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Dental Tribune Édition Française

11Dental Tribune Édition Française |Avril 2014 RECHERCHE Les maladies parodontales sont associées à un état infec- tieux chronique et induisent en retour un état inflamma- toire chronique. Les patients souffrant de parodontite (prés d’un tiers de la population après 35 ans) présentent une réponse de l’hôte accrue et des modifications métaboliques systémiques.Aucoursdesder- nièresannées,unintérêtcrois- sant s’est porté sur l’impact de la santé bucco-dentaire et en particulierdel’étatparodontal sur l’athérosclérose et les mal- adies cardiovasculaires, le dia- bèteetlesmaladiesinflamma- toires telle la polyarthrite rhu- matoïde. L’objectif de cette séance était d’aborder les conséquences de la maladie parodontale sur ces patholo- gies et à contrario les éven- tuelles conséquences de ces pathologies sur la santé paro- dontale. Ainsi, pour chaque thème abordé (maladies car- diovasculaires, diabète et polyarthrite rhumatoïde), un médecin spécialiste de ces pa- thologies sera couplé à un parodontologiste. Concernant l’impact des maladies paro- dontales sur les maladies cardiovasculaires, des études ont rapporté une association en- tre les infections orales et un risque accru d’accident vasculaire cérébral et de maladie cardiovasculaire. Les mécanismes par les- quels les infections orales pourraient pré- disposer à la maladie cardio-vasculaire sug- gèrent un effet des bactéries parodontales dans la formation de la plaque d’athérome. L’inflammation chronique causée par ces bactéries induit une augmentation de la ré- ponsedel’hôteavecunelibérationdecytoki- nes et d’autres médiateurs inflammatoires. Ces derniers déclenchent une cascade de ré- actions biochimiques qui peut engendrer des lésions endothéliales et la formation de la plaque d’athérome. Cette partie du col- loqueétaittraitéeparlePrLinaBadimon,Di- rectriceduCentrederecherchecardiovascu- laire de l’Université de Barcelone et par le Pr Carles Mendieta, Directeur du Département de parodontologie de l’Université de Barce- lone. Lapolyarthriterhumatoïde(PR)estunrhu- matismeinflammatoirechroniqueauto-im- mun affectant 0.25 à 0.5 % de la population française. Elle se caractérise par une inflam- mation de la membrane synoviale et la for- mation d’un pannus se développant au dé- pend d’une destruction de l’os et du cartilage deplusieursarticulationsducorps.Elleocca- sionne une perte fonctionnelle majeure, ainsi que des manifestations extra-articulai- res telle qu’une sécheresse buccale (Syn- drome secondaire de Sjögren). Depuis quelques années, de nombreuses études ont mis en évidence les liens étroits existants entre parodontite et polyarthrite rhumatoïde : 1 – Points communs : la parodontite et la PR sont des pathologies chroniques évoluant par poussées et dont les lésions peuvent présenter une distribution variable. Ces deux pathologies se développent chez des hôtes susceptibles (terrain génétique) sous l’influence de facteurs de risque qui peuvent être communs, tels que le tabac. De plus, elles présentent toutes deux des destructions osseuses mettant en jeu des mécanismes physiopathologiques simi- laires. La différence fondamentale entre parodontite et PR est l’étiologie bacté- rienne pour la première et auto-immune pour la seconde. 2 – Interactions : la parodontite est plus fré- quente et plus sévère chez les patients at- teints de PR et les sévérités cliniques et radiologiques de ces deux pathologies sont corrélées. Cependant, compte-tenu deleurfaibleniveaudepreuve,desétudes longitudinales larges sont nécessaires pour confirmer ce point. D’un point de vue biologique, cette association s’expli- querait par le rôle de Porphyromonas gin- givalis. En effet, la PR est associée à la pro- duction de certains anticorps dont le fac- teurrhumatoïdeetlesanticorpsanti-pep- tides cycliques citrullinés (anti-CCP), plus spécifiques, qui seraient clé dans le déve- loppementdecettemaladie.Or,P.gingiva- lis est la seule bactérie qui possède une peptidyl arginine déiminase (PAD), en- zyme à l’origine de la citrullination post- traductionnelle des résidus arginines des protéines.Cettebactériefavoriseraitdonc lagénérationd’anticorpsanti-CCP,renfor- çant l’idée que la parodontite est un fac- teur de risque de l’initiation et/ou l’entre- tiendelaPR.Desétudesanimalesmenées sur des arthrites expérimentales ap- puient le rôle de Porphyromonas gingiva- lisetdesaPADdansledéveloppementdes lésions arthritiques. 3 – Conséquences thérapeutiques : de par leurs similitudes physiopathologiques, lestraitementsmédicauxdelaPR,etprin- cipalement les biothérapies anti-TNF, pourraient avoir un impact sur l’évolu- tion de la parodontite. Des études mon- tentqueletraitementpardétartrage/sur- façage de la parodontite améliore l’acti- vité clinique (amélioration de la qualité de vie, diminution de la douleur…) et bio- logique (diminution des marqueurs de l’inflammation VS et CRP) de la PR, et no- tamment améliore la réponse au traitement anti-TNF. Ces résultats sont en faveur d’un rôle de la parodontite comme facteur de risque de la PR. Cespointsontététraitéspar le Pr Xavier Mariette (Inserm UMR-S 1012 - Le Kremlin-Bicê- tre, AP-HP) pour les aspects médicaux et par le Dr Marjo- laineGosset(EA2496-Univer- sité Paris Descartes et Hôpital Charles Foix, AP-HP) pour les aspects parodontaux. Enfin, diabète et maladies parodontales ont en commun la présence d’une importante composante inflammatoire. Un diabète mal contrôlé a une influence à la fois sur la des- truction des tissus parodon- taux en l’accentuant et sur la capacité réduite de cicatrisa- tion lors de la mise en œuvre des thérapeutiques parodon- tales. Une sécheresse buccale et une sensation de brûlure sont plus fréquemment décri- tes chez les patients diabé- tiques mal équilibrés. Toute- fois, ce sont essentiellement les relations bi- latérales entre diabète et maladies parodon- tales qui méritent d’être soulignées. De leur côté, les maladies parodontales sont suscep- tibles d’agir sur la survenue du diabète, sur ses complications et sur l’équilibre glycé- mique. Les mécanismes physiopatholo- giques qui expliquent le lien entre les deux pathologies commencent à être identifiés. Enfin,lapriseenchargedespathologiesparo- dontales, qui conduit pour le moins à une ré- duction substantielle de la réaction inflam- matoire,paraîtavoiruneffetbénéfiquesurle contrôle glycémique en abaissant le taux d’HbA1c. Des recommandations visant à une prise en charge optimale tant du diabète que des maladies parodontales doivent être pro- posées aux professionnels de santé, méde- cins et dentistes, et aux patients. Ces points ont été traités par le Pr Christian Boîtard (In- serm Directeur ITMO Circulation, métabo- lisme,nutritionUniversitéParisDescarteset HôpitalCochin)pourlesaspectsmédicauxet par le Pr Henri Tenenbaum (Inserm U1109 - Université et Hôpitaux de Strasbourg) pour les aspects parodontaux. Institut Français pour la Recherche Odontologique 7 rue Mariotte 75017 PARIS Tél. : 01 58 22 17 23 E-mail : contact@ifro.eu Colloque IFRO Maladiesbucco-dentairesetmaladiesgénérales 20 janvier 2014 – Le Colloque 2014 de l’Institut français pour la recherche odontologique (IFRO) s’est tenu lundi 20 janvier, sous la présidence du Professeur Catherine Chaussain, dans le Grand Amphithéâtre de l’UFR d’odonto- logie Paris Descartes en présence de nombreux chercheurs. Par son action, l’Institut contribue à aider tout ce qui constitue les forces vives de la recherche odontologique. Actuellement, l’IFRO est la seule structure, dans le domaine odontologique, qui stimule activement la formation des jeunes chercheurs et qui encourage les équipes de recherches innovantes. Dans ses missions, l’IFRO inclut la diffusion des connaissances scientifiques au travers de colloques thématisés.