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Dental Tribune Édition Française No.4, 2017

12 INTERVIEW Dental Tribune Édition Française | Avril 2017 « Je favorise la prévention chez mes jeunes patients » Dr Dominique Rosenberg est dentiste pédia- trique à Paris depuis plus de 20 ans. Elle est spécialisée en soins dentaires pour enfants, dès l’âge de 6 mois jusqu’à 16 ans. Son cabinet attache une importance particulière au temps consacré aux jeunes patients et à leurs parents en vue de prévenir l’apparition de ca- ries, plutôt que de les traiter lorsqu’elles se manifestent. La durée de ses rendez-vous va- rie de 45 minutes à une heure. Lors d’une in- terview avec Dental Tribune Online, elle nous a expliqué pourquoi la prévention compte tant dans le cadre d’un traitement pédia- trique. Dental Tribune Online : Pourriez-vous nous par- ler davantage de votre quotidien ? Dr Rosenberg : Dans mon cabinet, j’invite mes jeunes patients à essayer de se brosser les dents deux fois par jour, mais la plupart du temps, cela ne les intéresse pas et je dois ad- mettre que le principal problème est lié aux parents. Si chaque jour, je découvre de la plaque dentaire sur les dents de mes patients, c’est que les parents n’y font pas attention et pourtant ce sont eux qui doivent prendre soin des dents de leurs enfants. J’ai même rencontré des mères affirmant qu’elles ne souhaitaient pas prendre du temps tous les soirs pour aider leur(s) enfant(s) à adopter une bonne hygiène dentaire. En tant que pro- fessionnels , notre rôle est d’apprendre aux enfants et aux parents comment empêcher l’apparition de caries et,, l’application d’une fluoration deux fois par an contribue sans au- cun doute à cela . Par ailleurs. Je réalise égale- ment le scellements des puits et fissures des dents de lait ET des dents définitives car je considère que la prévention ne démarre pas à partir de l’âge de 6 ans mais clairement dans la petite enfance. Beaucoup de parents pensent que leur enfant n’a aucune carie et n’imaginent pas qu’ils puissent en avoir très jeune, alors que je peux clairement constater un déséquilibre au niveau de l’hygiène den- taire et de l’alimentation. En revanche, beau- coup de parents remarquent très tôt les malpositions dentaires et ceci peut consti- tuer un motif de consultation plus que la pré- vention carieuse ! Votre spécialisation est axée sur la prévention. De quels facteurs faut-il tenir compte lorsqu’un dentiste vous invite à adopter un traitement préventif en dentisterie pédiatrique ? La prévention doit commencer par une bonne hygiène dentaire. L’apprentissage de l’hygiène dentaire prend du temps, et le temps, c’est de l’argent. Or, En France, ceci n’est pas rémunéré et c’est pourtant fonda- mental pour l’avenir des dents de l’enfant.. C’est pourquoi, dans mon cabinet, je consacre une heure à chaque nouveau patient afin de mieux le connaitre. Je pense qu’il est particu- lièrement important d’expliquer ce qu’est une carie dentaire et de développer les tech- niques de prévention appropriées. J’explique les problèmes dentaires associés à la nourri- ture, aux habitudes alimentaires positives ou négatives, ainsi qu’à d’autres domaines connexes. Je recommande également l’utili- sation de fil dentaire mais son utilisation en France n’est pas encore fréquente et il faudra du temps pour que cela devienne une habitu- de. Dès que j’ai l’opportunité de mieux connaître mon patient, j’émets des recom- mandations aux parents et à leur(s) en- fants(s). Il est essentiel que chacun m’écoute et comprenne. Lors du second rendez-vous, je répète et renforce en général mon premier discours, et je réalise éventuellement de nou- veaux contrôles de plaque. On demande sou- vent aux enfants de mieux se brosser les dents, d’améliorer leur technique de brossage mais ils ne comprennent pas toujours pour- quoi. L’utilisation d’un révélateur de plaque dentaire aide considérablement l’enfant à visualiser les zones sur lesquelles il faut se concentrer. Pourquoi préférez-vous la prévention aux soins ? « Mieux vaut prévenir que guérir » ! Les actes de prévention sont simples et indolores, alors que les soins sont plus compliqués, plus longs, anxiogènes et plus ou moins doulou- reux... Si j’aide mes patients à passer des ren- dez-vous d’urgence, aux rendez-vous de soins, puis des rendez-vous de soins à des ren- dez-vous de contrôle préventifs, j’estime que j’aurai rempli ma mission. Chaque jour, les patients contactent le cabinet et demandent un rendez-vous immédiat alors qu’on ne peut pas toujours qualifier ce rendez-vous d’ur- gence. Cela signifie que vous devez tout mettre en œuvre pour éviter d’avoir à traiter un enfant en urgence pour des soins de ca- ries..Et c’est la prévention qui le permet. Le premier rendez-vous peut être considéré comme le début d’une bonne relation, et c’est pourquoi je prends le temps de recevoir mes patients tranquillement. Dès qu’ils com- prennent ce que j’attends d’eux, nous pou- vons chacun agir correctement et entamer ensemble un travail préventif. Je rêve d’une population sans caries. Si la prévention est va- lorisée, la carie disparaîtra dans dix ans. Il est encore difficile pour un dentiste pédiatrique de proposer un traitement sans aucune no- tion de douleur ou de pénibilité, de même que pour un enfant de comprendre pourquoi un traitement s’avère nécessaire. Il est donc essentiel de travailler en amont du soin ! Je suis convaincue que si vous adoptez une attitude préventive dans chaque do- maine de votre vie, vous pouvez éviter de nombreux problèmes. J’ai la grande chance d’exercer dans un quartier favorisé de Paris. Je peux inviter les patients à mieux prendre soin de leurs dents et les parents suivent mes recommandations. Si je devais prati- quer dans un quartier défavorisé, ce serait probablement plus compliqué. Vous devez adopter un état d’esprit particulier corres- pondant à ce que l’on vous demande de faire. Les jeunes parents sont plus réceptifs aux conseils de prévention, alors que les plus an- ciens le sont moins, sauf lorsqu’ils ont eu eux-même de gros problèmes dentaires ! Je dirais que les parents doivent posséder un certain niveau d’éducation pour prendre à cœur l’hygiène bucco- dentaire, mais cela ne signifie pas que l’on ne puisse pas modifier ni améliorer ses habitudes. Ma patientèle comprend des personnes qui habitent le quartier mais aussi d’autres , qui acceptent de faire beaucoup de kilomètres pour se rendre à mon cabinet parce qu’ils apprécient ma façon de faire, ainsi que la manière dont je traite leurs enfants . C’est sans doute mon approche, différente de celle des omniprati- ciens qu’ils apprécient . Pourquoi selon vous les tétines sont utiles à la dentisterie pédiatrique ? Les tétines ne sont pas à proprement parler « utiles » à la dentisterie pédiatrique, car le mieux est évidemment lorsqu’un enfant ne suce ni pouce, ni doigt, ni tétine ! Mais je pense que si l’enfant manifeste un besoin de succion, on peut lui proposer un « traitement dentaire préventif » qui peut débuter dès les premiersjours de la vie. C’est ainsi que j’ai dé- couvert la sucette Curaprox Baby. Je souhai- tais en apprendre davantage sur l’idée de pro- poser un traitement orthodontique précoce à mes patients. L’objectif principal de la tétine Curaprox Baby est d’empêcher le développe- ment de béances et d’articulés croisés posté- rieurs, ce que j’encourage pleinement. Je suis convaincue que si vous l’utilisez dès la nais- sance et durant la première année de la vie de l’enfant, vous pourrez éviter des problèmes de positionnement dentaire. Cela ne veut pas dire que votre enfant ne devra pas subir de traitement orthodontique à l’âge adulte, mais vous l’aiderez à grandir. Il a été démontré que la tétine Curaprox Baby aide à modifier le po- sitionnement de la langue et son action intra- buccale. Selon moi, il s’agit d’une nouvelle ap- proche en prévention précoce en dentisterie pédiatrique. En général, les orthodontistes ne préfèrent pas entamer un traitement avant l’âge de 7 ou 8 ans, principalement pour des raisons de prise en charge par la sécurité so- ciale. Mais ce type de prévention précoce ne nécessite rien de particulier : il s’agit simple- ment de proposer un nouveau genre de té- tine dite « bio-fonctionnelle » et de prévenir l’apparition de malocclusions.. Quelle fut votre première réaction lorsque vous avez découvert la tétine ? J’ai immédiatement reconnu que sa conception semblait encourager un dévelop- pement correct du palais et de la mâchoire, tout en garantissant une respiration opti- male. Cette tétine suscite le plus grand inté- rêt car elle a été développée et conçue dans un objectif différent. Selon deux études suisses, sa conception a également permis de traiter des problèmes de respiration. L’objec- tif de départ est bien évidemment de satis- faire l’instinct de succion. Mais si l’on peut combiner plaisir et correction, c’est l’idéal ! J’invite chacun à lire l’article du Dr Her- bert Pick et à jeter un coup d’œil aux quelques premières études de cas. Je suis certaine que les dentistes pédiatriques seront très intéres- sés par ce nouveau produit, qui fera sans doute l’objet de communications orales … peut-être à Paris ! Dental Tribune Online remercie le Dr Rosen- berg pour cet interview.

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