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Dental Tribune Édition Française

Difficile d’échanger avec Philippe sous forme de mails, car les technologies de l’in- formatique et de l’Internet sont éloignées de ses préoccupations. Ce qui passionne Philippe, ce sont les œufs d’autruches ou d’aepyomis, les masques africains, les crânes d’animaux exotiques et d’autres objets étranges, bizarres qui constituent tradition- nellement les collections des cabinets de cu- riosités. Pas étonnant alors de voir un croco- dile suspendu, une coquille de nautile ou un pangolinsousglobedeverreexposésdanssa vitrine. Soncabinetseretrouvemalgrétoutsurun site Internet qui rassemble les amateurs de cabinetsdecuriositésoùchacunapporteson expertise dans sa spécialité et peut échanger des documents de sa collection. Ce qui est encore plus singulier n’est pas la collection de Philippe que l’on découvre en pénétrant dans son cabinet dentaire. Non, ce n’estpascela !Cequim’ainterpeléau-delàde cette décoration désuète et non conformiste réside dans l’activité hors norme de notre confrère.LecabinetdentaireduDrDorrcom- prend 2 salles de soins équipées chacune, d’un Laser d’endo des plus modernes qui contraste avec le cabinet de curiosité. Et si cetteboutiqueestleseulcabinetdecuriosité de particulier à Paris ayant pignon sur rue, si elleneproposepasàlaventelacentained’ar- ticles que compte la collection, Philippe exerce néanmoins en qualité d’Expert spé- cialisé en objets d’histoire naturelle dentaire ou osseux du XIXe siècle (expert à l’UFE). Au hasarddemesrecherchesd’informationssur les cabinets de curiosités, je suis tombé sur quelques pages mentionnant Philippe dans LES CAHIERS SCIENCE&VIE Aux racines du monde (N°138 juillet 2013), et dans PARIS UN- DERGROUND d’Antoine Besse ou ”toutes les adresses pour ne plus sortir, lire, s’habiller ni penser comme tout le monde” (guide paris/ est/à/nous 2012). Je suis retourné récemment rue Saint- Jacques, pour rencontrer Philippe Dorr et lui poser quelques questions pour Dental Tribune France. Philippe m’accueille dans son entrée-salle d’attente qui donne déjà le ton, l’ambiance ; puis il m’escorte vers un escalier voûté qui conduit dans les bas-fonds, une cave, ou plu- tôt, un refuge de trésors improbables où se côtoient squelettes, coquillages, livres, chaussures de basket pointure 54, animaux empaillés, coraux, affiches, des milliers d’ob- jets : une liste à la Prévert. C’est aussi la salle d’imagerie où trône l’appareil de radiologie panoramique et un immense négatoscope montrant le scanner d’un… Homo Sapiens ? Maintenant commence la «  leçon de cho- ses »… Marc : Comment es-tu passé de la reconstitu- tion de la dentine à la restauration de l’ivoire ? Ou peut-être est-ce ta passion pour les osse- mentset dentsdesanimauxqui t’aconduit au métier de dentiste ? Philippe : Comme tu as pu le découvrir, dans une vitrine nous observe un pangolin arboricole.C’estuntrèsvieuxcadeaudemon grand-père alors que j’étais enfant ; il appar- tient à l’ordre des « Édentés » ; pour un futur dentiste, ce cadeau était prémonitoire... Le seul rapport entre tes deux activités ? Non, il y en a d’autres. Ce crâne de gorille des plaines a été acheté par téléphone pour trois fois rien à la vente de la collection de trophées de chasse d’un château. Le com- missaire  priseur m’avait appris par télé- phone que l’objet en os au fond de la mal- lette avait 32 dents et une boite crânienne format melon de Cavaillon. Il a servi pour ma thèse. Ilyaaussidescoquillages...cen’estpassiorigi- nal ! Parfois l’intérêt ne réside pas dans l’objet lui-même, mais dans son histoire d’époque ! Par exemple : Conus Gloriamaris ou Glory- of-the-sea,qui,décritetdécouvertparChem- mitz en 1777, valait à la fin du 18e siècle le prix d’un Hôtel particulier à Paris. Mais aussi Epi- tonium  Pretiosum ou Precious Wenteltrap, qui fit l’objet de faux en pâte de riz made in China entre le moment de sa découverte et sa description par Jean Baptiste Lamarck. Que représente cette étoffe ? Cette étoffe ? Ah ah... ! Je l’ai achetée pour son socle en bronze à Drouot pour quelques dizaines d’euros et, plus tard, lors des jour- néesdupatrimoine,deuxcollectionneursde ©Nonnakrit/Shutterstock.com Passiondedents, passiondehors Curieux:quiestdésireuxdevoir,d’apprendredesavoir.Maisaussi :quiestbizarre,étrange,étonnant,singulier(Éd.Larousse).Merendanttrèssouventchezle« vieux »(magasindesportLeVieux Campeur),jemesuisaussisouventarrêtéàladevanturedu67,rueSt-Jacques.Aladroited’uneporte-cochèresiègeuneboutiquevieillotteauxmenuiseriesbleuesdontlavitrine,protégéeparune grille, laisse filtrer peu de lumière. Des objets hétéroclites se disputent la curiosité du passant et quelques étiquettes jaunies par le temps révèlent succinctement des descriptions plus ou moins explicitespourlenéophyte.Seulunœilausensaiguisédel’observationauradistinguéuneplaqueenlaitonmentionnantlecabinetduDrPhilippeDorr.Cabinetdentaireoucabinetdecuriosités ? Dental Tribune Édition Française | Octobre 201514 TALENTS Vitrine du «Cabinet» de curiosité sur la rue. Paresseuxdidactyledesforêtsd'Amazonieappelé également Unau ordre des édentés. Undentisteaucurieuxcabinet… Par le Dr Marc Revise L’entrée / salle d'attente.

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