IMPLANT TRIBUNE The World’s Implant Newspaper · Édition Française MARS 2020 | VOL. 12, NO. 3 www.dental-tribune.fr Prévention 0 : la meilleure façon de prévenir la péri-implantite ? Prof. Magda Mensi, Timothy Ives et Dr Gianluca Garzetti, Italie 1a 1b 2 3 4a 4b 4c Figs. 1a et b : Implant en position 14 affecté par une péri-implantite : sondage péri-implantaire a) avec la couronne prothétique in situ et b) après retrait de la couronne prothétique. | Fig. 2 : Radiographie de l‘implant. | Fig. 3 : Excès de ciment autour de l‘implant. | Figs. 4a–c : Soins péri-implantaires à domicile avec a) AirFloss (Philips), b) X-Floss (ROEN) et c) brossette interdentaire (TePe). Le concept de la prévention dans toutes les professions médicales s’élargit au niveau planétaire. En fait, la prévention des mala- dies chroniques non transmissibles, le far- deau majeur de morbidité et de handicap dans presque tous les pays du monde, s’est alourdi au cours des dernières années.1 La motivation est d’assurer une meilleure qua- lité de vie aux gens et de réduire les dé- penses publiques des soins de santé. Dans le domaine dentaire, la parodontite est l’une des principales maladies chro- niques non transmissibles. Les spécialistes de la parodontologie et les scientifiques in- ternationaux ont élaboré divers principes de prévention des maladies parodontales.2 La péri-implantite est une version du XXIe siècle de la parodontite et sa fréquence s’accroît avec l’augmentation du nombre d’implants posés (Figs. 1–3). Tout comme la parodontite, cet état pathologique est asso- cié au biofilm, mais au lieu de toucher les desmodontes et les tissus osseux, elle se ca- ractérise par une inflammation de la mu- queuse péri-implantaire et la perte progres- sive de l’os de soutien.3 Les préoccupations majeures dans ce problème sont liées au rôle déterminant que peuvent jouer de mul- tiples facteurs de risque incriminés dans l’étiologie4 et l’absence d’un traitement de référence. Les mesures de prévention pri- maires et secondaires sont réellement im- portantes pour éviter la survenue d’une mucite et d’une péri-implantite ainsi que les récidives, mais de nombreux détails doivent être pris en considération avant une pose d’implants de façon à minimiser les problèmes iatrogènes. Outre les implants, les solutions prothétiques que peuvent pro- poser les professionnels de la santé bucco- dentaire aux patients sont nombreuses et diverses s’il est tenu compte de la situation globale du début jusqu’à la fin. Les implants peuvent ne pas toujours être dans le meil- leur intérêt d’un patient. Par conséquent, avant la pose d’un im- plant, chaque clinicien devrait évaluer non seulement les aspects spécifiques du patient et du site implantaire, mais égale- ment les compétences du chirurgien, du chirurgien-dentiste, de l’hygiéniste bucco- dentaire et du prothésiste dentaire afin de minimiser le risque de péri-implantite dans le futur. Il est nécessaire de procéder à l’examen des points suivants avant la prévention primaire et secondaire, une approche que nous appelons dans notre article, la « Pré- vention 0 » . Aspects particuliers liés au patient Lors de la décision d’une restauration par des implants dentaires, nous devons, avant toute planification chirurgicale, informer scrupuleusement le patient sur les aspects de cette intervention. Il est important de souligner que les soins d’entretien person- nels, pratiqués quotidiennement au domi- cile, et que le strict respect des contrôles de suivi et des traitements d’hygiène bucco- dentaire sont des mesures préventives effi- caces.5 La sensibilisation aux procédures et l’observance sont les piliers de la réussite, mais le clinicien doit également informer le patient sur l’incidence des troubles systé- miques (ostéogenèse imparfaite, dysplasie ectodermique, diabète), des médicaments (bisphosphonates), des traitements (radio- thérapie au niveau des maxillaires), des ha- bitudes (tabagisme, contrôle insuffisant du biofilm) et des antécédents de parodontite agressive6, qui sont des facteurs de risque importants de péri-implantite.7 Aspects particuliers liés au site implantaire Le processus de cicatrisation après une perte dentaire entraîne une réduction va- riable du processus alvéolaire et, de ce fait, des lésions des tissus durs et mous. Le clini- cien doit évaluer soigneusement tous les sites exposés aux situations suivantes car elles présentent un risque de troubles ma- jeurs de cicatrisation : perte du soutien paro- dontal, infections endodontiques, fractures radiculaires longitudinales, faible épaisseur des plaques osseuses vestibulaires, position- nement vestibulaire/lingual des dents par rapport à l’arcade, extraction avec trauma- tisme accru des tissus, lésions, pneumatisa- tion du sinus maxillaire, médicaments et maladies systémiques réduisant la quantité de tissu osseux formé naturellement, agéné- sie dentaire et points de pression dus aux prothèses amovibles à appui muqueux. D’autres aspects liés au site concernent la connaissance anatomique et particulière- ment la structure anatomique adéquate du site considéré (sinus maxillaire, nerf alvéo- laire inférieur), la santé endodontique et pa- rodontale des dents adjacentes, et le phéno- type du patient. Selon Linkevicius et al., il existe des éléments probants montrant qu’un tissu mou de faible épaisseur en- traîne une perte accrue d’os marginal par rapport à un tissu mou épais autour d’un implant.3, 8 Le manque de tissu osseux a conduit au développement d’autres tech- niques chirurgicales permettant d’éviter des procédures majeures de régénération osseuse ou de greffe, notamment l’utilisa- tion d’implants courts, d’implants inclinés, d’implants ptérygoïdiens et d’implants pa- latins, dont les résultats étaient discutables mais réduisaient manifestement les possi- bilités de nettoyage et d’entretien des im- plants et des prothèses. Compétences de l’hygiéniste dentaire et dispositifs Ce professionnel de la santé joue un rôle central dans la prévention des maladies et la promotion de la santé bucco-dentaire.9 L’hygiéniste dentaire ne devrait pas limiter son activité au simple nettoyage bucco- dentaire, mais se comporter comme le conseiller ou l’instructeur personnel du pa- tient, le motiver non seulement dans ses gestes d’hygiène bucco-dentaire mais aussi dans son mode de vie, par exemple, au re- gard de l’arrêt du tabac et des habitudes ali- mentaires. Il fait figure de spécialiste amical qui renforce la fidélité du patient vis-à-vis du cabinet dentaire, même chez les patients craintifs, et il entretient le travail de restau- ration entrepris par le chirurgien-dentiste. 10 Pour assurer des soins professionnels mi- nimalement invasifs, le port de loupes bino-