Please activate JavaScript!
Please install Adobe Flash Player, click here for download

Dental Tribune Édition Française

Chirurgie Tribune Édition Française | Mai 201420 Le corps humain contient plus de 200 ty- pes différents de cellules, organisées en tis- sus et organes, qui effectuent toutes les tâ- ches nécessaires au maintien de la viabilité du système, notamment la reproduction. Danslestissussainsadultes,latailledelapo- pulationcellulaireestlarésultanted’unéqui- libre subtil entre la prolifération, la différen- ciation et la mort des cellules. Après une lé- sion tissulaire, les cellules commencent à proliférerpourréparerlesdommages.Poury parvenir,lescellulesquiescentes(c’est-à-dire les cellules dormantes) du tissu, se multi- plientoudescellulessouchessontactivéeset se différencient pour produire le type cellu- laireadéquatetnécessaire,àlaréparationdu tissu lésé. Les recherches sur les cellules sou- ches visent à comprendre le mécanisme du maintien et de la réparation des tissus à l’âge adulte, ainsi que la dérivation du très grand nombre de types cellulaires des embryons humains. On sait depuis longtemps que les tissus peuvent se différencier en de nombreux ty- pes cellulaires. On sait également que dans certains tissus tels que le sang, la peau et la muqueuse gastrique, les cellules différen- ciées ont une demi-vie très courte et sont in- capablesdeserenouvelerelles-mêmes.Ainsi s’est dégagée l’idée que le maintien de cer- tains tissus pourrait être assuré par les cellu- les souches, définies comme des cellules ca- pables, dans une énorme proportion, de pro- duire des copies d’elles-mêmes (autorenou- vellement), et parallèlement de générer des cellules filles susceptibles de se différencier. Ces cellules filles, que l’on dénomme aussi cellules souches adultes, ne donneront nais- sancequ’àdeslignéescellulairesspécifiques, des tissus où elles se trouvent(Fig. 1). Il est non seulement possible d’isoler les cellules souches des tissus adultes et em- bryonnaires, mais il est aussi possible de les cultiveretdelesconserversousformedecel- lules indifférenciées. Les cellules souches embryonnaires ont la capacité de produire toutes les cellules différenciées d’un adulte. Leur potentiel de différenciation est donc bienplusimportantqueleseullignageméso- dermique conventionnel, et peut les faire évoluer en cellules hépatiques, rénales, mus- culaires, cutanées, cardiaques et nerveuses (Fig. 2). La découverte du potentiel des cellules souchesamarquéledébutd’uneèrenouvelle de la médecine : l’ère de la médecine régéné- rative. Elle a permis d’envisager la régénéra- tion d’un tissu ou d’un organe lésé, qui sinon aurait été perdu. Cependant, et pour des rai- sons évidentes, l’utilisation de cellules sou- ches embryonnaires soulève des questions d’éthiques.C’estpourquoilaplupartdesétu- desscientifiquesseconcentrentsurlescellu- lessouchesadultes.Cesdernièresn’ontpasle potentiel presque illimité des cellules sou- chesembryonnaires,quipeuventsedifféren- cier en n’importe quels types de cellules et tissus. De l’avis général, elles sont multipo- tentes, c’est-à-dire capable de donner nais- sance à certains types de cellules ou tissus biens spécifiques. Grâce aux progrès de la re- cherchescientifique,onapudéterminerque larégénérationdecertainstissusposedeplus grandes difficultés. C’est le cas du tissu ner- veux,tandisqueletissuosseuxoulesangré- pondentmieuxàunethérapieparlescellules souches. En odontologie, les études se sont pen- chées sur l’utilisation de la pulpe des dents temporaires comme source potentielle de cellules souches, et les résultats obtenus ont étéencourageants.Toutefois,larégénération d’une dent complète, que l’on désigne par troisième dentition, est un processus extrê- mement complexe qui, malgré un certain nombre de résultats prometteurs chez l’ani- mal, reste très loin de la réalité clinique. Par contre, on dispose d’un niveau de preuves scientifiques plus élevé sur la régénération de l’os de la mâchoire et son applicabilité cli- nique. Actuellement, les cellules souches adultes ont notamment été dérivées de la moelle osseuse et des tissus adipeux. La moelle osseuse a une activité hémato- poïétique.End’autrestermes,elleestcapable de produire toutes les cellules sanguines. Dans les années 1950, les travaux du Dr Ed- wardDonnallThomas,pourlesquelsilareçu plus tard un prix Nobel, lui ont permis de dé- montrer la viabilité de greffes de moelle os- seuse chez des patients atteints de leucémie. Depuis lors, de nombreuses vies ont été sau- vées grâce à cette approche, dans le cadre de diverses maladies du système immunitaire et des organes hématopoïétiques. Cepen- dant, la moelle osseuse contient bien plus que des cellules souches hématopoïétiques (qui produisent les globules blancs et les glo- bules rouges, ainsi que les plaquettes, par exemple). Elle est également le siège des cel- lulessouchesmésenchymateuses(quisedif- férencient en tissus osseux, musculaires et adipeux notamment ; Fig. 3). Une ponction de moelle osseuse est réali- sée sous anesthésie locale par une aspiration à l’aide d’une aiguille fine, au niveau de l’os iliaque(osdubassin).Misàpartlefaitquecet acte requiert un médecin compétent, il n’est pasconsidérécommeuneprocédureexcessi- vement complexe ou invasive. Il n’est pas non plus associé à des niveaux élevés de dés- agréments, que ce soit en phase peropéra- toire ou postopératoire (Figs. 4a et b). Une reconstruction osseuse relève du défi en odontologie (et aussi en orthopédie et en oncologie), car réparer des lésions intra-os- seuses causées par un traumatisme, des in- fections,destumeursoudesextractionsden- taires, nécessite une greffe osseuse. Un vo- lume osseux insuffisant dans la mâchoire peut être un obstacle à la pose d’implants dentaires et par conséquent affecter la qua- lité de vie du patient. Pour remédier à ce manque, de l’os est généralement prélevé au niveau du menton ou de l’angle de la mandi- bule.Silaquantiténécessaireesttropimpor- tante,ilestpossibled’utiliserdutissuosseux provenant du crâne, des jambes ou du bas- sin. Contrairement à une ponction médul- laire, le prélèvement d’un greffon osseux de RECHERCHE Cellules souches en implantologie Dr André Antonio Pelegrine,Brésil Fig.1:Cellulesoucheévoluantversunautorenouvellementouunevoiedediffé- renciation.–Fig.2:Différentstissusissusdecellulessouchesmésenchymateuses. 1 2 Fig.3:La diversité de types cellulaires présents dans la moelle osseuse.–Fig.4a:Point de la piqûre d’aiguille pour accéder à l’espace médullaire au niveau de l’os iliaque.–Fig.4b:L’aiguille à l’intérieur de la moelle osseuse.–Fig.5a:Greffon osseux prélevé au niveau du menton.–Fig.5b:Greffon osseux prélevé au niveau de l’angle de la mandibule (ramus ou branche montante de la mandibule).–Fig.5c:Greffon osseux pré- levé au niveau du crâne (voûte crânienne).– Fig.5d:Greffon osseux prélevé au niveau de la jambe (tibia ou péroné).–Fig.5e:Greffon osseux prélevé au niveau de l’os coxal (os iliaque). 3 4b 5a4a 5b 5d 5e5c