolique à minimum 70% ou d’une solution javellisée. Le local éventuel doit être aéré. Enfin, le secouriste doit se laver soigneusement les mains à l’eau et au savon. Pour chaque intervention, secouriste doit consigner éléments suivants: • le nom du secouriste, le nom de la victime et des témoins éventuels; • le lieu, la date et l’heure, la des- cription et les circonstances de l’accident ou du malaise; le les • la nature, la date et l’heure de l’in- tervention. (sources: Conseil belge de réanimation, Croix-Rouge de Belgique, Attentia et Edelhart Kempeneers, Wolters Kluwer) Qui a une dent contre ce dentiste australien? MELBOURNE, AUSTRALIE Un tribunal australien a accepté la requête d’un dentiste de Melbourne qui voulait savoir qui avait posté sur Google un avis négatif sur son cabinet. Google est désormais tenu de communiquer à ce praticien le nom, l’adresse IP et le numéro de téléphone de l’internaute mécontent. S O T O H P K C O T S P U T R A T S / Y A B A X P I : O T O H P Matthew Kabbabe, dentiste à Melbourne, veut savoir qui a posté sur Google un avis négatif sur son cabinet. L’internaute y affirme que le dentiste a effectué un traitement «de façon extrêmement maladroite et inconfortable», donnant l’impres- sion «de le pratiquer pour la première fois». Le dentiste australien estime que ces propos sont calomnieux et qu’ils ont peut-être été écrits par un concurrent ou un ancien collabo- rateur. Selon lui, cet avis a eu pour conséquence que certains de ses patients ne se sont plus présen- tés à son cabinet. Dans un premier temps, Google avait refusé de lui communiquer le nom de l’inter- naute en cause. Mais le tribunal en a jugé autrement et a ordonné le 14 février dernier à Google de transmettre le nom, l’adresse IP et le numéro de téléphone de l’internaute au plaignant. Cette information publiée dans le média australien The Age a par la suite suscité de vifs débats parmi les lecteurs du journal. Certains estimaient que les avis ne peuvent jamais être anonymes, car beaucoup de faux commentaires sont publiés, parfois même par des personnes qui n’ont jamais mis les pieds dans le cabinet en question. D’autres pensaient que le dentiste ne doit pas se prendre pour Calimero (NDLR: le petit poussin du dessin animé qui se plaint toujours et déclare à tout bout de champ «C’est vraiment trop injuste!»), que face à cet unique avis négatif, il devait quand même y en avoir beaucoup de positifs. Il est, bien évidemment, très ennu- yeux pour un dentiste d’essuyer des critiques contre lesquelles il ne peut pas se défendre, parce qu’il ignore à quelle situation elles font allusion. Google a sa propre politique en matière de recensions. Par ailleurs, de nombreuses fédéra- tions de patients ont édité un code de conduite destiné aux personnes qui laissent un avis. Pour éviter ces situations pouvant aller jusqu’à une procédure judiciaire, mieux vaut encourager les patients à faire part de leurs plaintes immédia- tement et directement au praticien en question, plutôt que d’exprimer leur mécontentement – pas toujours nuancé – sur le web. (sources: The Age, CNN, nu.nl, ANT)