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Dental Tribune Édition Française

Dental Tribune Édition Française | Novembre 201112 La mauvaise haleine ou halitose repré- sente une préoccupation des patients bien plus fréquente que ne le laisseraient suppo- ser leurs motifs de consultation. Souvent, il leur est difficile d’aborder avec le praticien ce sujet connoté très négative- ment. À l’inverse, le relatif anonymat des ré- seaux sociaux sur internet leur permet de s’exprimer,d’évoquerlessérieusesperturba- tions que l’halitose engendre dans leur vie quotidienneetdetenterdetrouverauprèsde cellesetceuxquiensouffrentdesremèdesen tous genres. La fréquence est telle qu’environ 25 % de la population est tou- chée dont 6 % en p e r m a n e n c e (soit de l’ordre de 4 millions de personnes en France). L’halitose atteint aussi bien les hommes que les femmes et sa fréquence progresse avec l’âge. L’importancedelapopulationtouchéeex- plique que les ventes de produits destinés à combattre l’halitose représentent plusieurs milliards d’euros par an dans le monde, avec uneproportionnonnégligeabled’automédi- cation. 1.Etiologie Dans 85 à 90 % des cas, l’halitose est d’ori- ginebuccale.Ellerésultedeladégradationde débrisalimentairespardesbactériesanaéro- bies présentes dans les biofilms oraux, en particulier sur la face dorsale de la langue. Les origines extra-buccales peuvent être des pathologies respiratoires comme les si- nusites, des maladies systémiques (diabète de type 2, insuffisances hépatique et rénale), des tumeurs de la sphère orale et enfin la ré- sultantedelaprisedecertainsmédicaments. 2.Mécanismes pathogéniques Lesrésidusalimentaires ainsi que des cellules épithéliales desqua- mées contien- nent des élé- ments pro- téiques qui vont servir de nutri- mentsauxbactériesanaérobiesquilesdégra- dentenacidesaminéscommelaméthionine et la cystéine. Ces acides aminés vont pro- duire, après une nouvelle action enzyma- tique, des composés sulfurés volatils (CSV), principalement le sulfure d’hydrogène et le méthyl mercaptan. La mauvaise haleine est alors constituée. 3.Formes cliniques a. L’halitose vraie, susceptible d’affecter les relationssocialesdesindividustouchés,re- présente environ 77 % des cas. Elle sera soit physiologique, en provenance surtout des bactériesdelafacedorsaledelalangue,soit pathologique avec essentiellement une origine buccale (présence d’une maladie parodontale essentiellement) et parfois extra-buccale (6 % des cas). b. La pseudo-halitose, qui représente de l’or- dre de 21% des cas, est une halitose ressen- tie par le patient mais qui ne se traduit pas par de mauvaises odeurs perçues par des tierces personnes. c. L’halitophobie, beaucoup plus rare (2 % descas),estunemauvaisehaleineressentie par le patient, même après diagnostic et traitement,etévidemmentnonperçuepar les tiers. 4.Méthodes diagnostiques Il est possible de distinguer une méthode subjective et des techniques plus objectives mais plus complexes à mettre en œuvre : a. la recherche du score organoleptique est simple et à la portée de tous les praticiens. Ce score, établi sur une échelle de 0 à 5, s’é- value en estimant séparément les odeurs dégagées par l’air expiré par la bouche et parlenez,puislesodeursémiseslorsd’une conversation rapprochée. b. une identification plus précise, soit uni- quement quantitative avec l’Halimeter®, soit qualitative avec la chromatographie en phase gazeuse (Oral Chroma®). L’hali- mètrenepermetpasdedifférencierlesCSV ni de détecter une mauvaise haleine due à des composés non sulfurés, ce qu’autorise par contre la chromatographie en phase gazeuse. Le coût et la complexité d’emploi de ces techniques font que leur utilisation est quasiment limitée aux travaux expéri- mentaux. 5.Prévention et traitement Cesobjectifspourrontêtreatteintsparune réduction de la charge bactérienne en bouche grâce au brossage des dents et de la langue. L’utilisa- tion de moyens complémen- taires d’élimination à la fois des dépôts bactériens et d’éventuels débris alimen- taires dans les espaces interdentaires s’avère tout aussi nécessaire. En- fin, le recours supplé- mentaire à des produits chimiques antibactériens peut aussi s’envi- sager. La réalisation quotidienne d’une hygiène orale performante par le patient, compre- nantenparticulierunbrossagedelafacedor- sale de la langue, est la clé du succès afin de prévenir la survenue d’une halitose, tout comme pour la faire disparaître si une ori- gine buccale a été diagnostiquée. Tous les éléments rétentifs favorisant l’ac- cumulation bactérienne, comme les obtura- tionsouartificesprothétiquesmalajustésau niveau cervical, devront être corrigés. Ladétectiond’unepathologieparodontale implique sa prise en charge et son suivi de façon telle que l’importante charge bacté- rienne qui l’accompagne soit limitée au maximum. Le traitement parodontal peut être com- plété avantageusement par la prescription de produits chimiques adjuvants ayant des propriétés antiseptiques comme la chlor- hexidine, le chlorure de zinc, les associations de fluorures de zinc et d’étain ou d’huiles es- sentielles, ou les combinaisons de plusieurs de ces différentes molécules. Le rôle du praticien sera tout aussi fonda- mental en cas d’origine extra-buccale afin d’orienterlepatientverslesspécialistesdela pathologie suspectée. Conclusion Connaître les mécanismes à l’origine de l’halitose et savoir en diagnostiquer les fac- teursétiologiquespourensuitepouvoirpro- poser aux patients des solutions adaptées et efficaces devrait faire partie intégrante de la pratiqueprofessionnelledesodontologistes. CONFERENCE EN DIRECT Halitose : d’où vient-elle et comment s’en débarrasser Responsable scientifique : Henri Tenenbaum Conférenciers : C. Bisson-Boutelliez, Y. Reingewirtz, J.-M. Dersot – Jeudi 24 novembre 12h30-15h – Objectifs : Mieuxconnaîtrelescausespotentielles, lesmoyensdediagnosticetlespossibili- tés de prise en charge – Mots clefs : Mauvaise haleine, traitement et causes PROF HENRI TENENBAUM · Professeur titulaire depuis 1994 · Participe à des conféren- ces internationales en Au- triche,Belgique,Allema- gne,Suisse,Israël,Japon et Corée · Président du département de parodontologie depuis 1995 à la faculté dentaire de Stras- bourg :1,place de l’Hôpital 67000 STRASBOURG Tél.:33 3 90 24 38 68 Fax.:33 3 90 24 39 00 Email :h.tenen@gmail.com • D’où vient la mauvaise haleine ? C. BISSON-BOUTELLIEZ (UFR de Nancy) • Les moyens de diagnostic et de prise en charge. Y. REINGEWIRTZ (Schiltigheim) • Le point sur les produits disponibles. Sont-ils efficaces ? J.-M. DERSOT (Paris) doglikehorse/Shutterstock.com Code séance C73