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Dental Tribune Édition Française

Le développement des systèmes CAO/ CFAO dans les laboratoires de prothèses dentai- res a nécessité une évolution du métier de pro- thésiste afin de s’adapter à cette nouvelle conception et fabrication prothétique. Dental Tribune a rencontré au sein du labora- toiredentaireCrownCeramàWittelsheimenAl- sace,cesnouveauxprothésistesafinqu’ilsnous expliquent en quoi leur profession est elle en train de prendre un nouveau virage et quel est leur rôle au sein du pôle de formation mis en placeen2012auseindulaboratoire. Prothésiste avant tout! Ils ont tous suivis un cursusclassiquedeprothésistedentaire,etpour- tant,unjour,aprèsquelquesannéesdansunla- boratoire«traditionnel»oùilsontempruntéle cheminhiérarchiqueduplâtre,enpassantparla métallurgie et enfin la céramique, ces hommes ontpoussélaportedulaboratoiredeprothèsedu futur. Dental Tribune: Pourquoi ce désir de change- ment? Acquérir d’autres technologies et compléter leur formation –PourChristian,lacuriositéetledésird’appren- drequelquechosedenouveaumalgrélesdiver- gencesdepointdevuedelaprofessionontété sonmoteur. –Julien et David quant à eux recherchaient le coté innovation, la vision des robots réalisant des prothèses, toutes ces techniques révolu- tionnairesquiserontincontournablesdansl’a- venirdelaprofession. –EtClémentvoulaits’orienterversunenouvelle expérienceetunnouveaudépart. Quelles sont les appréhensions et les difficultés quevousavezrencontrées? Ne plus être prothésiste. Perdre le plaisir de faire quelque chose avec ses propres mains et les rela- tionshumainesaveclepraticien. Cen’estpaslamêmemanièredetravailler,de fonctionner.Julien,avaitpeur,audébutdeper- drelegoûtdeschosesmanuelles,montersacé- ramique au pinceau avec des poudres. En fait, Clémenttrouvequec’estunenouvellemanière d’utiliser ses mains, le support, donc les outils sont différents: une souris 3D à gauche, une souris «normale» sur la droite et on doit jon- gleraveclesdeuxenmêmetemps.Doncaulieu d’avoirlemodèleetunespatuleenmain,viales sourisonpeutfairepivoterdanstouslessensle modèle avec la gauche et la spatule avec la droite.Maislasuprématiedunumériquepour Julienc’estlaprécisionquejamaislamaindel’- hommenepourraatteindre.EtClémentdesur- enchérirsurlaconstancedelaqualité:larepro- ductibilité. Pour David le relationnel avec le praticien est toujours extrêmement présent. Sa connaissance sur l’évolution des céra- miques, leur rendu esthétique, leurs qualités mécaniques, la transmission de la lumière, va- riableselonleurtype,luipermetderenseigner au mieux les dentistes sur le meilleur choix en fonctionducasclinique. Pour les prothésistes «designer», rester sta- tiquetoutelajournéedevantsonécranpeutêtre unhandicapaudépart.Nepasparticiperpleine- mentàlaréalisationdeAàZdesaconceptionau grattageetàsafinition,sapersonnalisationdela prothèsemodéliséeapporteunefrustrationqui pourrait peut-être assouvie par un passage une demijournéedetempsentempsaulaboratoire. Jouiezvousbeaucoupauxjeuxvidéosetàl’ordina- teur? L’aptitude des jeunes pour l’informatique ne rem- placepaslesavoirfairedumétier –Clément:maformationeninformatique…pas plusqueça.Maislelogicielestsuperintuitifet ilnem’afalluquetroissemainespourmemet- tre dans le bain, connaître tous les outils, avoir de nouveaux automatismes et après c’était parti ! La difficulté aussi réside dans la projec- tiondenotretravailsurl’écran,l’apprentissage de la vison de l’espace n’est pas si simple et de- mande initialement beaucoup de concentra- tionetdoncdefatigue. –Davidatoujoursétéimpressionnéparlesnou- vellestechnologiesmaisn’étaitquemoyenne- ment passionné par l’informatique et les jeux vidéos. N’est ‘il pas frustrant qu’un logiciel remplace la main et la pensée de l’homme pour la réalisation desprothèses? Latêtepensecommeunprothésisteclassique.C’est unenouvellemanièred’utilisersesmains.Toutesles connaissancesprothétiquessont misesenapplica- tion. –Clément : Pour le design d’une dent unitaire c’esttrèssimple:l’ordinateurgèreenviron75% du travail, mais quand on a une restauration complèteàfaire,l’ordinateurnesertàrien,c’est commesionavaitnotremodèleetc’estànous dedéterminerlescourbes,l’occlusion,lalatéra- lité,nosmouvements…toutestàconnaitreetà reproduiresurl’ordinateurmême.C’estmême plus compliqué car on n’a pas la même vision, onn’apaslemodèleenmain.Doncc’estunap- prentissagesupplémentairemaispourmoiça n’a pas été frustrant du tout, au contraire ça nous permet d’être plus précis : de travailler le grossissementàl’écranetdevoirlerésultatàla sortie de la machine d’usinage… il n’y a pas photo. –Julien:Non,carilyatellementd’évolutiontous les jours, des nouveaux matériaux, il faut chaquefoisseremettreenquestion,apprendre de nouvelles choses et apporter des solutions pourquetoutfonctionnebien. –David : Je ne ressens pas de frustrations car le mondedunumériqueetmesconnaissancesen réalisation prothétique sont complémentai- res. L’approche est différente mais je participe au développement. J’apporte mon regard pro- thétiqueauxnouvellestechnologies. Intervenez-vous sur le développement et l’améliorationdeslogiciels? De par notre expérience prothétique, quand on développe de nouvelles technologies, nous savonssilerésultatproduitdonnerasatisfaction auxpraticiensetauxpatients. Bêta-testeurs pour le logiciel 3 Shape, toute l’équipeaénormémentfaitévoluerlelogicielen quatre ans. Les outils mis à disposition ne sont plus les mêmes. Par exemple, aujourd’hui, on peutfairedescoupestransversalespourvérifier lesépaisseursdechape. Quelestvotrerôleauseindupôledeformation? Tous, par leurs connaissances acquises, leurserreursetlesétapesquiontpermisderé- soudre les problèmes rencontrés, sont à mê- mesdeformerlesnouveauxprothésistesàl’a- venirdecetteprofession.Detousleslaboratoi- res français, Crown Ceram et son équipe a ré- ussi le 100 % intégré, ce qui permet une maitrise de l’ensemble du « process », tout est fait en interne ce qui permet une interaction surtout. Peut-on progresser dans ce genre de laboratoire, oulesrôlessontbiendéfinisetimmuables? J’aiapprisbeaucoupplusenquatreansqu’enquinze ans –Julien : Dans les autres laboratoires il y a le pa- tron et les prothésistes. Ici les responsables de secteursontapparuspuislesdirecteursindus- triels, le responsable de maintenance. Dans cettelogiqued’évolutionjesuisdevenurespon- sabledemonservice.Alorsouionpeutévoluer. –David:Onprogressetousensemble.C’estriche surleplantechniqueethumain.C’estunebelle aventure. –Christian : j’ai appris beaucoup plus en quatre ansqu’enquinzeans. Commentvoyez-vousl’évolution? Danslemeilleurdesmondes:dutout-céramiqueet despraticiensetdespatientsheureux!L’avenirsera la standardisation de toutes les étapes de l’em- preinte à la fabrication prothétique. Produire plus vite,demeilleurequalitéetàmoindrecoût. L’avenirpourClémentcesontdesoutilssurle logiciel qui vont encore arriver et qui rendront encoreplusdeservices.Faireévoluerlanouvelle versionde3Shape.L’évolutionestconstantealors desfoisonn’amêmepasletempsdepenseràce qu’ilvientdesepasserqu'ilyenadéjàunenou- velle! –Julien : Je ne sais pas, cela évolue tellement vite à cause de l’ère numérique. Les évolu- tionsviendrontdesmatériauxtoujoursplus esthétiques qui pourront même s’utiliser pour les dents antérieures, puis des machi- nes qui vont se démocratiser (donc moins chères) et d’autres personnes vont y accéder quiaurontaussidebonnesidéesetquidéve- lopperont à leur tour de nouvelles choses. Maisilfautfaireattentionànepaspartirdans n’importe quelle direction : on peut faire fausse route. Mais chez Crownceram, nous avons les bonnes personnes pour nous gar- derdanslabonnevoie ! –Christian:Toutelamodernitéqu’onpeutretro- uverdanslacéramiqueoudansd’autresmaté- riauxquin’existentpasencore,onnevapastar- deràlesvoirarriverdansnotrelaboratoire,no- tammentdanslesecteurdesfauxmoignons.La standardisation de l’empreinte numérique avec les caméras intra buccales permettra de gagnerenprécisionetentemps. Reviendriez-vousenarrière? Delaguerredufeuàlaguerredesétoiles –Christian : Pour une seule raison mais pas for- cement valable. Ici le travail est intensif, il faut être efficace. D’autre part c’est une grande en- treprise tandis que dans un laboratoire tradi- tionnel on est 2 ou 3 personnes, c’est plus pé- père,bonenfantalorsqu’icic’estbeaucoupplus cadré. –Clément : je suis passé de la guerre du feu à la guerre des étoiles. La possibilité de fournir un travail de qualité reproductible rendrait le re- tourenarrièrebiencompliqué.Deplus,lepro- thésiste est voué à vivre de plus en plus long- temps par rapport aux années 80 du fait de la nocivité des produits, il arrivait à peine à la re- traite. Dans un laboratoire «classique» il y a plusdestress,unecouléequinemarchepas,des éléments qui se cassent, se déforment. Là un bridge complet est désigné sur un modèle nu- mérisépuisenvoyéàlamachine:iln’yaaucune déformation.Donclenumériquepermetderé- duire les maladies professionnelles. C’est une bonne chose pour nous ! C’est à prendre en compte. –Julien: non car ici le défi est différent, le fonc- tionnement, le travail, on ne peut pas l’imagi- nertantquel’onn’yestpasentré. En conclusion, aucun d’entre eux ne revien- drait, actuellement, au travail de laboratoire «traditionnel», «le numérique c’est l’avenir, c’estdéjàmêmeleprésent». 27Dental Tribune Édition Française | Novembre 2014 MÉTIER SPÉCIALADF Le prothésiste informaticien À la croisée de deux univers : l’industrie et l’artisanat Christian, Clément, David et Julien ces prothésistes nouvelle génération.

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