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Dental Tribune Édition Française

les. L’enjeu n’est pas d’aller vers un surar- mement technologique en se laissant im- pressionnerparlesrésultatsdelanuméri- sation mais bien d’apporter une valeur ajoutée au travail de l’épithésiste. Pourtant, dès l’acquisition grâce à un scanner optique, ou de l’utilisation des fi- chiers tomodensitométriques, l’intérêt de la numérisation se dévoile. L’inconfort de la prise d’empreinte est supprimé et de nombreuses informations deviennent disponibles lorsqu’elles sont exploitées par un logiciel performant : les axes de sy- métrie, l’expression du visage en position de repos, la possibilité d’utiliser les orga- nes controlatéraux par renversement in- formatique… (figure 6). Le couplage de dif- férentes sources d’images (RX et optique) aide le praticien à mieux planifier sa pose d’implant, l’émergence des connectiques, cela au profit d’une meilleure intégration fonctionnelle et esthétique (figure 6). S’il n’yadéjàplusdelimiteàlaconceptionpar logiciels,lafabricationassistéeparordina- teur bénéficie encore de développements importants tant des machines que des ma- tériaux (figure 7). La numérisation du visage par l’utilisa- tion de matériel grand public offre un renduetuneprécisionsanspareilmaisné- cessite que des fonctions indispensables soient intégrées aux logiciels de concep- tion. Les solutions de fabrication des diffé- rentespiècesprothétiquessontdeplusen nombreuses et adaptées. La perspective dans un futur proche du passage à la cou- leur complète la gamme. Ilestpossibled’établirunelisted’impé- ratifs auxquels doit répondre la prothèse. La finesse des bords, l’état de surface, la teinte de la peau prothétique, sont autant d’élémentsàprendreencomptedansleca- hier des charges utile à la recherche de la solution de fabrication la mieux adaptée. L’acteprothétiquefacial,parlajuxtapo- sition de tissus artificiels (autrement dit une « peau prothétique ») à des tissus hu- mains défaillants (la mutilation faciale) aboutit à un processus complexe d’hybri- dationdontnouscommençonstoutjusteà saisir le sens d’un point de vue socio- anthropologique. L’hybridation opérée parlecomplexe«épithèsefaciale/facemu- tilée» permet notamment de compenser une défaillance humaine, redonner une imaged’unvisage«culturellementadmis» et modifier indéniablement la perception du patient défiguré vis-à-vis de son propre corps. L’intégration esthétique en pro- thèse faciale est l’objectif numéro 1 à at- teindre. Si le patient la garde toujours à l’esprit durant la phase de conception, il lui importe peu le moyen d’y arriver. Les facteurs psychologiques liés au trauma- tisme subit par le patient, quelle que soit la qualité du travail de l’épithésiste, rend cette intégration esthétique et l’accepta- tiondunouveauvisagequelquesfoisdiffi- cile. L’intégration des techniques d’image- rieetdesprocédésdeconceptionvirtuelle pourrait bien perturber à nouveau ce schème de pensée, aboutissant peu-à-peu à une «médecine sans corps»: comment pourrait ainsi s’opérer la reconfiguration neuro-psycho-physiologique du patient mutilé lors de l’intégration, dans la chaîne de fabrication d’une prothèse faciale, de procédés de reconstitutions numériques maxillo-faciales idéalisées? Lafacevirtuelleproduiteavantlaréali- sationd’uneprothèse«bienréelleetpalpa- ble»nepourrait-ellepasaméliorerl’accep- tation de la modification de l’image de soi assurant une intégration prothétique duale plus aisée et rapide, à la fois phy- sique et psychique? Enfin, l’usage de la cyber technologie à outrance ne pourrait-elle pas écarter le praticien en réhabilitation prothétique maxillo-faciale de la réalité clinique, par une dissociation de la tête et de la main, à l’origine d’un inéluctable appauvrisse- ment des pratiques prothétiques… (figure 9). A moins d’y voir au contraire, dans un fantasme assouvi, la résurgence moderne du mythe de Pygmalion dans une version à présent numérisée ? Cette réflexion sur l’être et le virtuel d’hier, d’aujourd’hui et de demain dans l’enjeu des reconstruc- tions prothétiques maxillo-faciales sera développéeparPhilippePomar(Toulouse) qui fut l’un des premiers à s’emparer des technologies numériques pour des tra- vaux de prothèse faciale (Figure10). Unretourd’expériencequevousviend- rez partager avec nous au cours d’une séance futuriste mais réaliste. Bibliographie – AndrieuBernard.2008.DevenirHybride, Presses universitaires de Nancy. – Destruhaut Florent, Jacques Dichamp, Eric Toulouse, Emmanuelle Vigarios & Philippe Pomar. 2012. «Les épithèses fa- ciales: approche fondamentale et bases thérapeutiques», Encyclopédie Médico- Chirurgicale Stomatologie, Paris, Edi- tions Elsevier : 22-066-B-56. – Destruhaut Florent, Emmanuelle Viga- rios, Bernard Andrieu & Philippe Pomar. 2011. «Regard anthropologique en Pro- thèse Maxillo-Faciale : entre science et conscience», Chimères, revue des schizoanalyses, devenir hybride, Paris, CNL, 75 : 45-56. – Heudin Jean-Claude. 2009. Robots & Avatars - Le rêve de Pygmalion, Paris, Odile Jacob. – Rohner Dennis, Peter Bucher, et Beat Hammer. «Prefabricated Fibular Flaps forReconstructionofDefectsoftheMaxil- lofacial Skeleton: Planning, Technique, and Long-Term Experience». Oral & Cra- niofacial Tissue Engineering 1, no 1 (Spring 2011): 11–19. – Roser Steven M, Srinivasa Ramachandra, Henry Blair, William Grist, Grant W Carl- son, Andrew M Christensen, Katherine A Weimer,etMartinBSteed.«Theaccuracy of virtual surgical planning in free fibula mandibular reconstruction: comparison of planned and final results». Journal of Oral and Maxillofacial Surgery: Official Journal of the American Association of OralandMaxillofacialSurgeons68,no11 (novembre 2010): 2824-2832. Figure 6: SCAN : Les technologies de scannérisation sont nombreuses mais pas toutes équivalentes en termes de résolution. Certaines font appel à des outils grands publics comme les appareils photos numériques. C’est le cas du procédé de photogrammétrie de TEN24 qui utilise jusqu’à 18 Canon DSLR pour capturer un scan de la tête sur 360° enunefractiondeseconde.Laprécisiondecesystèmepermetderetranscrirelegraindepeau.Lemodèle3Desten- suite texturé grâce à l’application de la photo couleur. (Images TEN24) Figure 7: CAD : Les logiciels doivent être capables d’ouvrir les fichiers issus de la numérisation du patient. Certai- nes fonctions comme la modélisation dans les trois plans de l’espace sur un maillage sont essentielles pour la con- ception de l’épithèse. A gauche modélisation de l’infrastructure de l’épithèse, à droite celle de la prothèse elle- même. (coll. Maxime Jaisson) Figure 8: CAM : La fabrication assistée par ordinateur évolue vers l’impression 3D de tissus vivants. Une impri- mante 3D dépose des cellules encapsulées dans un hydrogel composé de collagène. Les cellules vont se développer pour former les nouveaux tissus de l’oreille. (Images Cornell University ; Lawrence J. Bonassar) Figure 9: L’homme cyborg : une conception futuriste de l’homme prothésé (coll. Musée Grévin) Figure 10: Aujoud’hui : Réalités cliniques quotidiennes autour du visage et de la face : stigmate et perte de sub- stance hémi cranio-faciale. Aujourd’huiàdemain:Acquisitionetnumérisationtridimensionnellesdelaface:versunemédecinesansvisage? (coll. Philippe Pomar) DENTAL TRIBUNE The World’s Dental Newspaper · Édition Française STAND 1 T 19 show preview · ADF Paris 201314 conférence à venir