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Dental Tribune Édition Française

Je m’appelle Yukari Ueki, j’ai 44 ans et j’exerce comme chi- rurgien-dentiste gé- néraliste depuis 17 ans. J’ai étudié la den- tisterie esthétique à l’université d’UCLA danslesannées2003- 2005. A mon retour, j’ai commencé à travailler trois jours à Tokyo et trois jours à Osaka, où j’ai repris le cabinet dentaire de mon père décédé trois ans plus tôt. Ma patientèle est très différente selon mon lieu d’exercice. A Tokyo, mes patients sont essentiellement des expatriés, alors qu’à Osaka ce ne sont que des japonais, pour la plupart assez âgés. C’estintéressantpourmoidetravaillerdans des environnements si différents même si parfois c’est un peu contraignant . J’habite dans un appartement à Tokyo du samedi soiraumercrediavecmamère,puisjem’en- vole le mercredi matin pour Osaka où je tra- vaille jusqu’au samedi matin. Aussi quand le tremblement de terre a eu lieu, j’étais à Osaka, sans même m’imaginer un seul ins- tantqu’undrames’étaitproduit.A16h30un SMS me demande si je suis OK. Je n’ai pas comprislesensdecemessage,aussij’aitout de suite appelé mon ami. Mais toutes les communications téléphoniques étaient coupées, tous les moyens de transport blo- qués. J’ai commencé à m’inquiéter, et ai pensé que quelque chose de grave venait de se pro- duire… Tokyo venait de vivre le vendredi le plus étrange de son existence. Quand je suis rentrée à Tokyo au lende- main du séisme, Tokyo était si sombre et si calme, comme une ville morte. J’étais terri- fiée ! Symbole de Tokyo, la « Tokyo Tower » était éteinte. Imaginez la force du tremble- ment de terre : la pointe de la tour était com- plètement pliée... Les gens ont dit que tous les gratte-ciel tremblaient comme des arbres. Mes amis pensaient que « c’était la fin du monde ! » et pourtantnoussommeshabituésàvivreavec des séismes mais pas comme celui-là… il a duré une éternité. J’ai vécu des répliques quelques jours plus tard où chaque habitant retenait son souffle… certains ont vécu « the big one ! ». J’ai mal pour eux, imaginez les gens à Tohoku. Eux, ils ont connu en plus le tsunami,ilsontvulesmaisonsetlesimmeu- blesdériver…Jenepeuxpascroirequecesoit arrivé au Japon. La semaine d’après je suis retournée tra- vailler dans mon cabinet à Tokyo. 95% des rendez-vous ont été annulés. Mes patients étrangers étaient tous rentrés chez eux par les premiers avions du week-end. Tokyo était devenue une ville sans expa- triés. Même Roppongi, l’endroit populaire pour les étrangers, s’était soudainement vidé. C’est difficile à dire mais j’ai ressenti comme un sentiment d’abandon. Pendant les deux mois qui ont suivi le séisme,monactivitéprofessionnelleàétéré- duite à néant, à part quelques patients japo- nais. Ce n’est pas seulement le tremblement de terre, mais aussi la catastrophe de la cen- trale nucléaire, qui a fait de cet incident une réelle tragédie. Les habitants ne savaient plus quoi faire ! Chaque jour nous recevions des coups de téléphone, des mails d’amis de la famille qui souhaitaientquenousquittionsleJapon.Les ambassadesoffraientdesbilletsd’avionsans retour à leurs ressortissants. Tous ces gens qui vivaient ici depuis des années avec leur maison,leurfamille…toutétaitsiconfus,que faire, rester ou partir… Un de mes patients, diplomate, a déclaré : « Je dois rester pour notre peuple », et j’ex- pliquequ’ilyaplusderisquesd’irradiationà prendre l’avion qu’à rester au Japon. Mais les gens sont effrayés. Pendant cette crise, les temps ont été très durs en tant que japonais, c’étaittellementtristedevoirmesamisquit- terleJaponsirapidement.Parcequejesuisja- ponaise, je vis ici, je n’ai nulle part où aller et je ne voulais pas quitter mon propre pays. Mes amis dentistes à Tohoku travaillent avecunéquipementtrèslimitépouraiderles patients. Il y a beaucoup de personnes âgées qui ont perduleurprothèseetontbesoind’aide.Mon activité d’esthétique semble bien loin des aspirations des personnes qui doivent se re- construire, mordre, être capables de man- ger... enfin, des soins plus basiques. Je me souviens que mon père avait cou- tume de dire qu’il est toujours important d’apprendre la prothèse, même maintenant dans un monde où l’implant domine le monde (sourire). « Qu’est-ce que cette crise a changé dans nos vies ? » C’est une question très difficile. Peut-être que les gens commencent à réalisercequiestvraimentimportantpour eux. La vie est trop courte, elle peut être sans lendemain. Aujourd’hui, trois mois après, les gens sont de retour, les choses semblent se calmer, cela fait du bien, mais cette expérience restera à jamais gravée dans nos mémoires, surtout à Tohoku où des gens vivent encore une situation très difficile, mais ils avancent... nous sommes des japonais en mouvance, forts et déter- minés à ne jamais abandonner. Je suis fière d’être japonaise. 3Dental Tribune Édition Française | Septembre 2011 PLANÈTE DENTAIRE Lesexportationssont-ellesànouveaucelles d’avant le tsunami ? L’activité industrielle, touchée par les ef- fets du grand séisme de l’Est du Japon, re- prendgraduellement.Leschaînesd’approvi- sionnement de nombreux secteurs (auto- mobile, électronique, aviation, industrie des matériaux, etc), qui en subissaient les consé- quences,devraientêtrerétabliesplusrapide- ment que prévu initialement. Avez-vous eu connaissance dans le secteur médical d’élans de solidarité par la mise en place d’unités médicales pour aider les po- pulations ? Si oui, quelles sont-elles ? Jusqu’àprésent,lesunitésdesecours,équi- pesdesoutienmédical,groupesd’aideàlare- constructionde28paysainsiquelesONG,ré- gions et organisations sont intervenus au Ja- pon.Israël,laJordanie,laThaïlandeetlesPhi- lippines ont ainsi dépêché dans les zones si- nistrées des équipes qui sont toujours en ac- tivité. Dans un autre ordre d’idée, avez-vous des renseignements qui pourraient intéresser le lecteur sur le monde dentaire au Japon ? Suite au grand séisme de l’Est du Japon, l’é- conomie du Japon et les produits japonais ont vu leur image se détériorer. A l’inverse, l’intérêt à l’étranger pour la pop culture et l’industrie du design, désignées sous le nom génériquedeCoolJapan,n’apasdiminué.Au Japon même, l’électroménager au design re- cherché est devenu très populaire. Ainsi, les « Pockets Doltz© », des mini-brosses à dent électriques,connaissentungrandsuccès,no- tamment auprès des jeunes femmes. Avec leur extérieur simple et coloré dont la forme emprunte au tube de mascara, ces brosses à dents électriques, qui peuvent s’emporter partout avec soi, retiennent l’attention du publicpourleurpotentielàpréserverlasanté bucco-dentaire des Japonais. “Nous remercions sincèrement tous ceux qui nous ont apporté leur aide. ” Aider les gens est une tradition chez Mo- rita. Cette entreprise familiale est égale- ment mise à contribution dans les situa- tions de crise et dans les catastrophes natu- relles telles que le séisme et le tsunami de mars dernier. L’entreprise met sa propre équipe de secours à disposition afin d’aider les chirurgiens-dentistes et les techniciens delaboratoire,enparticulierdanslecasd’é- vénements extrêmes. Trois jours seulement après ce séisme dé- vastateuretletsunamiquiasuivi,lestechni- ciens de la maison Morita ont effectué d’im- portants travaux de déblaiement dans la zonedecrise.Ilsont,entreautres,réparédes unités de soins et des appareils techniques. Ils ont également apporté de la nourriture, des boissons et des fournitures pour la pra- tique quotidienne aux chirurgiens-dentis- tesetauxtechniciensdelaboratoirerencon- tréssurplace.Acejour,uneéquipede15per- sonnessetientprêteencasd’urgence. Morita a également coopéré avec le conseil de l’ordre des chirurgiens-dentistes du Japon, avec les services d’incendie et les équipes techniques présentes sur place de manière à pouvoir prodiguer les soins den- taires nécessaires à la population, en parti- culier dans les secteurs concernés par ces phénomènes naturels. L’entreprise s’est oc- cupée du bon fonctionnement des secours mobilesgrâceàsesmoyenshumainsetma- tériels. La direction de Morita à Tokyo, qui était joignable jour et nuit afin d’organiser et coordonner l’intervention, a également contribué de manière significative au suc- cès de cette mission de secours. Alafinmai,pasmoinsde1.300cabinetset laboratoires ont pu surmonter les suites de lacatastrophegrâceàl’actionrapideetcou- rageusedel’équipedesecoursdeMorita.En outre, en dehors des moyens humains et techniques,unesommed’environ20000€ a pu être collectée en peu de temps grâce auxdonsdescollaborateursafind’aideràla reconstruction. De plus, grâce à une écoute attentive,l’équipecommercialedeMoritaa puprocurerunsoutienmoralnonnégligea- ble aux personnes touchées par la cata- strophe. Moritaapporteuneaideenmoyenshumains etmatérielsdemanièreàdélivrerdessoins dentairesdanslazoneduséismeetdutsunami GC CorporationTokyo Head Office Témoignage