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Dental Tribune Édition Française

Dental Tribune Édition Française | Février 201410 Une fois que le patient s’est allongé sur notre table de traitement, ou notre fauteuil qui a permis une position totalement hori- zontale (voir les numéros d’octobre à jan- vier Dental tribune), vient le besoin d’o- rienter notre zone de travail vers nos yeux. Notreconnaissancedelarégioncervicale remonte à nos lointains cours d’anatomie, qui ne nous avaient d’ailleurs pas appris à mobilisercetterégion.Celanouslaissesou- vent désarmés face à l’installation de nos patients. Face à la variabilité de la morpho- logie humaine, nous hésitons et nous per- dons du temps lorsque nous essayons d’a- dapter la têtière. Le patient accepte tant bienquemalunepositioninconfortable,ce qui nous stresse. Que dire lorsqu’il ne l’ac- cepte pas… Une meilleure connaissance de la biomé- canique de cette région doit pouvoir nous permettre de régler ce problème. On dissocie le rachis cervical supérieur (sous occipital) et le rachis cervical infé- rieur (Fig. 1). Ce dernier va de la 2è cervicale à la 1ère dorsale et permet en moyenne une ampli- tude totale d’extension et de flexion, de 76 à 120° selon les auteurs. Non seulement ces chiffres varient en fonction de l’âge [1], mais en plus la diminution d’amplitude est plusprécoceaurachiscervicalinférieur[2]. Il est donc important de ne pas solliciter ce rachis cervical inférieur lors de la mise en extension de la tête du patient. C’est d’au- tant plus le cas pour les populations âgées, quiconstituentunepartimportantedenos patients. Or la plus part de nos têtières ont un axe de mobilité qui se projette sur la charnière cervico-dorsale, donc bien trop bas ! Lespatientsâgésprésententsouventune cyphose dorsale, ce qui les incitent debout à redresser la tête pour avoir le regard hori- zontal.Pourcelailsutilisentjusqu’àlatota- litédeleuramplituded’extensioncervicale inférieure disponible. Allongés, il ne peu- vent plus mettre la tête d’avantage en ar- rière, c’est alors nous qui nous penchons en avant ! Labiomécaniquedurachiscervicalsous occipital est très différente, due à la morphologie des vertèbres qui le compo- sent. C1 effectue autour de C2 principale- ment de la rotation, et l’occiput sur C1 prin- cipalement de la flexion/extension. Les va- leurs moyennes selon les auteurs pour l’amplitudedeflexion/extensiondurachis cervical supérieur sont de 40 à 50°. Uneextensionde20à25°del’occiputest donc disponible, et permet d’orienter le crâne, donc le plan d’occlusion maxillaire, vers l’arrière. (Fig. 2) Si la têtière est articulée en regard de la charnière occiput/C1, le praticien pourra réaliser une extension de cette zone du ra- chis, tout en gardant le rachis cervical infé- rieur neutre. La face occlusale des dents maxillaires étant alors un peu plus orientée vers le haut, le praticien aura un meilleur angle de vue que ce soit en vision directe ou indirecte. Cela se rapproche de l’idée de Po- pesco en 1947 [3] ; l’axe de l’ATM qu’il propo- sait comme axe de mobilité de la têtière, se trouvant proche de l’axe occiput/C1. Ce mouvement est réalisé facilement en kinésithérapie ou en ostéopathie, car les praticiens connaissent le mouvement et l’appliquent avec leurs mains (Fig. 3). Un bel exemple d’innovation basée sur ce principe, est une têtière brevetée par le Dr Pierre Farré (Fig. 4) qui a été reprise plus- tard par Morita sur les versions pour l’Asie des tables de soins dentaires (Fig. 5), qui ne sont malheureusement pas encore dispo- nibles pour le reste du monde. Lestêtièresàmobilitésmultiplesetcom- plexes peuvent paraître attrayantes, mais en réalité requièrent plus de temps et d’ef- fort pour les ajuster. Connaîtrel’anatomieetlabiomécanique cervicale doit permettre aux fabricants de nous proposer d’autres têtières que celles issues du conformisme et du suivisme, dont la pauvreté se constate chaque année lors des expositions. En attendant nous es- sayerons de nous adapter. Une solution simple consiste à garder la têtière dans l’axe du dossier et de ne plus y toucher, puis nous demandons au patient de basculer la tête vers l’arrière et tractant légèrement sur les incisives centrales pour lui indiquer le mouvement. Même sans tê- tière adaptée, la manipulation du rachis cervical haut peut s’apprendre et se maitri- ser rapidement, mais le patient doit tenir la position et finit par fatiguer. Les concep- teurs de matériel dentaire peuvent nous proposerdesinnovationsdanscesens,faut il encore qu’ils en aient compris l’intérêt. [1] Sforza C, Grassi G, Fragnito N, Turci M, Ferrario V. Three-dimensional analysis of active head and cervical spine range of motion:effectofageinhealthymalesub- jects. Clinical Biomechanics (Bristol, Avon) 2002 Oct; 17(8): 611-4. [2] Poisnel J-L. Épidémiologie des limita- tions d’amplitude du rachis cervical chez 230 sujets non consultants. Annales de Kinésithérapie 1981 ; 8 : 57-63. [3] Popesco S. Notre agencement profession- nel. L’information dentaire 1947 ; 38 : 1039-1046 et 1061-1083. ERGONOMIE Lespatientsn’enfontqu’àleurtête! Alors comment manipuler la tête et les cervicales de nos patients ? Fig.1 : Les rachis cervicaux supérieur et inférieur,sont deux entités fonctionnelles différentes.Il faut les dissocier lors de l’orientation de la cavité buccale du patient. Fig.2 : Axe de mobilité du rachis cervical haut,per- mettant l’orientation du plan d’occlusion maxil- laire vers l’arrière. Fig.3 : Extension manuelle que je réalise entre l’occiput et C1.Le rachis cervical inférieur reste immobile. DR DAVID BLANC · Chirurgien Dentiste · Masseur Kinésithérapeute D.E. · Ostéopathe D.O. · D.U.d’ergonomie des gestes et des postures · www.ergonomie-dentaire.com Fig.4 :Têtière du Dr Pierre Farré,avec axe de mobilité superposé avec l’axe Oc- ciput/C1. Fig.5 :Têtière dont centre de rotation se projette sur l’axe occiput/C1 développée par Morita Japon. Pour devenir un de nos testeurs contactez par mail Dr Laurence BURY laurence.bury@ dental-tribune.com