avec du lipopolysaccharide d’Escherichia coli (LPS) et des macrophages. Dans ce modèle, il n’y avait pas de contact entre les deux populations cellulaires (utilisation d’inserts avec des pores de diamètre 0.4 μm). Les macrophages sont théoriquement capables de simuler une inflam- mation aiguë, par la sécrétion de médiateurs chimiques qui influencent le comportement des cellules avoisinantes. Ce système de co-culture est une simulation simplifiée des interactions cellulaires lors de la réaction inflammatoire, dans le cadre des pulpites. Il permet de mimer l’effet de l’inflammation sur les SCAP, tout en conservant les cellules pour les étudier en termes de propriétés inflammatoires et ostéo/ odontogéniques. Dans notre modèle de co- culture, le LPS a augmenté l’expression de l’ARNm de l’IL-6 (cytokine pro-inflammatoire) par les SCAP et ceci de manière dose dépen- dante. Grâce à notre collaboration avec l’institut Charles Gerhardt de Montpellier (CNRS 5253), nous avons pu élaborer des microgels bipha- siques capables d’encapsuler la lipoxine A4. Le laboratoire RMeS (INSERM 1229) synthétise de l’hydroxy-propyl-méthyl-cellulose silanisée et l’institut Charles Gerhardt de Montpellier (CNRS 5253) se charge de la partie encapsula- tion, par un système de double émulsion et op- timisation des microgels de Si-HPMC contenant la lipoxine. Ce procédé est issu de travaux publiés par la collaboration entre nos deux labo- ratoires. Plusieurs suspensions de microgel avec différentes concentrations en lipoxine (0.1 nM, 1 nM, 10 nM et 50 nM) ont été réalisées et testées dans notre modèle d’inflammation. Les résultats prometteurs et encourageants seront présentés et discutés lors de la séance IFRO de l’ADF 2019. Références : – Zayed Mohamed, Tourne-peteilh Corine, Ramonda Michel, et al. Microgels of silylated HPMC as a multi- modal system for drug co-encapsulation. Int J Pharm 2017;532(2):790–801. – Gaudin A., Tolar M., Peters O. A. A. Lipoxin A4Attenuates the Inflammatory Response in Stem Cells of the Apical Papilla via ALX/FPR2. Sci Rep 2018;8(1):1–12. Le virus Epstein-Barr : quel rôle dans la péri-implantite ? Ceppo F,1, 2 Doglio A,1 Vincent S1, 2 1 Micoralis, UFR Odontologie, université Côte d’Azur, Nice, France. 2 Pôle Odontologie, Centre hospitalier universitaire de Nice, Nice, France. Résumé : À l’instar des dents naturelles, les tissus envi- ronnants un implant dentaire, support d’une dent artificielle, peuvent être le siège d’une in- flammation sévère, appelée péri-implantite. Une fois engagé, ce processus est non-réversible et provoque la perte des supports osseux et mu- queux qui entourent l’implant, conduisant iné- luctablement à sa perte. La prévalence moyenne est de 10 % des implants posés, et cette affection concerne jusqu’à 20 % des patients traités, dans les 5 à 10 ans suivant la pose. Cette maladie re- présente donc un véritable enjeu de santé public et constitue un des défis médico- économiques majeurs de la dentisterie actuelle. Si, à l’image de la parodontite (infection/inflam- mation des tissus autour d’une dent naturelle), la péri-implantite semble être multifactorielle, il est établi qu’une flore bactérienne diversifiée et pa- thogène colonise les tissus péri-implantaires et joue un rôle majeur dans la fonte osseuse. Parmi les facteurs de risques connus, on note une mau- vaise hygiène bucco-dentaire et un diabète non-équilibré. Par ailleurs, un lien a clairement été établi entre un antécédent de paro dontite et le risque de développer une péri-implantite. Tou- tefois il n’a pas été mis en évidence de corréla- tion entre l’état de surface ou le design implan- taire et la présence de péri-implantite. Cette infection a tendance à évoluer silen- cieusement avant que les symptômes cliniques n’apparaissent (suppuration, douleur, mobilité de l’implant) signant alors un stade avancé qui amène le plus souvent à la perte de l’implant. Aujourd’hui, seul un diagnostic et une prise en charge réalisés aux stades très précoces (stade mucosite) permettent de stabiliser l’évolution péjorative de la maladie. De plus, les traite- ments actuels (débridement chirurgical avec ou non régénération osseuse) restent peu reproduc- tibles, avec un pronostic défavorable. Si la pré- vention des maladies péri-implantaires (par des visites de contrôle, des radiographies, des son- dages, et une excellente hygiène orale) est indis- pensable au maintien de la santé autour des im- plants, elle n’en garantit pas pour autant leur pérennité. En effet, les tissus péri-implantaires sont des tissus cicatriciels, moins bien vascula- risés que les tissus péri-dentaires et dépourvus du ligament alvéolodentaire qui attache la dent à l’os environnant, et joue un rôle immuno- protecteur. Les sites peri-implantaires sont donc moins bien organisés pour résister aux agres- sions des bactéries orales, ce qui explique très certainement la fréquence élevée des maladies péri-implantaires. Cependant à ce jour de nombreux para- mètres restent encore mal connus et peu décrits tels que le mode d’installation, le mode de dé- clenchement ainsi que les mécanismes qui sous- tendent la progression des péri-implantites. Si le rôle inflammatoire de la dysbiose bactérienne reste majeur, plusieurs arguments suggèrent que l’étiologie bactérienne ne serait pas suffi- sante pour expliquer en totalité la pathologie, notamment l’instauration des stades précoces, le caractère inflammatoire non-réversible et l’échec des antibiothérapies. Une proposition intéressante concerne un modèle synergique associant la pathogénicité des bactéries péri-implantaires et la réplication/ activation d’herpes virus endogènes. Ce modèle de synergie viro-bactérienne représente une des avancées mécanistiques majeures concernant les parodontites. En particulier, nos travaux antérieurs ont démontré que l’infection par le virus Epstein-Barr (EBV), un herpes virus humain ubiquitaire à réplication orale chro- nique, était détectable dans les tissus gingivaux sains et augmentait de manière significative dans les poches parodontales les plus sévères. De plus, les cellules épithéliales des tissus envi- ronnants des dents atteintes de parodontite, étaient fréquemment infectées par EBV et mon- traient une forte susceptibilité à l’apoptose. Cette atteinte épithéliale caractérisée par la mort des cellules infectées, facilite certainement la perte d’attache épithéliale entre l’os et la dent et favo- rise l’invasion bactérienne et son caractère in- flammatoire majeur. S’il existe encore peu de données concernant l’implication de EBV dans la péri-implantite, il a été récemment établi que la présence d’EBV est douze fois plus élevée dans un site atteint de péri-implantite par rapport à un site sain avec une valeur prédictive positive Analyse de la répartition des sous-populations de cellules immunitaires dans l’épithélium de poches de péri-implantites. L’analyse de l’épithélium de poches péri-implantaires de 3 patients atteints de péri-implantite met en évidence une forte inflammation avec une moyenne de 56,3 % de cellules immunitaires (CD45+), et une présence de lymphocyte de B systé- matique sous tendant une possible infection par EBV. 14 ADF Paris 2019 · 27 novembre conférence en direct liant EBV et les péri-implantites de 90 %. Par ail- leurs, il existerait une corrélation significative entre EBV et la mucosite (stade précoce d’inflam- mation péri-implantaire, encore réversible). Dans la mesure où il est admis que toute muco- site non traitée évolue systématiquement en péri-implantite (irréversible), l’identification pré- coce de marqueurs de mucosite permettrait d’in- tervenir à un stade précoce de la maladie. Enfin, ces données sont également soutenues par nos propres résultats très récents, et encore prélimi- naires, qui documentent la présence d’EBV dans les sites péri-implantaires. L’ensemble de ces élé- ments oriente donc vers la proposition qu’EBV pourrait jouer un rôle dans le déclenchement et/ ou le développement de la péri-implantite. L’objectif de ce projet de recherche est de va- lider cette hypothèse et de déterminer si les liens entre EBV et parodontites peuvent s’étendre aux péri-implantites. Différents para- mètres seront ainsi analysés tel que la corréla- tion entre la quantité de virus détectée et l’im- portance de l’inflammation avec quantifications des divers médiateurs inflammatoires localisés dans les poches péri-implantaires, mais égale- ment au sein de l’épithélium environnant. De nombreuses études évaluent l’inflammation de parodontites ou de péri-implantites par la quan- tification des facteurs inflammatoires dans la salive, cette approche peut être faussée par de possibles inflammations buccales autres que les sites d’intérêts. Ainsi nous compareront les quantités de médiateurs inflammatoires détec- tés au niveau péri-implantaire avec les valeurs salivaires, afin de déterminer si les deux ap- proches sont corrélables. Enfin nous évalueront si la flore bactérienne est influencée par les niveaux d’expression d’EBV. L’analyse de l’implication d’EBV dans les péri-implantites pourrait ouvrir la voie à l’iden- tification d’un nouveau marqueur de pathogéni- cité précoce et à la mise en place de nouvelles approches thérapeutiques antivirales, suscep- tibles d’améliorer l’efficacité des traitements et à terme, de prévenir la perte des implants den- taires. Régénération osseuse et péri-implantite : chercheurs et industriels s’unissent pour des avancées majeures. Pierre Weiss 1 Université de Nantes, UMRS 1229, RMeS, Regenerative Medicine and Ske- leton, Inserm, ONIRIS, Nantes, F-44042, France. 2 Université de Nantes, UFR odontologie, Nantes, F-44042, France. La recherche appliquée a pour objectif de proposer de nouvelles solutions thérapeutiques pour nos patients et pour leurs praticiens. Pour y arriver, étant donné le coût de la mise sur le marché de solutions innovantes, l’association de chercheurs académiques avec les industriels qui produisent et distribuent ces solutions est indispensable. De nombreuses possibilités sont offertes grâce aux politiques nationales et régio- nales, car l’objectif est également la création de richesses et d’emplois. Depuis les années 80, le laboratoire de l’UFR d’odontologie de Nantes développe des biomaté- riaux et des dispositifs médicaux pour la régé- nération osseuse, avec de nombreuses collabo- rations industrielles. Trois sociétés sont issues directement des recherches de notre unité, Biomatlante, Graftys et Biomedical Tissue. Biomatlante a développé la technologie du BCP (Biphasic Calcium Phosphate) avec l’associa- tion, dans un même matériau céramique, de mé- langes de phosphates de calcium, pour contrôler la bioactivité et la résorbabilité. Une association de ces céramiques granulaires avec un liquide visqueux a permis de réaliser une forme injec- table (MBCP Gel, Putty, IN’OSS). Graftys est une entreprise qui a plutôt innové sur les ciments phosphocalciques, en développant un de nos brevets pour produire et distribuer un ciment injectable macroporeux utilisé principalement en orthopédie (Graftys QuickSet et Graftys HBS). Enfin, Biomedical Tissue a développé 2 autres de nos brevets pour réaliser des membranes de ROG et RTG (Tisseos). Depuis, de nombreuses nouvelles collabora- tions avec les industriels du domaine nous per- mettent de développer des stratégies de méde- cine régénératrice pour l’odontologie, mais éga- lement pour de nombreuses autres disciplines de la santé animale et humaine. Même si les matériaux synthétiques sont de plus en plus uti- lisés et permettent de contrôler leur production de façon sécurisée, les matériaux issus de ma- trices tissulaires d’origine humaine restent des matériaux de choix dans l’arsenal thérapeu- tique du praticien. La société BIOBANK nous a proposé de caractériser les propriétés bio- actives de leur nouveau produit injectable. Grâce à cette nouvelle collaboration, nous avons pu embaucher une étudiante dans le cadre d’une bourse de thèse CIFRE, financée par BIOBANK et l’ANRT. Lors de ce programme, nous avons mis en évidence les capacités très prometteuses de cette allogreffe osseuse « extru- dable » et nous avons mis en évidence des pro- cessus biologiques spécifiques qui contribuent aux très bons résultats obtenus sur nos modèles animaux. Nous avons montré le rôle de ce maté- riau sur la différentiation pro régénérative des macrophages. Un autre point critique de l’utilisation de bio- matériaux, est leur incapacité à laisser diffuser de l’oxygène pour permettre la survie de cellules en leur sein, tant que la néo-vascularisation n’est pas présente. La possibilité d’un apport d’oxy- gène dans un biomatériau implanté a pu être envisagée, grâce aux travaux de Franck Zal, fon- dateur et dirigeant de la société HEMARINA située à Morlaix, en Bretagne, sur l’hémoglobine issue d’organismes marins, et a ainsi permis de construire un projet de recherche sur l’utilisa- tion de ces transporteurs naturels d’oxygène dans nos biomatériaux, afin d’améliorer la via- bilité des cellules. Ceci a été réalisé dans le cadre d’un projet industriel, MARBIOTECH (FUI : Fonds unique interministériel), financé par le ministère de l’industrie et les régions Bre- tagne et Pays de la Loire. Cette collaboration, nous a permis de parfaire notre connaissance sur les processus de transfert d’oxygène au sein d’un gel, et sur la diffusion des nutriments et de l’oxygène dans ces biomatériaux. Ces para- mètres sont majeurs pour la survie des cellules implantées. Puis, nous avons tenté de com- prendre les processus engagés et de décrire les mécanismes d’action liés à l’utilisation de ces transporteurs d’oxygène de la société HEMARINA; ces preuves de concept sont à l’ori- gine de nouvelles applications thérapeutiques potentielles. Ces molécules sont d’ailleurs ac- tuellement développées par la société HEMA- RINA dans le traitement de la maladie parodon- tale et péri-implantaire, entre autres, dans le cadre d’un projet FEDER HEMDental-Care EU 000832, en collaboration avec la société HTL Biotechnologie, située à Javené, en Bretagne. Pour l’odontologie, les nouveaux développe- ments majeurs sont la thérapie cellulaire assis- tée, qui consiste à encapsuler des cellules souches dans un hydrogel peu résorbable et à maintenir dans le temps leur caractère de cel- lules souches, afin de leur laisser leur rôle de capteur de l’environnement et producteur de facteurs de croissance pro-régénératifs, tout en les protégeant du milieu environnant de l’hôte et de son système immunitaire. L’objectif industriellement viable est de pou- voir réaliser des banques de cellules univer- selles, prêtes à l’emploi et protégées dans un hy- drogel semi-perméable et peu dégradable. Ces billes d’hydrogels chargées de cellules seront implantables directement dans le tissu osseux ou associées à un substitut osseux injectable ac- tuellement sur le marché, ou spécifiques à cette application. La société HTL biotechnologie, s’est engagée avec nous pour le développement de ces hydrogels pour la thérapie cellulaire assis- tée en médecine régénératrice, dont le dentaire.