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Dental Tribune Édition Française

Lescontraintess’accumulententermed’ar- chitecture du cabinet ou du bâtiment, mais personne ne se soucie de la façon dont le pa- tientvapouvoirs’installersurlefauteuil,etsur la conséquence que cela va avoir sur notre er- gonomie. Or nous sommes tous dépendants de la position du patient, c’est elle qui condi- tionnelanotre ! Nos patients âgés sont souvent très in- confortables dans nos fauteuils dentaires, et n’acceptent pas toujours cette position allon- gée que l’on aimerait tant obtenir. Cependant on se dit souvent que ces patients s’allongent bien dans leur lit tous les soirs, qu’ils ne dor- mentpourtantpasassis ! C’est parce que c’est un fauteuil que cela pose problème. Si on analyse les deux situa- tions, dans un cas c’est une machine qui al- longe les patients, dans l’autre ce sont eux qui maitrisent leurs mouvements. Et c’est ce qui fait toute la différence ! Avec le temps, les per- sonnes âgées perdent en qualité de proprio- ception,cequilesamèned’ailleursàperdrel’é- quilibre. A tel point que certaines s’installent même sur notre fauteuil en venant s’asseoir surlebout…auniveaudureposepied…Quand on a réussi enfin à les installer au fond du fau- teuiletquevientlemomentdebasculerledos- sier en arrière, apparaît une sorte d’angoisse partagéeentreledentistequisedemandejus- qu’oùilvapouvoiraller,etlepatientquisede- mandejusqu’oùcedentisteval’emmener. Pour résumer, il est beaucoup plus dés- agréabledesefaireallongerquedes’allonger soimême,faitesletestchezvous ! C’estjustementchezcespersonnesâgéeset ouhandicapéesqu’ilfautéviterabsolumentle fauteuil dentaire. L’utilisation d’une table de soins, ou d’un fauteuil qui reste toujours en position allongée et qui ne présente pas de creuxpourl’assise,permetàcespersonnesde s’allonger d’eux mêmes ou avec aide, de la même façon qu’ils le font tous les matins et tous les soirs. Jacques Charon ou Daryl Beach quitravaillentsurdestablesdesoinsl’ontcom- prisdepuisbienlongtemps. En tant qu’ancien Kinésithérapeute, je connais bien la problématique de ces person- nes qui venaient s’installer sur ma table, mais existe t’il un seul kiné qui possède une table motorisée qui allonge et assied ses patients? Aucun !Cespatientsn’ontnimalaudosniver- tiges quand ils s’allongent sur une table de soins. Je vais même aller plus loin, c’est parce quecespatientsontmalaudos,queleskinési- thérapeuteslesallongentetnousChirurgiens Dentistes nous ne pourrions pas  ? Ce n’est qu’unequestiondesupportdupatient… Chez un patient qui présente un handicap del’appareillocomoteur,lepremierélémentà considérer est le transfert. C’est à dire le pas- sagedesonfauteuilroulantmanueloumoto- risé,verssonlit,sestoilettes,savoiture,latable derééducation,ouvotretabledesoinsdentai- res.Soitilprésenteunecertaineautonomieet aappriscetransfertàl’hôpitalouencentrede rééducation, soit il est accompagné d’une auxiliairedeviequilesuivraaussiàvotrecabi- net.Unetabledesoinsleuresttellementfami- lière que les patients paraplégiques ou tétra- plégiques ont pris l’habitude depuis leur pas- sage en centre de rééducation, d’utiliser un plandeBobath(Fig.1). Ils’agitd’unetablequifaitenviron2mx1m totalement plane, qui leur permet d’appren- drelestransferts,defairedesexercicesàpartir delapositionallongée,deseredresseretc…Vo- tre patient en fauteuil saura souvent mieux que vous comment faire son transfert, de son fauteuilversvotretabledesoins.Ilfaudrabais- servotretablejusqu’àhauteurdesonfauteuil, qu’il aura positionné parallèlement à celle ci (Fig.2a,b,c). Si le patient n’a pas cette autonomie, son auxiliaire de vie pourra l’aider à s’installer sur votreplan. Ilfautquelatablesoitlaplusplatepossible, dégagéedetoutaccoudoirquigènelemouve- ment,suffisammentlargepourquelepatient puisse se tourner sur le côté avant de se ras- seoir. Dans certains cas, le patient présente ce qu’onappelleunehypercyphosedorsale,c’est à dire une augmentation de la courbure dor- sale.Celacrée,lorsquelepatientestallongé,un décalage entre la zone d’appui de son dos et celledesatête(Fig.3). Il faut alors, soit que la têtière puisse com- pensercela,soitajouterparexempleuncous- singelsurlatêtièreexistante(Fig.4).Lebutest de compenser cette différence de hauteur, ce quiéviteradeperturbertousvosréglagespour lepatientsuivant. Danslecasoùlepatientprésenteunehyper- lordose lombaire, c’est à dire une augmenta- tiondelacourburelombaire,ilexisteunesolu- tion très simple. Installez un petit coussin cy- lindriquesoussesgenoux,celavarebasculerle bassin, et re plaquer les lombaires sur la table (Fig. 5). Encore une fois, c’est quelque chose de familier pour ces patients et un geste très ap- précié. Je finirai en citant Pierre Fauchard dans le « Traitédesdents »:« Lapositionassisedupa- tient ne résout pas les problèmes que consti- tuent la situation des dents les plus enfoncées dans la cavité de la bouche et les cas patholo- giques qui auront rendu un malade perclus à untelpointqu’ilnepourrabaissersondos,lever, baisser ou tourner la tête ni la coucher sur le côté... (Autrement dit les personnes âgées et handicapées) Il ne sera plus question dans un tel cas ou d’autres semblables de situer le malade sur un fauteuil, il faudra lui substituer le canapé, le sofa ou le lit... pour lors on opérera à sa bouche commodémentetpeutêtreencoremieux :lasi- tuationdusujetainsicouchéàlarenversen’est paslamoinsavantageuse. » Deuxsièclesetdemid’avance… Nevouslaissezpasdominerparvoshabitu- desetvospréjugés,etremettezenquestionle support de votre patient. J’espère que les concepteurs d’units dentaires m’auront en- tendu… 9Dental Tribune Édition Française | Juin/Juillet 2015 ERGONOMIE Prise en charge des personnes âgées et/ou handicapées. Alors que nous sommes en pleine réflexion sur l’accès au cabinet dentaire pour les personnes handicapées, il ne se pose pas la question de l’accès au fauteuil, de l’ergonomie du patient sur notre unit. Or c’est essentiel, comme nous allons vous le montrer! Fig.1 : Rééducation d’un patient paraplégique,installé sur un plan de Bobath totalement plat.Cette table de soins étant plus adaptée aux différents handicaps que le fauteuil. Fig.2 a,b,c : Simulation de transfert d’un patient autonome,du fauteuil roulant à la table de soins. 2a 2c2b Fig.3 :Exempled’unpatientprésentantunecyphosedorsaleprononcée.Celacréeundécalageimportant entrelafacepostérieuredudos,etcelledelatête. | Fig.4 :Miseenplaced’uncoussingel,afindecompen- serl’hypercyphosedorsale.|Fig.5 :Installationd’unpatientde91anssurunetabledesoinsdentaires.La présenced’uncoussingelsousla têteet d’uncoussincylindriquesouslesgenouxest trèsappréciée.Cela permet dans ces cas morphologiques extrêmes,de faire accepter au patient la position allongée,et d’o- rienter sa cavité buccale vers les yeux du praticien et non l’inverse. 5 3 4 Dr David BLANC ·ChirurgienDentiste ·MasseurKinésithérapeuteD.E. ·OstéopatheD.O. ·D.U.d’ergonomiedesgesteset despostures ·www.ergonomie-dentaire.com 34

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